1ère partie
Près de 120 milliards de centimes, tel est
le montant approximatif alloué pendant une décennie, indique une source
officielle, pour lever le spectre des inondations et des crues dont celles de
la Mekerra, qui est le nom donné depuis plusieurs siècles au principal cours
d'eau de la région de Sidi Bel-Abbès.
Cet important et célèbre oued, qui a donné
son nom à l'immense et fertile plaine qui le traverse obliquement sur une
longueur de 240 kilomètres (en comptabilisant la partie de Sig et la Macta),
prend sa source du côté de Ras El-Ma (ex-Bedeau). Précisément, la Mekerra prend
sa source sur les hauteurs du Djebel El-Beguira à 1.402 m d'altitude, 86
kilomètres de Sidi Bel-Abbès ville. Notons que l'écrasante majorité des autres
oueds de la wilaya de Sidi Bel-Abbès prennent leur source des monts de Daya. La
Mekerra traverse obliquement, du sud-ouest au nord-est, des dizaines de
périmètres ruraux et urbains dont le chef-lieu de la wilaya de Sidi Bel-Abbès.
L'ensemble de ces sites ont dû connaître, par le passé, les affres des
inondations et crues avec toutes les séquelles que cela engendre en pertes
humaines et matérielles très redoutées. L'imprévisible Oued de la Mekerra a
souvent fait parler de lui en attentant à la population riveraine en avant et
en aval, dans l'arrière-pays comme en périmètre urbain.
Néanmoins, la Mekerra, le rebelle au passé
tumultueux, connaît aussi un présent modéré, les pouvoirs publics préoccupés
par ces crues-inondations ont entrepris plusieurs actions pour atténuer leurs
effets dévastateurs dans plusieurs localités. Et ce n'est pas uniquement l'Oued
Mekerra qui a été concerné par ces actions de production, d'autres zones à
risques identifées ont connu et connaissent des actions visant à rassurer les
populations riveraines dans plus d'une vingtaine de localités. La Mekerra,
entendons-nous, n'a pas été toujours violente au-delà des sinistres causés.
Elle a été nourricière, limpide, au point où, la pêche et la baignade ont
longtemps constitué ses principales caractéristiques jusqu'aux récents constats
affligeants, où on la voit pleine de salissures diverses et autres décors
générés par ceux qui ne connaissent pas la moindre mesure en l'attentant
profondément. Ne nous attardons pas sur cet incontournable survol dans le
géographique étant donné que l'on ne peut dissocier la Mekerra et les
populations locales, implantées depuis des siècles, en somme, les hauts faits
de ces hommes et femmes qui ont occupé les versants de cette grande rivière, ou
habitent la région en général, sont à connaître afin d'éviter l'amnésie
générale nuisible.
Or, pour demeurer dans le contexte général
du présent papier, disons qu'on peut, dans un cadre d'intérêt général, de
protection des vies humaines et des biens, détourner la trace d'un oued mais
pas l'histoire, en particulier à Sidi Bel-Abbès. Force est de bien de bien
mentionner que la Mekerra comme pour n'en rester que là. La région de Sidi
Bel-Abbès n'a jamais été un espace dit «Terra Nullus», c'est-à-dire, une terre
sans maîtres ni propriétaires comme ont tenté de la faire croire d'abord
certains «panégyristes et idéologues de la colonisation», relayés
malheureusement par quelques voix et écrits tendancieux. Ainsi, lorsque l'on
remonte dans l'histoire depuis l'antiquité, le néolithique ou la préhistoire,
Sidi Bel-Abbès a toujours été habitée. Ce cadre géographique, comme nous venons
de le voir, ne pouvait de tout temps qu'attirer des hommes en quête de leur
subsistance. Qui étaient-ils ? Comment vivaient-ils ? Quel était leur genre de
vie ? Comment se présentaient Sidi Bel-Abbès et sa région avant la conquête ?
Autant de questions ont mérité juste quelques insuffisantes recherches
scientifiques et nécessitent inévitablement de plus amples explications.
