La dernière apparition du chef de l'Etat recevant le chef de l'état-major de l'ANP, mardi dernier et retransmise par la télévision, n'aura pas duré plus de trente secondes. Images sans parole d'un président de la République affaibli par la maladie, dont la convalescence, d'après ce que les séquences diffusées laissent supposer, n'est pas sur le point de s'achever. Selon les quelques lignes du laconique communiqué officiel, la discussion entre les deux hommes aurait porté sur la situation qui prévaut en Algérie et aux frontières. On n'en saura pas plus. Pas même si les deux hommes ont évoqué le taux d'inflation record enregistré en 2012, un pic historique, dit la Banque d'Algérie. Inflation loin d'être contenue en 2013, puisque depuis le Ramadhan, les produits alimentaires et les viandes blanches sont toujours inaccessibles à la majorité des citoyens. Une source d'inquiétude, vu que rien n'indique qu'elle ne touchera pas d'autres secteurs de la consommation des ménages. Quant à la situation aux frontières, on a du mal à croire que les tensions sont telles qu'il y a vraiment de quoi s'inquiéter.Habitués qu'ils sont au langage codé et aux messages chiffrés au décryptage pas toujours aisé, les Algériens en sont réduits à interpréter de façon tout à fait personnelle cette mauvaise opération de communication orchestrée par un pouvoir qui ne semble pas près de se débarrasser de son autoritarisme. Elle confirme quelque part que le clan présidentiel, dont on devine qu'il en est le concepteur, a été pris de court par l'évolution des choses et surtout l'embarras dans lequel il se trouve aujourd'hui. Au point de faire preuve, encore une fois, de mépris à l'égard des Algériens, une «manie constatée depuis des décennies», devenue une forme de gouvernance au service exclusif d'un groupe de personnes, voire d'une parentèle comme on le vit actuellement et de leurs intérêts étroitement personnels.
Une situation rendue encore plus facile après la destruction en règle de tout contre-pouvoir et l'annihilation de la moindre opposition aux desseins du clan, en instrumentalisant, à deux reprises au moins depuis 1999, la justice afin de régler la question de la succession au FLN conformément aux intérêts du cercle présidentiel, ou encore en ne reculant pas devant le risque de discréditer davantage l'administration en l'impliquant dans des «coups tordus» visant à adouber des «mokhaznis» et autres danseuses du ventre pour tenter de justifier l'injustifiable à tout prix.
Faut-il alors s'étonner que des sentiments de désappointement pour ne pas dire de dégoût face à de telles pratiques s'expriment, non seulement parmi les satrapes et autres serviteurs zélés du régime, mais aussi jusque chez cet ancien chef de gouvernement, surpris que l'on puisse aller aussi loin dans la machination et la manipulation en foulant aux pieds les lois du pays et réduire ainsi à néant le peu de crédit qu'il restait de ses institutions. Et tout cela sur fond de mise au pas de la société. Face à un tel spectacle lamentable, certains s'accordent à reconnaître qu'on ne peut aller plus bas dans la déchéance ; d'autres, sans doute moins impatients, ne manqueront pas, tout en partageant ce point de vue, de rétorquer : oui mais, jusqu'à quand '
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Posté Le : 05/09/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Reda Bekkat
Source : www.elwatan.com