F ace à des avocats en colère et qui le disent en faisant grève, les pouvoirs publics se confinent dans un étrange silence. Est-ce que la chancellerie n'a rien à dire sur les doléances des avocats, notamment sur ce qu'ils qualifient d'atteintes aux droits de la défense et les conditions difficiles d'exercice du métier ? Â Le recours à la grève est toujours synonyme d'échec ou d'inexistence de dialogue. Une des fonctions de la grève est de mettre les choses sur la place publique et de pousser au débat sur ce qui n'a pu être résolu dans le cadre d'un fonctionnement «normal». Les avocats étant des acteurs essentiels du fonctionnement de la justice, on se serait attendu à ce que les responsables du secteur interviennent dans ce débat, quitte à polémiquer avec l'ordre des avocats. Or, ce n'est pas le cas, comme si les choses se passaient sur une autre planète. Â Ce silence, que d'aucuns parmi les avocats considèrent comme méprisant, ne fait pas avancer les choses. Il est annonciateur plutôt de la perpétuation de relations conflictuelles entre les avocats et la chancellerie. Car il ne faut pas faire semblant de croire que tout va pour le mieux dans le monde de la justice. Â Un document récent de l'OCDE, centré sur le climat des affaires, considère que le système judiciaire algérien est un des principaux handicaps. La «communauté des affaires a une confiance limitée dans l'impartialité du système judiciaire, par ailleurs considéré comme lent et inefficace». Voilà qui devrait éviter aux responsables du secteur de dormir sur les lauriers de la «réforme». Â Ce que dit l'OCDE pour le climat des affaires, les avocats le disent aussi pour le fonctionnement quotidien de la justice. Il ne sert à rien de les ignorer. On a beau s'entêter à essayer de changer «l'image» du pays, parfois en dépensant inutilement, le réel nous rattrape. La seule manière de changer vraiment d'image, c'est de changer tout simplement, de se mettre au diapason des normes universelles, sans invoquer de fausses spécificités. Dans la justice, comme dans l'éducation ou ailleurs, les changements, l'amélioration du fonctionnement et du rendement passent par une implication et une participation des acteurs sur le terrain. Â La qualité du dialogue social est donc primordiale. Cela ne se fait pas à travers des poursuites judiciaires systématiques contre les syndicalistes, ni en ignorant des avocats qui font une grève nationale. A moins de prendre pour du dialogue la «réplique» du syndicat des magistrats s'indignant que le bâtonnier Silini ait évoqué une justice fonctionnant à coups de directives ministérielles. La lettre du syndicat des magistrats dénie aux avocats le droit de défendre les magistrats et les accuse d'exercer sur eux une «pression psychologique». Â La question de l'indépendance de la justice - celle qui rend réticents, par exemple, les hommes d'affaires... - est-elle réductible à cette réaction de corporatisme ? Peut-on dénier aux avocats, qui sont aux premières loges, et aux citoyens en général de poser la question de l'indépendance de la justice ? Â Â Â Â Â Â Â La réponse est «non», car la justice est trop importante pour n'être qu'une affaire de magistrats ou de ministre.
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Posté Le : 12/06/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : M Saadoune
Source : www.lequotidien-oran.com