Algérie

Silence, on tourne... Premier tour de manivelle pour le film Krim Belkacem



Le premier tour de manivelle du film Krim Belkacem, a été donné dimanche dans la partie boisée du parc d'attraction de Ben Aknoun. «Silence on tourne», une dizaine d'acteurs vêtus de treillis militaires beiges, (des Moudjahidine), et munis d'armes légères accèdent à la demeure, reconstituée, des frères Bahnous. La scène reproduit l'arrivée des congressistes dans la demeure où s'est déroulé le Congrès de la Soummam, un évènement historique et charnière dans la Guerre de libération nationale. Les «séquelles» de ce congrès, tenu le 20 août 1956, seront décisives pour l'organisation des rangs de l'ALN/FLN durant la Guerre et pour l'Algérie indépendante, mais aussi et surtout pour les hommes qui l'ont tenu. «Ce film retrace les principales étapes de la vie de Krim Belkacem», explique Ahmed Rachedi, le réalisateur, qui compte 23 films long métrages, dont celui sur Mostefa Ben Boulaïd (en 2009), une autre figure emblématique de la Révolution algérienne. Selon le synopsis du film, l'histoire du «Lion des djebels», Krim Belkacem, sera retracée en étroite juxtaposition avec son parcours de nationaliste indépendantiste, soit de son adhésion au PPA (Parti du peuple algérien), après les évènements du 8 mai 1945, à la signature des Accords d'Evian consacrant le cessez-le-feu, le 19 mars 1962, qui a débouché sur l'indépendance de l'Algérie. Présent sur les lieux du tournage, Mohamed Cherif Abbas, premier responsable du ministère des Moudjahidine, l'institution détentrice du droit de vie ou de mort sur les projets cinématographiques (ou autres) portant sur des thèmes historiques, et productrice du film, a souhaité plein succès à ce projet. Le ministre de Moudjahidine, qui a mis en exergue l'importance de ces 'uvres historiques, explique le retard dans leurs réalisations par les impératifs sociaux au lendemain de l'Indépendance ainsi que l'absence d'initiatives. Des raisons qui, aux dires du ministre, ont décidé les instances officielles à «entamer la réalisation de ces films. Et nous tenons à ce qu'ils racontent la vérité des faits historiques des militants et combattants, avec objectivité». Donc «objectivité» et «vérité» seraient les sésames pour la bénédiction du ministère. Sauf que ces notions «relatives» ont bloqué la réalisation du film pendant plus de 3 ans, pour des réserves émises sur le titre d'abord, initialement intitulé Dhargaz (l'homme fort en tamazight), et ensuite sur l'importance excessives accordée à Abane Ramdane, l'initiateur du Congrès de la Soummam dans le scenario co-écrit par le journaliste et scénariste Boukhalfa Amazit et le commandant Azzedine (de son vrai nom Rabah Zerrari), chef de la Zone autonome historique et auteur à succès. On remarquera que les réserves émises ne sont pas d'ordre chronologique ou historique, mais sont purement dues à des sensibilités et susceptibilités partisanes face à des personnages glorieux, dont les vies et les morts sont controversées et sujettes à polémiques.
Cette fiction, qui n'est en aucun cas un documentaire historique, révèlera à quel point il est permis de sortir des arcanes de l'histoire officielle sublimée. A sa sortie, il sera permis de juger de la liberté «accordée» par les détenteurs du sceau de l'Histoire de la guerre d'Algérie, de l'art de flirter avec la vérité démythifiée, dépolitisée et désensibilisée sur des hommes et des femmes qui ont fait de l'Algérie un pays indépendant. Krim Belkacem, Abane Ramdane, Moustefa Ben Boulaïd, Larbi Ben M'hidi, Abdelhafid Boussouf et d'autres encore, sont des héros mais en aucun cas des anges. Ils ont été des grands hommes, avec leurs qualités et leurs défauts. Ils sont des symboles qu'il faut valoriser à juste titre et non des mythes formatés. L'histoire ne connaît pas de révolutionnaires maquisards policés.
Sans aucun apriori, il s'agira d'attendre pour voir ce film, dont le tournage durera 12 semaines et le montage 16, avant de juger de son contenu et de sa fidélité à Krim Belkacem.Gageons toutefois, que le choix de la scène finale du film (d'après le synopsis serait «Il (Krim) déclarera à la sortie des négociations d'Evian: mission accomplie», (soit 8 ans avant son assassinat en Allemagne) soit dictée uniquement par des soucis artistiques et professionnels et aucunement par des considérations politiques. Dans quel cas, on attendra le Krim Belkacem II. Pour l'heure, silence on tourne '
S. A.


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