A Constantine et à Ouargla est apparue une mobilisation populaire qui dépasse le cadre d'une colère, aussi forte soit-elle, contre l'assassinat d'enfants et le chômage des jeunes. Comme elle avait pris pour cible l'Etat, elle était porteuse de germes de contestation du régime politique lui-même, impuissant à régler des problèmes aussi cruciaux que la violence portée aux enfants et la précarité sociale dans les zones désertiques.
Comme elles semblent avoir pris la mesure de la dangerosité de cette mobilisation populaire (qui vient de s'étendre à Arzew) pour la stabilité du système, à la veille d'importantes échéances politiques, les autorités ont pris quelques mesures d'urgence. On évaluera leurs effets dans quelque temps, mais on peut dire d'ores et déjà qu'elles sont vouées à l'échec : celles prises dans le Sud ne feront que créer une guerre sans merci pour les quelques postes déjà existants.
Le gouvernement a été incapable d'agir sur l'essentiel et le durable, c'est-à-dire l'offre de nouveaux postes de travail dans des activités spécifiques au Sud qui sont réelles : l'agriculture, le tourisme, le transport, les services' Par ailleurs, ces mesures seront rejetées par les entreprises elles-mêmes ou susciteront des résistances pour leur application. Elles leurs ôtent le droit de recruter en fonction des stratégies de leurs conseils d'administration. Enfin, elles sont constitutionnelles car elles portent atteinte au droit pour chaque Algérien d'aller travailler là où il le désire.
S'agissant de l'enfance violentée, les décisions gouvernementales n'auront aucun impact car non intégrées à un dispositif englobant tous les dangers affectant les enfants (abandon, échec scolaire, délinquance, pédophilie'). Encore une fois, les autorités ont évacué la nécessité de doter le pays d'une loi sur l'enfance. Un projet a été à l'ordre du jour d'un Conseil des ministres il y a six années, mais a disparu depuis sans explication. Ce que redoute en réalité le pouvoir des mobilisations citoyennes d'aujourd'hui, c'est la réédition du scénario de la Kabylie du début 2000 qui a vu la région se soulever pour une question identitaire, forçant les autorités à constitutionnaliser le tamazight mais payant pour cela double prix : 120 jeunes fauchés par des balles des forces répressives et implosion du mouvement citoyen.
Conscients du danger de politisation de leurs mouvements, les populations de Constantine et du Sud ont évité de tomber dans le piège tendu par les groupes salafistes prompts à tenter de récupérer tout mécontentement populaire. Des groupes, certes actifs, mais en nombre limité et aux mots d'ordre archi-usés. Ce qui est visé fondamentalement par les habitants de ces régions, c'est la mise à nu du système politique pour le forcer à donner du travail et des logements aux jeunes et à assurer la sécurité des enfants et des jeunes. L'Etat en a les moyens financiers et ils le savent. Les gens de Constantine, de Ouargla et d'ailleurs ne comprennent pas que face à tous les besoins économiques et sociaux, le choix a été fait de faire dormir des milliards de dollars dans des banques américaines. Les messages venus de l'Algérie profonde seront-ils entendus en plus haut lieu '
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Posté Le : 19/03/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ali Bahmane
Source : www.elwatan.com