Sidi Soufi, un haut lieu de la mémoire

Par un passé qui reste gravé pour la postérité, cette place séculaire était l'âme de la ville de Béjaïa. A la fois lieu commerçant, mais aussi carrefour de simples rencontres et de grandes célébrations. Un lieu voué au savoir, à la foi et la piété. La mosquée imposante qui y trône depuis des siècles, à ses côtés, sa medersa le baptise pour l'éternel de haut lieu, portant le nom autant adulé que glorifié de Sidi Soufi.A l'image d'une citadelle, sa vaste cour dallée, compte une lignée de plataniers plusieurs fois centenaires, trois lignes de vieilles boutiques, aux devantures ornées par des arcades de style arabo- mauresque. Une de ses éventaires est appuyée au flanc de la gardienne de ville, lalla Gouraya, tandis que l'autre façade donne sur la mer. Une grande bleue, qu'on peut admirer à satiété de la partie latérale de la mosquée, qui fait office de balcon et lieu de détentes en temps caniculaire. Deux longs escaliers mènent en contrebas vers les vestiges du mur de la cité antique Bab El Fouqa, l'autre renvoie vers un lieu non moins célèbre : le marché Philippe, récemment rénové. Si celui-ci, désormais couvert, constitue un point de chute, notamment le soir, avec l'attente des chalutiers, il déborde pour autant vers tout le périphérique, jusqu'à la porte principale de cet édifice culturel et cultuel. Enfin, en sa partie ouest est une autre voie vers les vieux quartiers de Bab Ellouz, et les bâtiments, une cité ancienne construite aux abords de l'autre saint Sidi Mhand Amokrane. Sidi soufi, qui s'animait il y a si peu en permanence, était le symbole d'un parfait carrefour amical, familier et un centre, qui contait et décantait les joies et peines des citadins où s'animaient leurs fêtes et se relataient victoires et défaites sportives de l'antiques jeunesse qui arborait fièrement les couleurs nationales... C'est un lieu de tous les rendez- vous et arrêt de tous les déplacements et celui des rassemblements aux retours. Les senteurs enivrantes de ses cafés préparés traditionnellement sur braise, bouillis en dosettes de cuivre, ne pouvait laisser insensibles, les veilleurs ramadhanesques ou ceux de qâadates du châabi d'une époque à forte teneur nostalgique, Bien que ressuscités de temps à autres ne se ressemblent guère. Désormais, les commerces qui l'animaient et les vieux métiers qui s'y pratiquaient avec enthousiasme, il n'en reste aucun, leurs portes en sont closes et leurs murs par «vieillissement» s'effritent et se lézardent, seuls quelques cafetiers et coiffeurs résistent encore et relâchent pour leur part, par perte de profit ou d'âge avancé et d'une relève qui n'a peu suivre. A l'image de la vieille ville, cette merveille se vide et perd de sa ferveur progressivement, elle ne s'emplit que les vendredis à la faveur de la prière, sinon pour le reste de la semaine, l'affluence, est des plus faible. Même si de nombreux férus des lieux, émargent par fidélité sans faille, opérant des retours au bercail qu'ils ont eux-mêmes quitté et déménagé ailleurs, ce qui donne certes, l'impression d'une présence, mais n'emplit pas les lieux comme ce fût d'antan. Si les quartiers immédiats qui sont dans un état de délabrement avéré, menaçant ruine, cet endroit majestueux reste dans un état de conservation parfaite et digne de visites touristique avec de l'entretien régulier et quelques restaurations qui s'impose de suite, elles ne peuvent que lui être bénéfiques, lui donner plus d'éclats, l'embellir davantage, qu'il ne l'est déjà, l'arracher à son caractère de «houma» et le reverser davantage dans un tourisme qui pourrait réactiver toute l' artisanat dormante et ses rouvrir ses portes closes. A quelques mètres de là, la porte des étendards, sérieusement fissurée, proie aux mauvaises herbes qui y poussent en ses parois, mérite qu'on y regarde en sa direction.