Algérie

Silences et cris



Le recours à la violence sociale est-elle l?alternative laissée aux oubliés du développement ? C?est de cette manière qu?ont pu être décryptés les incidents qui ont émaillé pendant plusieurs jours la vie de la bourgade de Ras El Oued, dans la wilaya de Bordj Bou Arréridj. Ce sont des événements devenus récurrents, car ils sont comparables à d?autres survenus dans nombre de communes algériennes et souvent pour le même motif. Ce sont la précarité sociale, un chômage chronique, un cadre de vie oppressant sans perspectives d?évasion, qui jettent des populations presque toujours jeunes à manifester leur colère dans la rue. Et c?est au bout du compte une colère qui ne génère pas de réelles mises à jour, car après l?apaisement les problèmes restent entiers et cela pousse d?innombrables jeunes à quitter leur bourgade pour s?établir dans des grandes villes où ils ne seront jamais intégrés pour se lancer en fin de parcours dans l?aventure de l?exode clandestin. Il n?est même pas nécessaire aujourd?hui de focaliser sur un exemple ou un autre, pas même le plus récent, pour relever que le désespoir reste seul en partage. Il faut tout de même se poser la question de savoir pourquoi des jeunes et même des adultes basculent dans la violence, car il serait trop rapide de ne voir en eux que des émeutiers, des casseurs ou des révoltés qui ne jurent que par la destruction. Car que détruiraient-ils d?autre que des édifices publics appartenant à toute la collectivité ? Il y a en réalité une plus grande complexité sociologique et psychologique dans ces violences qui expriment foncièrement une révolte contre un abandon de leur destin social vite assimilé à une injustice. Ce sentiment aurait été relativisé si cette colère sociale avait été prévenue par l?ensemble des institutions dont c?est la mission de désamorcer les crises récurrentes ou sporadiques. Médiations institutionnelles et plus directement encore politiques qui paraissent faire défaut au sein de petites bourgades de l?intérieur du pays. Si ces entités réputées qualifiées ne font pas leur travail de proximité, il n?y aura plus que la solution du désespoir pour des populations qui ne voient rien venir et se persuadent, faute de chantiers lancés, faute d?emplois créés, que la répartition équitable ne passe pas par chez eux. Le grand enseignement que peuvent livrer ces explosions sociales, c?est la nécessité de mettre en symétrie le développement des grands centres urbains et des villes, petites ou moyennes, de l?intérieur car le partage inégal ne peut engendrer que la disparité des moyens et des chances de s?en sortir. Lorsque le ton est à la colère, il témoigne d?une peur d?un avenir fait de jours et de lendemains qui ne chantent pas pour tout le monde.


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