Algérie

Sidi Slimane Ibn Abdallah Al-Kamil de Aïn Al-Houtz



Les visiteurs traditionnels à l'intérieur de la Houweita de Sidi Slimane à Aïn El-Houtz furent surpris durant le dernier Ramadhan 1427H de constater une nouvelle épitaphe en lieu et place de la tombe de Sidi Slimane de Aïn El-Houtz.

Ech-Chourouq signala cette surprise dans son édition du 7 Oct. 2006 et une commission officielle se pencha sur l'examen de l'acte par lequel une épitaphe récente d'un nommé Hadjaj Sidi Slimane décédé le 18.5.1611, remplaça une ancienne épitaphe du lieu symbolique de Sidi Slimane de Aïn El-Houtz décédé au début du IXème siècle et signalé depuis ces temps d'abord par un palmier visible de toutes les directions à partir de ces espaces ensuite par une howeita érigée au début du XXème siècle près de ce lieu.

En attendant les résultats de cette enquête, tous les habitants de Aïn El-Houtz essaient de se remémorer l'épopée des premiers messages de ceux qui ont engagé le dialogue avec les autochtones du pays, de repréciser l'arrivée des premiers représentants de Ahl Al-Bayt dans la région de Tlemcen à travers les nouvelles études sur différentes pérégrinations de chroniqueurs et de situer l'impact des descendants de Sidi Slimane Ibn Abdallah Al-Kamil en Algérie, au Maghreb et dans le monde musulman. Lorsque ces descendants se redécouvriront leurs sources près de Aïn El-Houtz Tlemcen, alors ceux qui veulent effacer à distance ces pages glorieuses de la mémoire de notre pays retourneront à de nouvelles lectures sur les lieux mêmes de ces épopées.

Soulayman Ibn Abdallah était déjà à Tlemcen pour soutenir une campagne en faveur de Ahl Al-Bayt auprès des tribus berbères de la région lorsque Idriss 1er arriva pour la première fois au Maghreb.

Les «Khazar Béni Sawlat» de Tlemcen n'avaient pas oublié la relation de leur ancêtre Sawlat Ibnou Wazmar qui s'était rendu à Médine sous le Califat de Othman Ibnou Affan.

Ils accueillirent successivement Slimane et son frère Issa Ibnou Abdallah, arrières petit-fils de Lalla Fatéma Ez-Zahra.

Idriss Ibn Abdellah repartit pour l'Orient puis revint une seconde fois à Tlemcen où il poursuivit sa campagne, cette fois pour son frère Yahya Ibn Abdallah après avoir échappé aux massacres de la bataille de «Fekh».

Tlemcen était alors une plaque tournante dans le Maghreb de l'époque et c'est ainsi qu'ils s'y retrouvèrent les trois frères : Idriss, Issa et Soulayman Ibn Abdellah (Ibn Al-Hassan Al-Mouthennâ Ibn Al-Hassan As-Sabt Ibn Fatima Ez-Zohrâ Bint Sayidina Mohammed sur Lui Prière et Salut) à faire campagne pour leur candidat et demi-frère Yahya Ibn Abdellah au Tabristan d'abord, puis pourquoi pas carrément pour l'un d'eux, Idriss Ibn Abdellah !

Comme pour Târiq Ibn Ziyâd, le séjour des frères Idriss, Issa et Soulaymân à Tlemcen est passé sous silence par plusieurs chroniqueurs pressés de ne voir dans ces événements qu'une ombre au déplacement du lieu géométrique vers l'ouest par le rôle joué patiemment par Tlemcen durant les turbulences des événements sous les régimes omayyades et abbasides.

Idriss Ibn Abdellah apparaît avoir atterri chez les wallili près de Tanger par des voies autres que celles qui passent nécessairement par l'inévitable porte verrou du Maghreb.

Pendant ce temps-là à Baghdad les services de Hâroun Er-Rachid s'inquiétaient de la popularité acquise par Idriss et ses frères à Tlemcen alors qu'ils venaient de faire échouer toutes les tentatives de prise du pouvoir à Médine, au Tabaristan et de faire échouer toutes autres tentatives.







