Algérie

Sidi Khaled, Le Prophôte Oublié



Sous chaque pierre, il y a un poète”, dit-on dans cette ville distante d’une dizaine de kilomètres au sud d’Ouled Djellal. Une commune de 45 000 habitants, créée en 1959, sur 212 km2. La plus forte densité humaine après Biskra. L’agropastoralisme est la vocation de cette commune, même si le mouton d’Ouled Djellal trône depuis longtemps par sa qualité de meilleure race ovine du Sud algérien. Comme pour les communes voisines, Sidi Khaled dispose de deux sortes d’eau : le forage à partir de la nappe albienne (70%) et l’eau potable (30%). Pour une distribution équitable, la municipalité a eu recours aux fontaines publiques, le réseau AEP étant insuffisant, surtout depuis l’exode massif des populations de Ras El-Miard et Besbes, à cause de la sécheresse qu’ont connue ces deux localités habitées par les nomades. Il est vrai que les efforts du commissariat à la steppe sont louables pour avoir créé des retenues collinaires pour lutter contre la sécheresse, mais cela reste insuffisant. La population locale réclame la réfection des routes, le transport scolaire, l’électricité agricole, un hôpital, un complexe sportif, une piscine, une banque et une agence Sonelgaz. Beaucoup de commodités manquent dans une ville où la poésie est presque un parler.

On raconte que Sidi Khaled doit son nom à un saint, venu s’installer dans la région, Khaled Ben Sinane El-Absi, de la tribu âbs dont est aussi originaire le poète-esclave affranchi Antar Ibn Chaddad. On ignore, cependant, sa date et son lieu de naissance. Les historiens situent son existence entre la naissance du Christ et celle du Prophôte Mohamed. Certain disent qu’il serait né 300 ans après le Messie et aurait vécu 230 ans. Beaucoup de savants musulmans lui attribuent le statut de prophète, en raison surtout de ses qualités morales et des miracles qu’il aurait accomplis. On dit à ce sujet qu’il a réussi à éteindre un incendie géant dont les flammes étaient visibles à trois jours de marche et ce, avec sa simple canne. Comme il a pu également faire disparaître une espèce de phénix qui s’attaquait aux petits enfants et aux animaux. On rapporte qu’il serait arrivé en provenance de la presqu’île arabique avec des familles appartenant à la tribu Znata. Dans la mosquée où repose son mausolée, des écrits signalent que le prophôte a dit a son sujet : ”C’est un prophôte que son peuple a oublié.”
Avec son minaret de forme carrée, la mosquée a été reconstruite en 1917 par Omar Gaga qui, bien que n’ayant pas fréquenté les grandes écoles, avait un don dans le domaine de l’architecture. Originaire de Oued Souf, on raconte qu’il a contribué à la construction de la Grande-Poste d’Alger. Depuis cette date, la mosquée conserve la même architecture, même si des réhabilitations y ont été faites.

LE TOMBEAU DE HIZIA

Avec la mosquée, le tombeau de Hizia est le point le plus visité dans la région. Une jeune fille, bent Ahmed Belbey, originaire de Beni Hilal, née en 1852. Elle aimait secrètement son cousin Saïd. Un amour devenu célèbre, après la mort de Hizia en 1875, à l’âge de 23 ans. Ne pouvant supporter la douleur de la mort de sa bien-aimée, Saïd erre quelque temps, avant de demander au grand poète de la région, Ben Guitoun, de l’immortaliser par un poème. Le maître du melhoun le prend en pitié, après avoir écouté son histoire d’amour. Aujourd’hui, le tombeau recouvert presque entièrement de sable repose à côté de la tombe du représentant de l’Émir Abdelkader, mort quelques années avant Hizia.


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