Algérie - Chouhadas et Moudjahidines

Sidi Bel-Abbès: le guillotiné Abdelkader Boumlik, symbole de la Guerre de libération



Abdelkader Boumlik dit "Si Kouider", chahid exécuté à la guillotine, est l'un des symboles de la glorieuse guerre de libération nationale et restera la "fierté" de la wilaya de Sidi Bel-Abbès.

Né le 24 novembre 1926 au douar Mehaid dans la commune de Belarbi (w. Sidi Bel-Abbes), Abdelkader Boumlik a vécu son enfance dans un milieu pauvre, réussissant néanmoins à obtenir un certificat de fin d’étude primaire (CEP) avant d’abandonner les études pour subvenir aux besoins de sa famille, indique Abbès Kouider, chercheur en Histoire.


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A l’adolescence, poursuit-il, Abdelkader Boumlik décrocha un emploi dans une briqueterie où il remarqua les conditions de travail de l'ouvrier algérien dans les usines des colons, un facteur ayant ainsi contribué à forger sa personnalité et à aiguiser son esprit patriotique.

Ainsi, il s'engagea dans l’action syndicale en 1949 et adhéra au Mouvement de triomphe des libertés démocratiques (MTLD) en activant au sein de l'Organisation spéciale (OS), selon le chercheur.

Au départ, Abdelkader Boumlik s'était vu confier la mission de distributeur de journaux nationaux et de tracts dénonçant le colonialisme et incitant les travailleurs algériens à revendiquer leurs droits à l'égalité, en plus d'écrire des graffitis pour mobiliser les masses en prévision du déclenchement de la Révolution.

Peu après le déclenchement de la Guerre de libération, Si Aissa Bouzid, chargé de la mission de coordination entre les régions de Sabra (Tlemcen) et Sidi Bel-Abbes, a rencontré Abdelkader Boumlik à la fin de l’année 1954 pour discuter des voies et moyens d’étendre la révolution dans la région qui connaissait une présence accrue des forces coloniales et où le manque d’armes se faisait sentir.

Abdelkader Boumlik a intensifié son action militaire sous le nom de guerre "Si Kouider", menant des opérations fidaies héroïques sous la houlette du commandement de la révolution dans la région. Son courage et sa perspicacité lui ont valu en 1955 d’accomplir d'autres missions, notamment celle de tenir des réunions dans sa maison au quartier Campo, qui porte aujourd’hui son nom et dans d'autres lieux secrets.

En un temps court, il parvint à former une cellule de fidaïs qui sema la terreur dans le camp des autorités coloniales. Il conduisit ainsi onze opérations dont celle de sabotage et de destruction de poteaux téléphoniques et électriques, d’attentat contre des membres de la police et de l'armée coloniale et leurs agents et d’attaques d’entrepôts et de fermes de colons.

Parmi les opérations fidaies spectaculaires, le vaillant Si Kouider a chargé le militant Mahdjoub El Ghaouti d’incendier une grande ferme d’un colon dans les environs de Kaid Belarbi.

Le 24 novembre 1955, Boumlik Abdelkader fut arrêté à proximité de sa maison familiale, a rappelé Pr Abbès Kouider soulignant que les forces coloniales ont également arrêté d'autres membres de la cellule fidaie, à savoir Dalaa Kaddour, Mehadji Benabdellah, Samiria Benabdellah, Kaddour Benamro Hor Abdelkader, le fidai dit Salah, Djilali Feraoun, Hadj Benzineb et Belabbès Saim qui furent incarcérés dans la caserne de la Légion étrangère au centre-ville.

Suite à des interrogatoires et des tortures 20 jours durant, ce groupe de fidaïs a été transféré à la prison de Sidi Bel-Abbes avant de comparaître 7 mois après devant le tribunal militaire d'Oran. Dans son intervention à l’audience, Abdelkader Boumlik a crânement défendu ses compagnons et sa cause avec courage et habileté, donnant une leçon aux colonisateurs.

"Une peine de 20 ans, je ne crois pas la passer dans les prisons de la France qui ne devra pas rester aussi longtemps dans mon pays. Je sortirai inévitablement de la prison d'ici un ou deux ans au plus", disait-t-il, ajoutant: "je ne reconnais pas le tribunal de l'ennemi français, qui n'a pas le droit de me poursuivre dans mon pays".

Les membres du groupe ont été condamnés pour plusieurs affaires à des peines allant de 5 ans de prison à la réclusion à perpétuité.

Abdelkader Boumlik fut condamné deux fois à 20 ans de prison et, après un appel en cassation le 25 mai 1956, à la peine de mort et fut placé dans une geôle avec son compagnon Hor Abdelkader.

Le 1er décembre 1956, il fut transféré seul vers la cellule 13 réservée aux condamnés à mort. Un numéro 7046 lui fut attribué.

Le 4 décembre 1956, il fut exécuté. Dirigé vers la guillotine, il recommanda à ses compagnons de continuer la lutte tout en leur rappelant qu'il a laissé une fille à Sidi Bel-Abbès. Ses dernières paroles furent "Allah Akbar et vive l'Algérie".

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