Dans certains foyers, il n'y a que le ramadan qui regroupe l'ensemble de la famille. Cela permet de renouer avec cette convivialité sociale propre au mois sacré qu'on ne retrouve pas le restant de l'année.Les journées et les nuits s'égrènent allègrement en ce mois de Ramadhan à Sidi Bel Abbès, dans un climat de piété et surtout de chaleur humaine. Au quartier le Rocher, à la sortie nord de la cité de la Mekerra, les membres de la famille Benayad se retrouvent au grand complet, peu avant 20 h, pour rompre le jeûne. Chaque année, c'est pareil. Autour de leur mère âgée de 78 ans, frères et s'urs, flanqués de leurs bambins, perpétuent une tradition qui veut que tous les membres de la famille se réunissent au domicile parental pour renouer avec cette convivialité sociale propre au mois sacré.
Les autres jours de l'année, les repas en famille sont rares, voire exceptionnels. Mohamed, le cadet de la famille, avoue avoir pris pour habitude, à l'exception du mois de carême, de dîner presque seul à la maison ou dans l'un des restaurants de la ville. «Partager le repas de l'iftar permet de maintenir et de resserrer les liens, mais aussi de faire face aux dépenses particulièrement onéreuses de ce mois», explique Mohamed, 37 ans, chauffeur de taxi de profession. La période du Ramadhan constitue indubitablement, selon lui, une véritable opportunité pour dissiper tous les différends opposant les membres d'une même famille. «C'est souvent l'occasion de mettre à plat bien des malentendus qui, généralement, induisent de sérieux désaccords familiaux», souligne-t-il. Bien plus que le repas du f'tour ou le couscous du s'hor, ces retrouvailles «sont parfois indispensables, car elles permettent de raffermir les liens entre les membres de la famille», ajoute-t-il.
Cette tradition, propre au mois de Ramadhan, continue d'être observée, notamment dans les quartiers populaires où cohabitent toujours, dans les vieux haouchs et autres maisons traditionnelles, plusieurs ménages issus d'une même famille. Lahbib, enseignant du cycle secondaire, trouve que cet esprit d'entraide et de convivialité tend, cependant, à disparaître avec le temps. «De nos jours, dans une société dominée par l'égoïsme et l'individualisme, les valeurs qui fondent la notion du ''vivre-ensemble'' s'effilochent», observe-t-il.
L'éclatement de la cellule familiale, qui est l'une des conséquences de l'évolution sociale, accentue cet individualisme souvent synonyme d'indifférence. A l'occasion du mois de Ramadhan, il n'est d'ailleurs pas rare de croiser des personnes de tout âge qui, faute de soutien familial, se rabattent sur les nombreux restaurants qui ont ouvert leurs portes à travers les quatre coins de la ville. «Les gens que vous voyez là ne sont pas nécessairement nécessiteux. Certains, en rupture avec leur famille, viennent ici à la recherche de la convivialité sociale propre au mois sacré», nous confie un jeune bénévole dans un des restaurants du centre-ville. Alors que certains se contentent de kits alimentaires qu'ils emportent chez eux pour «éviter les regards stigmatisants et dépréciatifs à leur encontre», explique-t-il.
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Posté Le : 07/08/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mammeri Abdelkrim
Source : www.elwatan.com