Algérie

Simples faire-valoir...



Faut-il encore revenir sur le programme Ramadhan (période privilégiée où la production télévisuelle est la plus visible) présenté cette année au public algérien par la Télévision nationale, à travers ses trois principales chaînes. Franchement, il n'y a rien à dire sinon qu'il a été d'une nullité déconcertante sur toute la ligne, en dépit des moyens financiers et humains conséquents mis en 'uvre pour rendre un tant soit peu agréables les soirées du mois de jeûne pendant lesquelles la convivialité familiale atteint son plus haut niveau. L'Unique a complètement raté son pari, c'est la conclusion de notre confrère Liberté qui a consacré, la semaine dernière, un mini dossier sur le contenu de la grille. C'est aussi le sentiment unanimement ressenti par la majorité des téléspectateurs qui s'attendait à nettement mieux et qui à raison ont pensé tout simplement que c'est la montagne qui a accouché d'une souris. Au-delà du torrent de publicité qui s'est déversé sur le petit écran durant tout le mois ; servant plus les caisses du service commercial de l'Unique que les exigences du public, le programme en question aura été d'une « pauvreté » sidérante sur le double plan de la quantité et de la qualité, celle-ci étant directement liée à la médiocrité des productions. Bien sûr qu'il serait trop facile de noircir d'un trait tout le tableau, mais en vérité, mis à part quelques réalisations comme Djemaï Family ou les feuilletons Darna lakdima et Djourouh el layet qui, sans être des chefs-d''uvre dans leur genre, ont fort heureusement sauvé la mise, le reste, tout le reste est à des degrés divers sujet à critique. Pour les téléspectateurs qui ont investi leurs soirées sur la grille Ramadhan, préférant donc rester chez soi en espérant se divertir vraiment après une longue journée de jeûne, la déception vient du fait que cette année la tendance générale a visiblement été au... bâclage ! « La télé avec laquelle on se réconcilie pendant ce mois n'a pas fait l'effort nécessaire pour répondre à l'attente du public », a-t-on laissé entendre. Elle est tombée en fait dans une navrante facilité en pensant peut-être que les Algériens avec un estomac serré pendant la journée étaient prêts à ingurgiter n'importe quoi la soirée. Quelle erreur ! Ces derniers s'étaient préparés pour se détendre, se distraire, pour rire et oublier dans l'allégresse les pesanteurs du quotidien. Ils ont lâché malgré eux de simples rictus qui en disent long sur leurs frustrations, avec cette sensation d'avoir été quelque part méprisé. « Je ne le cache pas, j'ai eu cette impression d'avoir été le dindon de la farce, nous dit ce jeune étudiant qui, en se fidélisant volontairement au petit écran national, espérait sincèrement un programme d'une teneur plus crédible. J'ai surtout eu, ajoute-t-il, la conviction que le téléspectateur a servi d'un simple faire-valoir pour booster au max les recettes publicitaires tout en se posant en même temps la question de savoir à quoi finalement est destiné tout cet argent si le résultats des émissions demeure au bas des pâquerettes. Exemple : Combien coûte une émission comme « Khatem Souleimane » qui voyage beaucoup avec tous les frais que cela suppose mais qui au retour brille plutôt par sa platitude et sa redondance. Ce n'est pas cependant le prototype de la médiocrité qui frappe la grille, il y a pire... A croire que c'est devenu un critère fondamental de voir défiler des émissions dont le seul rôle est de remplir une case. La médiocrité est certes un sujet récurrent pour désigner le produit télévisuel offert par l'Unique par le biais de ses différents canaux. En se livrant dernièrement à la presse suite à la censure qui a frappé son 'uvre, Lamine Merbah, réalisateur connu pour ses compétences en la matière et pour son honnêteté intellectuelle, a levé un peu plus le voile sur le pourquoi de cette production indigeste qui hélas est devenue par la force des choses la marque de fabrique de notre télé. Pour le réalisateur, c'est en s'ouvrant à toute une catégorie d'opportunistes attirés plus par l'appât du gain que par l'ambition culturelle que l'Unique s'est fourvoyée dans un état de déliquescence dont on n'est pas près de se relever. N'ayant ni les qualités professionnelles ni parfois les valeurs déontologiques, les nouveaux venus se sont engouffrés dans la brèche s'autoproclamant du jour au lendemain réalisateurs, producteurs, cinéastes... grâce aux facilités qui leur ont été accordées par un HHC qui ne se rendait pas compte du mal qu'il faisait à moyen terme à la Télévision nationale. Aujourd'hui, les dégâts sont énormes. Les vrais professionnels sont marginalisés, découragés et cela pour des raisons strictement mercantiles. Il ne faut donc pas s'étonner de voir la production dans presque sa totalité atteinte d'une faiblesse technique et artistique qui ne nous fait pas honneur à l'extérieur de nos frontières.


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