Algérie

Sidi Bel-Abbès: Le procès des neuf officiers de police ouvert hier



Le procès des neuf officiers de police, l'ex-divisionnaire de Tlemcen en tête, impliqués dans une affaire de trafic de drogue, sur fond de présumées accointances et de connivence secrète avec un réseau transfrontalier basé à Maghnia, s'est ouvert hier devant le tribunal criminel de Sidi Bel-Abbès.

Signe de l'épaisseur de ce dossier : rien que la lecture de l'arrêt de renvoi a pris 2 heures et demie. La séance d'hier tout entière a été consommée dans l'interrogatoire des prévenus. Là encore, seule une partie d'entre eux - au total, il y a 22 mis en cause - a défilé devant la barre. A ce rythme-là, le procès prendra plusieurs jours. Parmi les témoins cités et présents à l'audience, les deux experts du Laboratoire régional de la police scientifique d'Oran qui ont eu à décrypter l'appel téléphonique volontairement caviardé du registre des communications du commissariat de Maghnia, le déclencheur de tout le mécanisme policier et judiciaire de cette affaire. Aujourd'hui, devra se poursuivre l'interrogatoire du reste des accusés, dont notamment l'ancien chef de sûreté de wilaya de Tlemcen, ainsi que les débats y afférents.

 Dans cette affaire, S. Mohamed est cité à la tête des neuf officiers de police soupçonnés d'accointances avec un réseau de trafic de drogue, dirigé alors par un narcotrafiquant notoire, N. El-Houari, un riche « affairiste » de Tlemcen, qui était recherché par Interpol et qui purge actuellement une peine de 18 ans de prison.

 L'ex-divisionnaire de la wilaya de Tlemcen (2002-2005), S. Mohamed, 59 ans, qui a rejoint le corps de la police au début des années 80, a exercé aux postes de chef de sûreté des daïras de Hadjout et de Berouaguia et chef de sûreté des wilayas de Béchar et de Mostaganem, avant d'être nommé par Ali Tounsi aux commandes de la police de Tlemcen en 2002, est mis en examen pour «complicité de trafic de drogue par organisation criminelle». Une autre charge pèse sur lui, l'article 180 du code pénal : il aurait « recelé une personne sachant qu'elle avait commis un crime ou qu'elle était recherchée en raison de ce fait par la justice ou sciemment soustrait ce criminel à l'arrestation ou aux recherches ». S.M clame toujours son innocence, crie au «complot ourdi» et du «règlement de comptes», accusant certains responsables locaux d'être derrière cela.

 La genèse de l'affaire remonte au 19 novembre 2005. Ce jour-là, à 9h15, un officier du commissariat de daïra de Maghnia reçoit un appel téléphonique faisant état de l'existence d'une voiture remplie de kif près du domicile d'un certain B.B., connu sous le sobriquet de «Ould El-Anzi» (le cabri), situé aux fins fonds de Maghnia. Munis d'un mandat de perquisition, des policiers investissent les lieux. Dans une Renault 25 rouge, garée près de la maison de B.B. et non fermée à clé, ils trouvent 275 kilos de kif dans le coffre. Sous le frein à main, un extrait de naissance et une copie de la carte d'identité de B.B. étaient posés à portée de vue. Ce dernier est arrêté. Ni la R 25, ni le kif qui était à l'intérieur ne lui appartiennent, selon lui. Il nie tout et crie au complot. Or, des indices convergents, dont des témoignages de voisins ayant vu la veille deux hommes planter le décor de la R 25 bourrée de kif, seront enregistrés à la décharge d'alias «Cabri», qui ne devra répondre finalement que de la détention illégale d'un fusil de chasse saisi chez lui.

 De qui provenait l'appel ? L'officier qui reçoit le coup de fil mentionne sur le registre des appels un numéro commençant par 071 et le nom de B.F. (faux nom). Mais il biffe ensuite au stylo ces indications. Selon ses dires, il l'a fait sur ordre et sous la pression de ses supérieurs, après que ceux-ci eurent identifié le titulaire de cette ligne téléphonique mobile, H.N., un gros bonnet de la drogue.

 Pour l'accusation, il y a de forts soupçons que c'est ce dernier qui, depuis sa cellule de prison, a tramé le coup de la R 25 pour régler son compte à B.B. Cette piste est confortée par la découverte, le 24 décembre 2005, de 25,4 quintaux de kif dissimulés dans l'ossature métallique d'une remorque de camion parquée dans un parking à Ghazaouet, véhicule appartenant, selon les investigations, à H.N. L'un des huit compartiments du plateau où était caché le kif était rempli de terre. Son volume coïncidait avec celui des 275 kilos de la R 25 rouge.




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