Algérie

Silences et jeux politiques



Silences et jeux politiques
Sur les dossiers extrêmement brûlants de l'actualité, les plus hautes autorités se taisent ou communiquent au compte-gouttes : est-on dans la vacance du pouvoir, ainsi que le pense l'opposition, ou dans un «savant» jeu politique ' L'Algérie subit de plein fouet l'accélération de la chute des prix du baril sur les marchés internationaux, qui raréfie dramatiquement ses rentrées en devises.Les experts prédisent a très court terme un baril à 40 dollars, un niveau qui finirait par poser au pays, selon eux, des problèmes de «sécurité nationale» : ne pouvant plus honorer ses engagements financiers internationaux et incapable d'assurer les approvisionnements nécessaires à son économie, l'Algérie serait contrainte de recourir à l'endettement extérieur tout en faisant face à une fronde sociale à l'issue incertaine. Les quelques réformes initiées jusque-là (compression des importations, amnistie fiscale) pèchent par leur timidité et leur insuffisance face à l'ampleur de la crise, qui n'a pas été comprise comme systémique et structurelle. Récemment, le ministre des Finances, M. Benkhalfa, a estimé qu'il n'était «pas question d'aller vers des solutions de rupture».Sur le dossier brûlant de la reforme de l'école, la ministre de l'Education nationale a été laissée seule dans l'arène pour affronter tout ce que compte le pays en conservateurs et rétrogrades.Ces derniers ont brandi le danger de «l'atteinte à la langue arabe» par le parler algérien dont une recommandation d'une conférence des cadres de l'éducation avait préconisé son introduction dès le plus jeune âge de l'enfant pour qu'il soit en mesure d'assimiler les formes complexes de la langue arabe.Cette piste de travail (dont le gouvernement est appelé à se saisir ou à la rejeter) a été saluée par les spécialistes de l'éducation. Le plus grave est que des partis politiques «dominants», appartenant à la sphère présidentielle, tels le FLN et le RND, ont joint leurs voix à celles de la meute assassine pour demander la tête de la ministre de l'Education.Lâchée par les plus hautes autorités par leur silence, celle-ci risque même de connaître le sort de Amara Benyounès, sacrifié selon toute vraisemblance pour avoir tenté de mettre de l'ordre dans le commerce des boissons alcoolisées et les pratiques illicites de l'importation des biens et services.Au demeurant, les islamistes radicaux s'affichent ouvertement, défiant la société et les autorités. Les anciens de l'AIS, conduits par Madani Mezrag, ont pu tenir, près de Mostaganem, une sorte d'«université d'été», en réalité un rassemblement politique visant à unifier leurs rangs dans la perspective d'une future «intégration» dans le jeu politique national. Le pouvoir leur avait promis cela dans le sillage de la loi sur la réconciliation nationale et Madani Mezrag a été reçu à la présidence de la République par Ouyahia dans le cadre des consultations sur la révision constitutionnelle.Autre dossier brûlant, la «restructuration» de l'armée. Certes, il est dans les prérogatives du chef de l'Etat de procéder aux changements qu'il juge utiles, mais ceux-ci intéressent au plus haut point les Algériens parce qu'ils vivent dans un contexte particulier : le terrorisme menace partout aux frontières et frappe régulièrement à l'intérieur du territoire de manière sanglante. Les citoyens ? et les militaires ? doivent être rassurés sur l'ANP, qu'elle se porte bien, son moral est bon et qu'elle n'est pas au centre de luttes pour le pouvoir ou bien otage des règlements de compte qui secouent épisodiquement le plus haut sommet de l'Etat.Les citoyens ont été traumatisés par les attaques frontales du premier responsable du FLN, Amar Saadani, contre une institution militaire, le DRS, que le commun des mortels pensait être en dehors de toute bataille politique. Le traumatisme a été d'autant plus profond que Saadani semblait «téléguidé» par la présidence de la République.




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