Algérie

Silence et mépris du ministère



Le Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP) est, depuis près de quatre semaines consécutives, en grève ouverte à laquelle s'est joint, début janvier, le Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP). Ce mouvement est, selon le docteur Lyes Merabet, président du SNPSP, une réussite. « Le taux de suivi est, en moyenne, de 85% dans l'ensemble des wilayas », avance-t-il. Un ralliement très important, atteignant dans certaines structures les 100% et paralysant par la même le fonctionnement des établissements publics de santé de proximité de par le territoire national. Paralysés, mais pas tout à fait. En effet, en dépit de ce débrayage, le personnel médical assure un service minimum « élargi ». Dans les centres de santé de la capitale par exemple, les salles d'attente vides ne sont pas pour autant synonyme de gel complet des activités. Les malades, « contrairement à ce qui a été assuré par la tutelle », sont pris en charge. « Les urgences médicales et pédiatriques fonctionnent à plein régime. De même, les consultations grippales sont consciencieusement assurées, ainsi que la campagne de vaccination contre la grippe A(H1N1) », assurent les praticiens d'une polyclinique de Hydra. Quant aux consultations et autres rendez-vous, ils sont reportés sine die. La réaction des citoyens refoulés est parfois hostile, voire virulente. « Nous nous faisons agresser verbalement par des patients ou leurs familles. Mais il faudrait qu'ils comprennent que les médecins du public ont tout autant le droit de manger et de vivre décemment », s'attriste un responsable. D'ailleurs, l'une des revendications des syndicats a trait à la situation pécuniaire des praticiens. « Nous demandons la revalorisation des grilles de salaires, la promulgation du statut particulier négocié avec la tutelle début 2008, l'ouverture des négociations sur le dossier du régime indemnitaire et son application avec effet rétroactif à partir de janvier 2008 », explique le Dr Merabet. Mais pas seulement.Les conditions d'exercice des plus précaires dans lesquelles baigne le secteur de la santé ainsi que le manque de considération à leur égard exacerbent leur malaise. « Le personnel médical est considéré comme l'élite d'un pays. Chez nous, en plus de le maintenir dans des conditions socioprofessionnelles dégradantes, les autorités le marginalisent », s'indigne un chef de service. Son confrère poursuit : « Au lieu de travailler de concert avec nous, pour un système de santé plus performant, le ministère de tutelle nous dénigre ouvertement, et affiche l'étendue de son mépris envers nous. » Pourtant, le seul à réellement être pénalisé par ce débrayage est évidemment le peuple. « Ce qui, par ricochet, prouve à quel point l'Etat méprise les Algériens. Ou du moins ceux qui n'ont pas les moyens de s'offrir les services du privé », accuse une praticienne. A voir le mutisme et l'indifférence des autorités face à ce dossier, peu de cas est fait de la bonne santé des citoyens. Car, malgré les désagréments causés par cette grève, les autorités ne daignent toujours pas ouvrir le dialogue avec les syndicats. « Nous ne nous attendons pas à un miracle ou à une invitation du ministre de la Santé afin de discuter des problèmes que rencontre le secteur. Nous savons que ce mouvement ira jusqu'au bras de fer, au pourrissement », affirme un représentant du SNPSP. Un conflit qui, selon toute vraisemblance, risque de perdurer avant de trouver son épilogue. « Nous savons très bien que nos revendications ne seront pas satisfaites du jour au lendemain. La lutte sera longue. Mais que le ministère nous reconnaisse comme interlocuteur sera déjà une grande victoire », résume-t-il.


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