Quoi qu'il en soit, le cadre géographique,
la richesse des sols - une plaine arrosée - le climat, de bonnes
précipitations, souvent la rosée, le soleil... ne pouvaient qu'attirer et fixer
une intense colonisation de peuplement, au détriment des indigènes. Ceux-ci
constitueront alors la force de travail nécessaire à la mise en exploitation de
la région, sous la surveillance étroite de l'armée de l'occupation, à savoir,
française. Mais, en réalité, l'histoire de notre région est plus vaste et, tant
il est évident, que ce n'est pas le phénomène colonial qui a pu donc créer ex
nihilo (du néant) l'Oued Mekerra et sa plaine, les colonisateurs ont ainsi
fabriqué des mythes fondateurs. L'homme était présent. Dans cette plaine de la
Mekerra qui existe dès l'âge des métaux au moins soulignent nos sources
contrairement aux allégations des thurifaires de la colonisation. La toponymie
locale à consonance berbère (à titre indicatif seulement) est en usage encore
de nos jours Tilmouni, Teghalimet, Magramène, ceci identifie à des endroits
préalablement occupés ALBULAE (Sidi Ali Ben Youb) ASTASILYS sur les près du
mont Tessalah en sont une preuve supplémentaire.
Par ailleurs, une source universitaire
souligne que depuis des millénaires, cette rivière, dévalant des hauteurs de
Ras El-Ma, apporte les eaux mais aussi les alluvions et les limons qui ont fait
la richesse de la plaine de Sidi Bel-Abbès. Ainsi, comme on l'a dit plus haut,
la Mekerra prend sa source sur les hauteurs du Djebel El-Beguira à 1.402 m
d'altitude, près de Ras El-Ma, et draine les eaux de ces montagnes en un flot
impétueux pour les canaliser par une gorge rapide vers la localité d'El-Hoçaïba
qui connaît un essor à l'instar d'autres communes du sud. D'autres affluents,
qui viennent des montagnes et alentours, participent ou élèvent de ce cour
d'eau qui atteint Sidi Ali Ben Youb (ex-Chanzy pendant la colonisation
française ou Albulale plus loin encore dans l'histoire) où, selon notre source,
les géologues qui ont étudié la région, elle aurait contribué à créer, aux
temps préhistoriques un lac considérable. Par ailleurs, une autochtone dénommée
Anna est à chaque fois émue, suit-on dans le site Sidi Bel-Abbès Khiwani, de
connaître sa région natale. Les eaux accumulées depuis des siècles dans une
sorte de cuvette naturelle, sur le site actuel de Sidi Ali Ben Youb, expliquent
probablement la présence des importantes sources qui jaillissent du sol, en
amont du village telles que, sur la rive droite : Aïn (source) Kaddour, Aïn
Skhouna, sur la rive gauche : Aïn Mekerra et Aïn El-Guelman. Parmi ces sources,
il semble que certaines étaient des sources thermales chaudes, comme l'indique
le nom de l'une d'elles - Aïn Skhouna -, indique-t-on, ont favorisé ainsi la
construction de thermes du temps de la présence romaine. C'est, d'ailleurs, ce
qui reste de la cité berbéro-romaine d'Aquilera : les ruines des thermes. Sidi
Ali Ben Youb et la Mekerra. Le site de Sidi Ali Ben Youb est resté d'ailleurs
réputé pour ses eaux, au cours de l'histoire. Quand les Hilaliens des
Béni-Ameur vinrent s'établir dans la région à l'appel du Roi Yaghmoracen de
Tlemcen, une fraction de ces tribus, les Doui Aïssa, occupa le site actuel de
Sidi Ali Ben Youb. Aux XIVème siècle, Sidi Ali Ben Youb, un taleb lettré, vint
prêcher la bonne parole dans la région. Les Doui Aïssa lui réservèrent le
meilleur accueil, lui célèbrent des terres sur leur fief et le saint homme
s'établit parmi eux, indique notre source (département histoire de l'université
Liabès Djilali).
