Algérie

Silence officiel à tous les niveaux, malgré la poursuite du mouvement populaire.. Cacophonie et impasse au sommet



Le Premier ministre désigné il y a deux semaines, n'a pas jugé utile de s'exprimer, lui qui avait promis de former un gouvernement après une semaine de sa prise de fonction.Alors que le mouvement populaire revendiquant le départ du système en place avec ces symboles, se poursuit et entame son deuxième mois de suite, le pouvoir ne sait toujours pas comment répondre. Sa feuille de route proposée le 11 mars dernier étant rejetée, il ne cesse de se noyer d'avantage, avec un silence pour le moins assourdissant. En effet, vendredi dernier, des millions d'Algériens sont sortis malgré la pluie, réitérer leurs revendications «contre le prolongement du 4e mandat de Bouteflika» et «système dégage !», sans que cela ne suscite ne serait-ce qu'une déclaration d'un gouvernement qui cherche encore des postulants. Noureddine Bedoui a disparu de la scène politique. Le Premier ministre désigné il y a deux semaines, n'a pas jugé utile de s'exprimer, lui qui avait promis de former un gouvernement après une semaine de sa prise de fonction.
Passé le délai, l'ancien ministre de l'Intérieur, qui a hérité d'une situation qu'il ne peut apparemment pas assumer, ne sait plus quoi faire. Son «adjoint», Ramtane Lamamra, également ministre des Affaires étrangères, ne trouve non plus pas mieux que d'aller chercher «la bénédiction» de capitales et puissances étrangères au plan de sortie proposé par Bouteflika. Un plan pourtant rejeté par le peuple. Pendant ce temps, l'Algérie fonctionne officiellement sans gouvernement. La démission du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, le 11 mars, actait de fait la démission de l'ensemble des ministres sous sa responsabilité.
D'où d'ailleurs la promesse de Bedoui de former un gouvernement de technocrates. Hélas, l'on assiste contre toutes attentes, à un redéploiement sur le terrain pour certains ministres, sans qu'aucune communication officielle ne vienne informer l'opinion publique d'un quelconque maintien en poste. En effet, les deux ministres de l'Industrie et des mines, Youcef Yousfi, de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la ville, Abdelouahid Temmar, ont procédé, dimanche à Alger, à l'inauguration de la 22e édition du Salon international du bâtiment, des matériaux de construction et des travaux publics (Batimatec 2019). Ce qui est, du point de vue de l'éthique et de la pratique de fonction d'un ministre membre d'un gouvernement démissionnaire, illégal. Mais ni le pouvoir, ni le Premier ministre ne se soucient du respect de la règle.
Des ministres «illégaux» !
Des rumeurs ont fait état d'une réunion entre Noureddine Bedoui et l'ensemble des ministres auxquels il aurait demandé de «continuer à assumer leurs missions», et à rester en poste jusqu'à la nomination d'un nouvel Exécutif. Mais rien n'est venu affirmer ni démentir l'information. Marque déposée du pouvoir, la défaillance dans la communication institutionnelle le poursuit même en ces temps de doutes dans la vie du pays en crise. Dans la rubrique consacrée à la composition du gouvernement sur le Portail web du Premier ministre, on y trouve seulement les noms et photos de Noureddine Bedoui et Ramtane Lamamra.
Que faisaient alors Yousfi et Temmar sur le terrain ' Depuis la lettre du 18 mars dernier, où le chef de l'Etat a laissé entendre qu'il n'avait pas l'intention de quitter le pouvoir avant la fin de son mandat, aucune voix officielle ne s'est adressée aux citoyens. Silence radio, pendant que le pays tout entier bouillonne. Ignorer les revendications du peuple en ces moments relève, au fait, de l'ingratitude. Il exprime sinon l'état de panique et l'impasse qui s'emparent des centres de décision en haut lieu. Enfin, devant ce vide en termes de communication, c'est Lakhdar Brahimi qui sort pour nier avoir été missionné pour diriger la Conférence inclusive voulue par Bouteflika.
«On ne m'a jamais proposé ce poste (président de la Conférence, Ndlr); pas plus qu'on ne m'a proposé à aucun instant le moindre rôle officiel ou officieux. La situation dans le pays n'est pas celle où une seule partie peut unilatéralement choisir le Président d'une telle Conférence», a écrit hier Brahimi, dans une lettre rendue publique. Pour lui, si et quand cette conférence devait devenir réalité, «ce serait à l'évidence, aux différents groupes qui en feraient partie de s'entendre pour choisir le Président de la Conférence ou, plus probablement le Présidium qui piloterait ses travaux». Mais, c'était un non évènement !


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