Les chroniqueurs ont retenu cette phrase célèbre de Hâroun Er-Rachid lorsqu'il prit connaissance des activités de Idriss et de ses frères à Tlemcen :

«Tlemcen est une des portes de l'Ifrîqiya, celui qui tient cette porte, il tient aussi Ifrîqiya !».

Et c'est ainsi que fut dépêché de Baghdad vers Tlemcen, le plus expert des cuisiniers du palais des Abbassîdes, Soulaymân Ibn Djarîr plus connu sous le nom d'«Ech-Chemmâkh» avec son inévitable fiole pour mettre fin à cette autre épopée inachevée.

Mohammed Ibnou Khazar Ibnou Sawlât gérait à l'époque tous ces mouvements trépidants au Maghreb central.

Le destin frappait aux portes de ceux qui en avaient vu d'autres.

La sagesse s'imposait devant les fantasmes les plus fous. La partie se jouait déjà autour de Tlemcen...

Des centres d'influence se développaient tout autour : Aïn Al-Hoût, Rachgoûn... Les Maghrawa, les Bani Yafren et les Maghilas de Tlemcen subissaient toutes les pressions.

Leurs divisions vont les livrer aux uns et aux autres et Tlemcen va connaître un cycle infernal de destructions et de reconstructions successives.

Idriss Ibn Abdellah arriva cette fois-ci à Tlemcen avec une escorte comprenant plusieurs représentants des tribus du Maghreb.

Les Banou Khazâr le reçurent avec la déférence qui lui est due, n'étant pas un inconnu parmi eux ces vingt dernières années.

Depuis plus de vingt ans Idriss Ibn Abdellah n'avait d'yeux que pour Tlemcen et voilà que c'est ici dans la capitale du Maghreb Central qu'il allait ériger la Mosquée dont il nous laissera une inscription attestant de sa volonté d'y fonder une dynastie.

Les Banou Khazar lui offrirent le choix entre le plateau de Tagrart où plus tard sera érigée la Grande Mosquée par Ali Ibn Youcef Ibn Tachfin en 1136, et le parvis du temple Ausliva abandonné depuis longtemps et que la population d'Agâdir aurait choisi pour continuer à exercer ses devoirs religieux et bénéficier du nouvel enseignement apporté par la nouvelle religion en expansion.

Les travaux débutèrent en ce jour du 9 décembre de l'an 789 après JC et furent menés dans un temps record, ce qui laisse deviner la disponibilité des moyens de construction en place.

Durant cette période, Idriss Ibn Abdellah fit connaître sa stratégie et ses Khotbas qui nous éclairent sur ses orientations : des appels répétés sur le retour au Livre Sacré et à l'application de la Tradition Prophétique mais aussi un appel à la justice entre les citoyens et à un partage équitable des richesses. Il insistait aussi sur comment suivre la voie du Bien et éviter la voie du Mal.

Entre temps notre cuisinier de Baghdad et cavalier sans pareil était déjà à Tlemcen, et ses qualités en firent de lui, le cuisinier-chef du caravansérail et bientôt il n'était que l'ombre d'Idriss dans tous ses mouvements.

La cheville ouvrière d'Idriss, «Sidi Er-Râchid» pressentait un complot venant de Baghdad lui qui avait pu sauver Idriss et ses frères de l'enfer de la bataille de «Fekh».

Il avait pu les accompagner jusqu'à Tlemcen et de là, il tenait à présenter Idriss à sa tribu de Wallili près de Tanger où il reçut les allégeances dues à son ascendance.

Les travaux d'édification et d'ameublement de la Mosquée d'Agâdir s'achevaient avec Mihrab et Chaire de Khotba où une inscription de la date put être déchiffrée par les chroniqueurs qui se succédèrent sur le lieu.

A peine l'inauguration eut lieu un 19 juin de l'année 790, que Sidi Er-Rached organisa le départ d'Idriss de Tlemcen vers ses propres contrées plus à l'ouest, pour le mettre à l'abri, car des renseignements lui étaient déjà parvenus que Baghdad avait envoyé quelqu'un pour mettre fin à l'épopée d'Idriss Ibn Abdellah à Tlemcen.