Avant l'occupation française, le site était
connu sous le nom de «Hammam Sidi Ali Ben Youb», célèbre pour ses thermes comme
le sont Hammam Bouhanifia et Hammam Bouhadjar relativement tous deux à 60 km du
chef-lieu de wilaya de Sidi Bel-Abbès. La même source indique que des documents
attestent que l'Emir Abdelkader venait souvent dans ce hammam pour se reposer.
Une carte datée de 1841 fait mention de
«Hammam Sidi Ali Ben Youb» dans la région de Sidi Bel-Abbès, il est admis que
l'existence des nombreux oueds et rivières, dont la célèbre Mekerra, s'est
souvent conjuguée avec le spectre des inondations, crues, qui datent de
plusieurs siècles jusqu'à ce troisième millénaire, marqué il y a deux années,
par de sérieux dommages humains et matériels qui eurent lieu dans la région de
Moulay Slissen. Depuis, et surtout après ce qui arriva ici et là en notre pays
en cet automne 2008, les pouvoirs publics sont passés à la vitesse supérieure.
C'est ainsi qu'après l'étude des zones à risques qui identifia une vingtaine de
localités sur les 52 communes que compte la wilaya de Sidi Bel-Abbès traversée
obliquement notamment par cette imprévisible rivière de la Mekerra - qui a
donné son nom à la plaine et ne cesse d'alimenter toutes les chroniques puisque
les crues ont souvent dans le passé menacé le périmètre urbain jusqu'à une date
plus ou moins récente - l'on vit une déviation importante édifiée pour rassurer
les citoyens du chef-lieu. Hélas, dans la wilaya profonde, des actions devaient
être entreprises dans le même ordre d'idée du programme d'action global et
cohérent, vu que les variations saisonnières ne sont pas d'effet du seul Oued
de la Mekerra, avec près de 250 km de longueur, en comptant son prolongement
par Sig jusqu'à la Macta.
Des dégâts importants sont à rappeler lors
des crues du 26 avril 1904, il y a plus d'un siècle, 1928, 1941, 1959 et, plus
récemment, celles de 1966, 1986 et 1994, dans le coeur de la ville au faubourg
Thiers, Long d'eau, Perrin, Graba... jusqu'à la route d'Oran, suivies des
fameuses chutes de neige de 1967. En termes de démarches effectuées sur le
terrain tout récemment, d'abord à Ras El-Ma à 86 km du chef-lieu, un projet
finalisé au sein du quartier Emir Abdelkader. Cette première tranche concerne
la protection des populations contre les inondations. 15 milliards de centimes,
indique notre source le lundi 24 novembre de l'année 2008, ont été dégagés. Non
loin, à Oued Sbaâ, un autre projet figure, dont c'est la deuxième tranche. Par
ailleurs, dans la localité de Moulay Slissen, meurtrie il y a deux ans par les
puissantes crues qui ont dépassé l'entendement, un grand projet y figure pour
éviter que l'ancien pont, datant de l'ère coloniale, ne puisse servir de goulot
d'étranglement des eaux de l'Oued Ouzzène, connu pour ses débordements
dévastateurs lorsqu'il rencontre la Mekerra. La démolition dudit pont est
retenue, comme le sont d'autres actions sur les berges des oueds, ceci sous le suivi
du wali présent sur le site. A cela s'ajoutent les localités de Ténira (24 km
de Sidi Bel-Abbès ville) et Télagh au sud sur une cinquantaine de km, où les
Oueds Mazit et Bouzouley sont concernés par des projets de suivi, indique-t-on,
et ce pour la protection des populations contre les inondations, objectif tracé
à partir de l'étude des zones à risques citées plus haut. Revenons au contexte
historique relatif à Sidi Ali Ben Youb. En 1845, Doui Aïssa et les Ouled Sidi
Ali Ben Youb, fuyant la terrible répression des armées françaises, quittèrent
leur territoire pour émigrer au Maroc, avec le reste des Béni-Ameur. Ce fut une
terrible épreuve dont ne se relèveront jamais ces tribus.
A suivre
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Posté Le : 29/06/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : M Kadiri
Source : www.lequotidien-oran.com