Algérie

SIÈGE DE CAMPAGNE DU CANDIDAT BENFLIS



SIÈGE DE CAMPAGNE DU CANDIDAT BENFLIS
La journée du jeudi 17 avril était placée sous le signe de la fraude pour Ali Benflis et ses sympathisants. La direction de campagne du candidat indépendant a fait face à une véritable offensive de la part des partisans du quatrième mandat.Tarek Hafid - Alger (Le Soir)«Dans ces moments particulièrement sensibles et déterminants dans la vie de la Nation, j'appelle, de manière pressante, l'ensemble du peuple algérien à faire preuve de sérénité, de patience et de vigilance et à ne céder à aucune provocation de nature à porter atteinte à la tranquillité de nos compatriotes ou à la quiétude de la communauté nationale». C'est par ces paroles, prononcées face à la presse algérienne et étrangère, que Ali Benflis a achevé la journée du 17 avril.Le candidat a dénoncé une fraude électorale généralisée. «Les informations préliminaires en ma possession établissent l'existence d'une opération de fraude à grande échelle. Tout au long de cette journée, de graves irrégularités m'ont été rapportées dans un grand nombre de wilayas. Celles-ci se sont amplifiées au fur et à mesure de l'approche de la clèture des opérations de vote. Cette entreprise de fraude que nous avons relevée aujourd'hui n'est que l'ultime étape d'un processus entamée depuis fort longtemps avec l'instrumentalisation de tout l'appareil de l'Etat à des fins électoralistes», a-t-il expliqué. Serein et souriant, l'homme déclare ne pas reconnaître les résultats du scrutin.«J'annonce à toutes mes concitoyennes et à tous mes concitoyens que je ne saurais sous aucune forme et en aucune circonstance, accepter les résultats qui découleraient de cette entreprise frauduleuse. Je m'opposerai, de toute mon énergie, à ce coup de force électoral et à cette fin, j'utiliserai tous les moyens politiques et pacifiques ainsi que toutes les voies légales en ma disposition pour que prévale le choix souverain de notre peuple». Ali Benflis quitte le siège de sa direction de campagne sous les acclamations de ses sympathisants. «Je vais me reposer, le combat continue», dit-il à un groupe de journalistes en montant dans sa voiture.Pour le staff de campagne de Benflis, la fraude a débuté dès les premières heures de la matinée. «Plusieurs contrèleurs se sont vu refuser l'accès au bureau de vote pour une histoire d'ordre de mission non-conforme. L'administration a trouvé cette faille pour écarter nos représentants. Nous sommes en train de régler ce problème», indique, aux environs de 10h, Abbès Mekhalif, le responsable de la mobilisation.Le siège de campagne est plutèt calme. Au premier étage, dans un bureau, de jeunes sympathisants commentent les images du vote de Abdelaziz Bouteflika. Tous sont choqués de voir le Président-candidat sur une chaise roulante. La présence de son neveu suscite des commentaires. «C'est le futur chef de l'Etat, l'Algérie est sûre d'avoir des générations de présidents Bouteflika», lâche une jeune fille. Les fax tournent à plein régime et déroulent des dizaines de rapports dénonçant des cas de fraude. L'un d'eux est rédigé par un chef de centre de la wilaya de Tébessa qui dit «n'obéir qu'à sa conscience». «Je signale une fraude généralisée dans tous les centres de vote de la wilaya de Tébessa. Des personnes pénètrent dans les bureaux de vote pour bourrer les urnes», lit-on dans ce document.D'autres rapports font état «d'intimidations» subies par des contrèleurs. Abdelkader Zidouk dénonce: «un scrutateur a été passé à tabac à la Casbah. Il est dans un état critique. Dans plusieurs wilayas, des agents de l'ordre pénètrent dans les bureaux de vote et font sortir les contrèleurs par la force». Parfois les dépassements sont plus subtils. Nourredine Bahbouh revient sur la mésaventure subie par sa fille. «Elle s'est présentée ce matin au centre où elle a voté en 2012, mais elle n'a pas trouvé son nom dans le registre. Il semble qu'elle ne soit pas la seule dans cette situation car plusieurs personnes se plaignaient de ne pas être inscrites».Dans certains bureaux de vote, des électeurs ont constaté que les bulletins à l'effigie de Ali Benflis étaient collés par deux. «L'objectif étant d'invalider le vote en faveur du candidat en constatant la présence de deux bulletins dans la même enveloppe», explique Abbès Mekhalif. Mais le plus dur reste à venir.A 19 heures, l'ensemble des villas abritant les services de la campagne électorale de Benflis subissent une coupure de téléphone. Le but étant de priver le centre de contrèle, cœur du système anti-fraude, de tous moyens de communication. La panne concerne notamment la villa abritant la direction de la logistique. «Les autorités étaient persuadées que la salle de collecte et d'analyses des données en provenance des wilayas étaient domiciliées dans cette villa. C'est en tout cas ce que nous avons voulu leur faire croire. En fait, tout a été déménagé dans le plus grand secret dans un autre lieu équipé de moyens de communication sécurisés», assure un des responsables de ce centre. Selon lui, l'analyse des procès-verbaux transmis par les wilayas donne Ali Benflis largement gagnant. 21 heures, des dizaines de journalistes attendent l'arrivée de Ali Benflis.Un document du ministère de l'Intérieur estampillé «top secret» tourne de main en main. Son rédacteur accorde la victoire à Abdelaziz Bouteflika avec un taux de 51,32%. Ali Benflis arrive second avec 39,06%. Au bas de la page, un nota bene précise que le document est «fictif». Jeudi 17 avril 2014 est tout sauf une fiction.




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