Mais le groupe restreint qui devait les accompagner comprenait notre maître cuisinier avec sa fiole préparée à Baghdad pour mettre fin à la vie d'Idriss.

Fès n'existait pas encore, et le convoi s'arrêta près de Djebel Zerhoun, où «Ech-Chemmakh», se voyant de plus en plus cerner par les recherches et les méfiances de Sidi Er-Rached, présenta la potion dans une tisane sensée réconforter Idriss du malaise qui l'avait atteint.

Le forfait réalisé, «Ech-Chemmakh», prit la fuite et fut retrouvé et liquidé à «Oujda» par Sidi Er-Rached.

Avant de quitter Tlemcen, Idriss avait pris soin d'envoyer un messager jusqu'en Tripolitaine pour que son frère Soulayman puisse revenir à Tlemcen et continuer son oeuvre.

Soulayman et son fils revinrent à Tlemcen, mais c'est à Aïn El-Hout qu'ils s'installèrent. L'épopée des soulaymaniyine est une autre histoire dans notre histoire !

Avec le concours du Parc National de Tlemcen, un groupe de citoyens soucieux du legs de Tlemcen, se déplace sur le site de Sidi Slimane à Aïn El-Houtz tous les 9 décembre et les 19 juin pour un devoir de mémoire. Un palmier existait déjà et a disparu depuis une trentaine d'années, après avoir symbolisé durant plus d'un millénaire la présence intime du plus proche descendant du Prophète dans notre pays.







Essayez de vous représenter votre petit-ils d'une part et votre arrière grand-père d'autre part : ceci vous permettra de vous situer Sidi-Slimane par rapport à Sidna Mohammed - Prière et Paix sur Lui.

En effet Sidi Slimane est le fils de Sidi Abdellah qui est le fils de Sidi Al-Hassan Al-Mouthenna, qui est le fils de Sidi Al-Hassan Es-Sabt, qui est le fils de Lalla Fatéma Ez-Zahra qui est la fille de Sidna Mohammed - Prière et Paix sur Lui -.

Sidi Sliman est le frère de Idriss et de Issa qui ont la même mère Atika Al-Makhzoumiyya.

Ses autres demi-frères sont :

- Mohammed En-Nefs-Ez-Zakiyya et Moussa dont la mère est Hind Bint Aby Oubeida des Al-Al-Izzi;

- Et Yahiya et Ibrahim dont la mère est Qorayba Bint Abdallah.

Sidi Sliman rejoignit une dernière fois Tlemcen en 92H/789-790 AC et termina sa vie à Aïn El-Houtz, où un simple palmier et une howeita perpétuèrent son souvenir ainsi que celui de ses descendants.

Après la bataille de Fekh, Idriss rejoignait le Maghreb grâce à son aide de camp Sidi Rached.

Et c'est à Tlemcen qu'il entreprit de construire la Mosquée d'Agadir et ce, du 9 Décembre 789 AC au 19 Juin 790 AC.

Mais Baghdad avait déjà envoyé un missionnaire pour assassiner Idriss à Tlemcen qui a dû s'enfuir jusqu'à Djebel Zerhoun près de l'endroit où sera édifié la ville de Fès.

Pendant ce temps-là, son frère Sidi Slimane revint à Tlemcen et s'installa à Aïn El-Houtz pour donner naissance à la dynastie des soulaymaniyyine par son fils Mohammed Ibnou Soulayman.

La période des soulaymaniyyine se signala par la paix et la prospérité dans les régions du Maghreb.

Ils se répartirent à travers le Maghreb après la mort de leur père Mohammed Ibn Soulayman qui se trouve enterré près d'Oran.

Les descendants de ce Mohammed Ibnou Soulayman se retrouvent :

A Aïn El-Houtz par les descendants de Sidi Abdallah, Sidi Ahmed et Sidi Al-Hassan.

