Algérie

Sinistrose


Sinistrose
Un climat délétère et de sinistrose s'est installé en Algérie depuis la dernière réunion de l'Opep dont les décisions iniques de certains de ses membres ont fait chuter le cours du brut dans un contexte de surabondance de l'offre induite par l'arrivée massive du pétrole de schiste. Conséquence: les cours plongent et l'Algérie refait ses calculs alors même que la loi de finances 2015 n'est pas encore signée. En fait, le gouvernement, s'il n'a pas prêté dans les premiers instants de cette décision une oreille attentive au bruissement des salles de marchés, où le prix du pétrole baissait dangereusement jusqu'à atteindre jeudi moins de 60 dollars/baril sur le marché new-yorkais, est en train de prendre progressivement la pleine mesure de la menace. Les avertissements de Laksaci, le puissant gouverneur de la Banque d'Algérie sur les effets directs de la baisse des cours sur les finances du pays, la hausse dangereuse du poste des importations, notamment 4 milliards de dollars entre les céréales et les médicaments au 1er semestre dernier, et la baisse tendancielle des exportations de brut en volume semblent maintenant plus audibles pour le gouvernement. La sortie en fin de semaine du ministre de l'Industrie qui affirme que les investissements ne seront pas touchés en dépit de la baisse des revenus de l'Algérie, mais qui ouvre le chantier de l'amélioration de la production nationale pour contrer la hausse des importations est un indice qu'en haut lieu, la menace commence à être sérieusement ressentie. Certes, les assurances du gouvernement, qui va présenter la signature de la loi de finances 2015 au président, sur les moyens d'amortir cette dépression financière qui s'annonce sur les recettes algériennes d'hydrocarbures, sont là et tentent de rassurer l'opinion publique que les engagements pris seront respectés. En particulier pour l'application de l'abrogation de l'article 87-bis qui implique un supplément budgétaire important pour la masse salariale, alors même que les recettes pour 2015 sont déjà en pente douce. Prévues à quelque 60 milliards de dollars, les recettes d'hydrocarbures pour 2015 devraient être impactées par le cours du brut, mais pas tellement pour cette année puisque les contrats à long terme courent jusqu'à la fin 2015 et début 2016. L'inconnue est donc pour l'après-2016 où l'Algérie aura besoin de plus de flexibilité dans la dépense de ses recettes d'hydrocarbures qui seraient en tout cas, si la même tendance à la baisse des cours persiste, de moins de 50 milliards de dollars dès 2017. D'où donc cette peur qui s'installe doucement au sein des experts et des spécialistes qui estiment que l'Etat devra réagir vite, très vite, pour éviter un naufrage plus dur que celui des années 1990. Car entre-temps, la population algérienne a augmenté, ses besoins en équipements, infrastructures de santé, éducation, routes, logements et transport également, ainsi que pour sa nourriture, importée à près de 20%, soit une facture annuelle de plus de 5 milliards de dollars incompressible (céréales, sucre, intrants alimentaires,...). Au-delà de 2017, le Fonds de régulation des recettes (FRR) ne pourra, selon des experts, supporter le poids de la dépense pour les besoins autant de développement que de la demande sociale. Les solutions pour éviter ces menaces, particulièrement celle d'une baisse inquiétante des recettes d'hydrocarbures alors que l'économie nationale n'a rien à exporter, existent. Le problème est que le temps n'est pas de notre côté, et que l'économie nationale n'a jamais vraiment appris, en dépit des discours de circonstance, à exporter autre chose que de l'huile fossile. D'autant que les chocs pétroliers atteignent d'abord les producteurs de ces huiles fossiles. Les leçons du passé ne semblent pas avoir été apprises.


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