Algérie

Silence africain sur l'indépendance du Kosovo



La Russie a tout essayé pour empêcher la proclamation del'indépendance du Kosovo. Elle a échoué face au soutien conjugué des Européenset des Américains qui a permis de la rendre effective. Ulcéré par la tournuredes événements, le président Poutine a déploré ce qu'il a qualifié « deprécédent horrible qui de facto fait voler en éclats tout le système desrelations internationales existantes » et prédit aux pays ayant reconnu l'indépendancedu Kosovo que « la situation ainsi créée, c'est comme un bâton à deuxextrémités, dont l'une va un jour leur revenir en pleine gueule ».Il serait simpliste de réduire la réaction du présidentrusse à sa sensibilité slave et à la déconvenue de ne pas avoir pu imposer lepoint de vue de son pays. Son jugement et sa prédiction sont partagés parbeaucoup d'autres de ses homologues dans le monde. En Europe même, la positionde la Russie aété suivie par des Etats membres de l'Union par crainte de l'effet de « domino» que la proclamation de l'indépendance du Kosovo peut entraîner chez eux où ilexiste des courants séparatistes susceptibles de s'inspirer de l'exemple kosovar.Ce n'est pas par indifférence que les Etats africains setaisent sur ce qui s'est passé au Kosovo. Leur silence est indicatif del'inconfort où les place le fait accompli, soutenu parl'Union européenne et les Etats-Unis. Pour beaucoup de considérations, lesEtats africains sont peut-être favorables à l'indépendance du Kosovo, mais ilscraignent en même temps que sa reconnaissance va sonner le glas du principecontinental inscrit dans le texte fondateur de l'Unité africaine, del'intangibilité des frontières héritées de la période coloniale.Dans nombre de ces pays africains, existent effectivementdes «Kosovo» en puissance dont les populations subissent les mêmes traitementscondamnables que ceux ayant été infligés aux Kosovars,et qui sont en droit de réclamer elles aussi le droit à la séparation et àl'indépendance. L'exemple type d'une situation pouvant déboucher sur unscénario de «Kosovo africain» est celui qui prévaut au Darfour. Poutine aexprimé tout haut ce que nombre de ses pairs africains n'ont pas osé fairesavoir à l'Amérique et à ses alliés européens ayant parrainé l'indépendance duKosovo.L'évènement gêne et dérange tout autant au Maghreb, où lesEtats de la région sont acquis au principe de l'intangibilité des frontières. Raisonqui fait que l'Algérie ne s'est pas empressée de reconnaître cette indépendance.La même attitude est observée par le Maroc, chez qui il y a également lacrainte que sa reconnaissance rende insoutenable sa position dans le dossiersahraoui. Le président russe et les dirigeants serbes ne sont pas, on le voit, lesseuls à penser que les Européens et les Américains ont ouvert la «boîte dePandore», avec des conséquences imprévisibles dont peu d'Etats sont à l'abri. Laprédiction triviale du «retour de bâton sur la gueule» n'est pas aussiexcessive qu'il y paraît pour les Occidentaux.


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