A Djeraoua pour les descendants de Sidi Idriss et ses neufs enfants :

Sidi Ibrahim dont les descendants se retrouvent à Tunis,

Sidi Aïssa à Archkoul,

Sidi Al-Hassan à Taher,

Sidi Yahia au Touat,

Sidi Ali à Oued Ech-Chelef,

Sidi Al-Hannach aux Traras,

Sidi Mohammed Al-Abed à Béni-Choukrane près de Mostaganem,

Sidi Yaqoub à Mazouna Sidi Hamza à Beider près de Tlemcen

Ils de répartirent ensuite :

Par les Ouled Ibrahim près de Mostaganem et Medjaher mais aussi près de Tunis et aussi en Egypte.

Par les Ouled Abdel-Hay au Touat et près de Oued Chlef.

Par les Ouled Ta'Allah à Bayder,

Par les Ouled Issa à Archkoul,

Par les Ouled Abdelmoumen chez les Ghomaras, et une partie aux Akhmas. Par les Ouled Fattouche à Taher chez les Zouaouas, Par les Ouled Sidi Omar Ech-Cherif près de Tadela, mais aussi près des Béni-Chougrane de Mostaganem.

Les descendants de Sawlat Ibnou Wazmar avaient déjà trouvé en Aboul-Mouhadjer Dinar le partenaire idoine pour engager le dialogue des civilisations qui permit à toutes ces tribus d'embrasser le nouveau projet de société.

La rencontre s'était déroulée avec les représentants de plusieurs tribus berbères dont Kosseila Ibnou Melzem et la Kahina en 55H/675 AC, auprès d'une des sources de Tlemcen qui porte encore son nom Aïn Mouhadjer, près du village actuel d'Al-Attar.

Le plateau où se trouve cette source est encore plein de souvenirs de la grande prière de ce premier vendredi sur le plateau sud-ouest de Tlemcen.

Ce n'est pas par hasard que s'étaient développés à Tlemcen les premiers enseignements de l'Islam à Tlemcen-Agadir où se trouvait Tariq Ibnou Ziyyad.

En l'an 92 de l'Hégire/710 AC Tarik Ibnou Ziyyad reçut le Comte Julien venu l'engager pour lui faire traverser le détroit qui portera son nom Gibraltar.

Il fallait que le Comte Julien laissa ses deux filles à Tlemcen pour convaincre Tariq Ibn Ziyad qu'il ne s'agissait pas d'une ruse.

Et c'est ainsi que l'épopée de l'Andalousie démarra de Tlemcen en 710 de l'ère chrétienne...

Epopée qui vit le dernier Roi de Grenade, un certain Bouabdil, venir mourir à Tlemcen en 1494.

Et même si l'école française s'est acharnée à faire répéter aux enfants de l'Algérie qu'en 732 Charles Martel arrêta les Arabes à Poitiers... Pour Tlemcen, 732 est le souvenir d'Abou Qorra Al-Yefrini reconnu à Tlemcen à la tête du premier Royaume Kharédjite Soufride qui allait s'étendre de Djebel Maffoussa aux contrées de Tihert jusqu'à Béni-Snous.

Tlemcen, ne comptant plus le nombre de mues qu'elle a fait subir à tous ceux qui ont prétendu la mettre à leur humeur, saura une nouvelle fois, à l'aube de ce 3ème millénaire, apporter les valeurs universelles qu'elle sécrète, et qui ne sont pas toujours du goût de toutes les humeurs de notre temps.

Un palmier grandira à Aïn El-Houtz pour le rappeler et une fresque retracera l'épopée des Soulaymaniyyine dans l'Occident Musulman.


salam alaykum je suis trés content et surpris en même temps de voir ressurgir du fond l'histoire de mes ancêtres (les Soulaymanides). En effet, les recherches que je suis en train de réaliser prouvent que la dynastie Soulaymanide a vécue 120 ans, sa frontière s'étendait de melilia à Bejaia et que Tlemcen était la capitale de cette dynastie malheusement ignorée juqu'alors.
Benhamza Ismael - x - Oran
26/11/2008 - 2251

Commentaires

Bonjour, j'ai lu votre article avec interet, mais je ne vois nullement vos references bibliographiques, pouvez vous nous éclairer un peu plus? car un palmier et une howita (batie au XXè s) sont insuffisants pour justifier vos propos... j'espere avoir une reponse.Hassan Benslimane, Tetouan, Maroc
Hassan Benslimane
02/10/2007 - 416

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