Houideg raconte sa Grande Mosquée
Le réalisateur, éludant les questions qui fâchent, a engagé son travail en le reposant sur des faits historiquement avérés et reconnus par les historiens.
La religion n'est pas l'opium des peuples. D'autant que c'est à partir du dogme, loin de tout extrémisme et radicalisme ou encore intégrisme, qu'on trace le chemin de la vie. C'est du moins le consensus qui s'est dégagé à la fin de la projection, lundi, de deux films documentaires qui retracent, avec plus ou moins force détails, la vie religieuse, bien cadrée par l'Islam, des habitants de la capitale des Zianides, Tlemcen. Le premier film, réalisé par Mohamed Houideg, est intitulé «Tlemcen, la Grande Mosquée» tandis que le deuxième, signé Hadj Ahmed Mansouri, retrace la vie du père spirituel de la Tarîqa El Belkaidia. Dans son oeuvre, Mohamed Houideg a été vigilant ne s'impliquant pas dans la narration des faits et événements qui ont marqué l'histoire de la Grande Mosquée de Tlemcen. Ainsi, le réalisateur, éludant les questions qui fâchent, a engagé son travail en le reposant sur des faits historiquement avérés et reconnus par les historiens. Une telle technique donne du crédit et de la crédibilité à l'oeuvre surtout lorsque le sujet abordé peut constituer l'objet de controverse. Usant d'un arabe parfait, le scénario a été l'oeuvre d'un autre vieux briscard des grands projets cinématographiques, le scénariste Aliaoui Belabbas.
Pourquoi réaliser un film documentaire sur la Grande Mosquée de Tlemcen? La réponse est toute simple: le joyau architectural de la capitale des Zianides mérite amplement un travail cinématographique devant mettre en relief son histoire puisque chaque arcade de la bâtisse raconte mille et une histoires et ce, depuis sa construction durant l'époque médiévale. Mohamed Houideg a, ainsi donc, su et pu reconstituer les faits saillants qui ont marqué l'histoire de la Mosquée. Utilisant une idée originale, il a mis en scène la mort tragique de l'imam de la Grande Mosquée, tué par les soldats français devant le mihrab et ce, lors d'une grande opération militaire menée avec brutalité en 1957 tout en bafouant les franchises cultuelles, violations universellement réprouvées.
Une telle mise en scène démontre également la haine et l'animosité portées par l'armée coloniale vis-à-vis des lieux de culte et les fidèles. La Mosquée de Tlemcen a, depuis l'invasion de l'Algérie par les Français, fait l'objet d'agressions répétées de l'armée coloniale. Le réalisateur l'a bien démontré en rapportant des preuves vivantes sur de telles ignominies qui ont rattrapé, aujourd'hui, la France coloniale dans tous ses méfaits abjects qui ont été commis au nom de la pacification. Un autre repère de la tolérance et de la piété a eu sa part de reconnaissance. Il s'agit du père spirituel de la Tarîqa El Belkaidia, Cheikh Sidi Mohamed Belkaid. Ce dernier, né à Tlemcen en 1911, était, à l'âge de 4 ans, prédestiné à jouer, humblement, un rôle de premier ordre dans la vie spirituelle des habitants des villes de l'Ouest, particulièrement à Tlemcen et Oran et ce, en ouvrant dès les années 1940 une zaouïa baptisée au nom de El Habria El Belkaidia. Celle-ci a eu une place importante avant, durant et après la guerre de Libération avant de lui élire domicile et de lui insuffler une dimension internationale, dans la petite localité de Sidi Maârouf située à moins de 10 km à l'est d'Oran.
La Zaouia forme plusieurs dizaines de jeunes tout en assurant des «Leçons Mohammadiennes» qui sont de notoriété internationale. Cheikh Sidi Mohamed Belkaid qui a vécu toute sa vie humblement est décédé le 21 août 1987 tandis que la tarîqa qu'il a créée a pour fondement l'éducation, la tolérance et la paix.
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Posté Le : 13/09/2013
Posté par : tlemcen2011
Ecrit par : Par Wahib AïT OUAKLI - Mercredi 21 Mars 2012
Source : lexpressiondz.com