Algérie

Situation complexe en Egypte



Ce qui est sûr depuis une année, c’est que les Egyptiens affichent une très grande distance à l’égard du discours du pouvoir. Autant dire que la confiance est ce qui manque le plus depuis qu’ils se sont rendu compte qu’ils ont été dépossédés de leur lutte, et que leur révolte avait cessé, quand l’armée a pris les choses en mains et ses fameux communiqués en sont la preuve. Et lorsque, ensuite, elle a pris les rênes du pouvoir juste après la chute de l’ancien président. Moubarak parti, restait alors le système qu’il incarnait. C’est cette institution qui organise et conduit le changement d’hommes jusque-là, et il faut bien en convenir, malgré l’émergence d’une nouvelle majorité parlementaire. C’est dans ce contexte de refus qu’il faut encore et toujours situer le face à face qui se déroule de plus en plus dans la violence. En effet, des affrontements ont eu lieu, hier, au Caire, entre manifestants réclamant la fin du pouvoir militaire et policier, après une journée et une nuit d’accrochages, qui ont fait deux morts et des  centaines de blessés dans le pays. Le ministère de l’Intérieur a fait état de 1482 blessés dans les violences depuis jeudi, ce qui est excessif, mais aussi indicatif de la violence du face à face. Dans le même temps, des centaines de personnes étaient rassemblées, pour la prière hebdomadaire sur l’emblématique place Tahrir, à proximité du ministère de l’Intérieur, symbole de la répression dans le centre du Caire, arborant des drapeaux et scandant des slogans hostiles  au régime militaire qui gère le pays depuis la chute du régime Moubarak, il y a près d’un an. Des centaines de personnes, sortant de plusieurs mosquées à travers la capitale, marchaient, pour leur part, en direction du Parlement. Pas la moindre information sur l’éventuelle appartenance politique des manifestants, et très certainement, il ne s’agirait pas de militants de partis représentés au Parlement, car cela serait grave.  Voilà donc pour un des volets de la situation en Egypte, mais en fin de compte, tous se rejoignent sur le caractère de plus en plus violent de la contestation, mais aussi sur un besoin de vérité sur ce qui s’est passé dans la ville de Port Saïd, dont le stade a été, mercredi, le théâtre de la plus grave catastrophe, avec des affrontements qui ont fait près de quatre-vingts tués et des milliers de blessés. Autant dire que la version officielle, celle d’affrontements entre supporters rivaux, a du mal à passer, au pays des baltaguias, ces fameuses bandes à la solde du pouvoir, venues casser du manifestant place Tahrir en janvier 2011. Ce qui explique la poursuite des affrontements à Suez, alors que des organisations prodémocratie avaient appelé les manifestants à se rassembler en masse pour réclamer la démission immédiate du Conseil suprême des forces armées (CSFA), tenu pour responsable des violences survenues au stade de Port-Saïd (nord). Le drame de Port-Saïd «a eu lieu alors que les services de sécurité sont   restés debout sans rien faire», écrit Ibrahim Mansour, un éditorialiste du journal indépendant Al-Tahrir, estimant que le CSFA «a fait la preuve de son échec». Personne ne semble remettre en cause le processus tel qu’il a été mené jusque-là avec ses élections législatives, sauf que le désir de voir l’armée s’éloigner de la sphère du pouvoir politique est de plus en plus fort. Il est vrai, en ce sens, que les affrontements ont repris après que l’armée ait été au moins suspectée de vouloir conserver un privilège constitutionnel qui ferait d’elle le garant de la Constitution, qui devrait être élaborée d’ici l’été prochain. L’armée a démenti bien entendu, sans pour autant rassurer personnalités et organisations de défense des droits de l’homme convaincus que les militaires chercheront à garder certains pouvoirs. Quand le doute disparaîtra, tout deviendra relatif. Les Egyptiens en sont convaincus. 
 


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