Algérie

Silence du pouvoir et supputations citoyennes



La question que se posent tous les Algériens au lendemain de l'historique journée du 1er mars est celle de savoir quelle réponse le pouvoir va faire aux revendications exprimées par la marée humaine qu'ont rassemblée les marches populaires. Un questionnement qui s'accompagne de supputations que l'on ne peut ni évacuer en les considérant comme improbables, ni susceptibles d'être le bon décryptage de ce qui va advenir après que la « vox populi » s'est exprimée.La certitude est que la balle est dans le camp du pouvoir dont le silence dénote qu'il y aurait probablement discordances sur ce qu'il doit faire comme réponse aux attentes citoyennes. Il sait qu'après le 1er mars il ne peut plus s'en tenir à prétendre que le rejet d'un cinquième mandat n'est le fait que d'une minorité d'Algériens comme l'ont soutenu ses relais partisans au lendemain des marches et rassemblements populaires du 22 février qui il est vrai n'avaient pas eu l'ampleur redoutée par eux. Celles de vendredi ont irrécusablement rebattu les cartes et décillé les yeux des partisans au sein de ce pouvoir du maintien du statu quo politique ayant pour traduction la reconduction de Bouteflika pour un cinquième mandat et de vagues promesses sur des changements et réformes à venir. Ceux qui ont battu tambour dans ce sens après les manifestations du 22 février se font silencieux accréditant ainsi l'hypothèse qu'ils ont pris conscience que le passage en force vers un cinquième mandat pour Bouteflika ne leur est plus du domaine du possible sauf à plonger le pays dans la situation que le pouvoir prétendait vouloir lui éviter par ce projet. Ces acteurs politiques sont muets parce qu'ils ont compris que la protesta populaire ne vise pas que Bouteflika et le dégagisme qu'elle exprime vaut pour eux aussi. Dans ce milieu, il n'est plus question que de « sauver les meubles » et ce n'est pas là un état d'esprit qui favorise la prise des bonnes mesures répondant aux revendications citoyennes. Sauf que plus le pouvoir louvoie et tente d'user d'artifices pour contenir la pression populaire, plus il y a risque que la protestation citoyenne se radicalise.
Le 1er mars il a été rendu irréversible un changement de régime politique. Le pouvoir ne peut plus espérer en proposer un au peuple algérien qui ne consisterait qu'à ravaler au moindre coût pour lui sa façade. La maturité et le pacifisme dont font montre les Algériens ne doivent pas donner à comprendre à ce pouvoir qu'ils accepteront d'être roulés dans la farine par des réponses autres que celles qu'induisent les revendications qu'ils clament depuis qu'ils ont brisé le mur de la peur.


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