Algérie

Sidi, très heureux !



Celafait 52 ans que    l'UGTA a été créée, cela fait quelques années que Sidi Saïd aété désigné, cela fait trente-sept ans que le pétrole a été algérianisé. Le 24février 2008, le bilan est clair: l'Algérie continue de vendre son pétrole àl'étranger mais n'arrive plus à vendre l'UGTA àl'intérieur du pays.Risquantde ne pas être réélu parce qu'il n'a pas été élu au début, désigné depuis silongtemps que personne ne se souvient par qui, et très peu employé par le temps,l'époque, l'ENTV ou le dialogue, Sidi Saïd a déjà étésalué pour sa magnifique solitude dans une histoire qui s'en passe et pour sacapacité de monologue dans un pays qui ne l'écoute plus. La fin mars prochaine,date du congrès abusivement retardé de l'appareil de l'Union, Sidi Saïd risqueun peu gros: être envoyé dans l'espace, être désigné sénateur pour unemeilleure retraite, être restauré comme monument socialiste ou, le pire, êtrereconduit pour continuer à ne rien signifier.Ason avantage, le bonhomme a des dons de survie incroyables: il a survécu auprocès Khalifa mieux que Khalifa lui-même, il a survécu à la mort de presquetoutes les entreprises publiques algériennes, il a survécu à Zeroual qui l'a vunaître, il n'a jamais été inquiété par l'importation massive des Chinois, il asurvécu aux accusations d'être le bras droit de la main gauche du pays et asurvécu à une décennie de changements de chefs d'Etat, de gouvernements et deministres.Pourtant,dans le tas, la plus époustouflante partie de la biographie du patron de l'UGTA restera le procès Khalifa. Tout le monde s'en souvientet personne ne s'en souvient. Face au juge, Sidi Saïd a publiquement endossé lafacture du hold-up bancaire du siècle, révélant la sourde dérive des conseils d'administrationdes caisses et fonds publics contrôlés par le syndicat. Le fameux « j'assume »a presque fait naître l'espoir de voir cet argent de l'épargne des Algérienssoumis à la transparence, à la comptabilité réelle et à une gestion horsmonopole. Ce que Sidi Saïd dira, à cette occasion, aurait suffi pour pendreSaddam mais pas pour juger ou poursuivre l'UGTA etson patron.Passéle film, vos FNPOS, CNAC, CNAS, etc. resteront sous la même coupe, interditsaux syndicats autonomes, échappant au regard public et peu passible d'auditsmajeurs pour en réviser les modes de gestion. Des années après, Sidi Saïd seporte mieux que Khalifa et vit en Anglais à Alger. Mieux que les Algériens àqui on n'a pas demandé leur avis pour miser leur argent. Pourquoi Sidi Saïd n'apas été inquiété ? Parce que. Il ne reste que l'humour pour piste: il a survécuà tout le monde parce que justement il n'existe pas ou tellement peu et parcequ'il dit oui à tout sauf à ceux qui veulent le remplacer. A son désavantage, ila le réel qui n'a pas le pouvoir, les syndicats autonomes qui ont le pouvoirmais pas l'agrément et les travailleurs algériens qui n'ont plus de travail etqui lui en veulent parce qu'il a gardé le sien.EnAlgérie, on peut représenter une époque morte sans être un mort et c'est pourça que le bonhomme continue de servir comme répondeur automatique à l'Etat etcomme « appel en absence » pour le reste de la société.Pourle sauver, le système alimentaire vient donc de mettre les bouchées doubles: augmenterles salaires et en annoncer le versement rétroactive dès mars, date du congrèsde l'UGTA. On aura tout compris, mais le systèmealimentaire semble ne pas vouloir comprendre de son côté. A force de fairebarrage aux syndicats autonomes, ces derniers ont fini par acquérir le statutd'un parti politique vivant et efficace. Aujourd'hui, augmenter les salairespour leur couper l'herbe sous les pieds ne suffit plus. Les Algériens enattendent presque une révolution passive et y apprennent l'indocilité. D'oùl'avenir tiède du patron de l'UGTA: certains peuventdéjà penser à l'échanger pour montrer qu'il y a changement, d'autres peuvent legarder pour montrer qu'on ne recule pas. Rien n'est gagné, rien n'est perdu. Lepétrole est à 100 dollars, l'Etat se tient par la distribution, le peupletravaille peu, l'économie est une rente. La conjugaison des trois assure à SidiSaïd une vie presque éternelle.
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