En effet, le chef de daïra de Sidi Bel Abbès, les directeurs de l’hydraulique, de l’Office national de l’assainissement, du centre d’enfouissement technique et plusieurs responsables des services techniques de l’APC ont été fermement instruits à l’effet d’assurer les travaux de nettoiement des canaux sus-cités. Ils ont été dépêchés sur le terrain, où, d’ailleurs, de gros moyens ont été mobilisés pour le nettoiement des canaux et la réhabilitation de la station de relevage manuelle (Toma), «complètement abandonnée depuis plusieurs années», de l’aveu même des responsables sus-cités.
En l’espace de quatre jours, des tonnes de vase et de détritus ont été évacués par les équipes de nettoiement. L’opération se poursuit et risque de durer plusieurs semaines, au vu de l’état d’abandon total de ces installations considérées comme névralgiques pour la protection de la ville de Sidi Bel Abbès contre les inondations, ainsi que pour l’alimentation du lac (site artificiel de décantation) et du barrage Sarno.
«Il y a eu des manquements sur le terrain. L’urgence consiste, aujourd’hui, à réhabiliter les installations de déviation suite à la forte mobilisation des citoyens et d’associations écologiques locales. Les responsabilités, de tout un chacun, seront clairement établies ultérieurement», dira le chef de daïra, M. Saâdi, interrogé par la presse.
Pour sa part, le directeur de l’hydraulique, Latab Abdelakder, a indiqué que l’entretien des installations de déviation incombe à l’Agence des barrages (ANTB), tout en signalant le retard accusé dans la réalisation de la station de relevage du POS de la route de Tessala. Fortement critiqué ces derniers jours sur sa gestion du secteur de l’hydraulique, M. Latab a annoncé l’attribution de deux marchés pour le curage et l’entretien des réseaux hydrauliques réalisés dans le cadre du dispositif de lutte contre les crues.
«Je demeure disposé à apporter tous les éclaircissements nécessaires aux représentants des médias et de la société civile, sur la conduite des projets relevant du secteur de l’hydraulique à Sidi Bel Abbès», a-t-il assuré.
Pour de nombreux citoyens, la préservation du lac ne peut pas se résumer seulement à des opérations de rattrapage, mais nécessite une démarche «transparente» et «responsable», incluant forcément l’ensemble des acteurs de la société civile qui n’ont pas hésité, ces derniers temps, à dénoncer les ravages causés par une «gestion opaque de la chose publique».
Soulignons que le lac Sidi M’hamed Benali s’étend sur une superficie globale de 26 ha, avec une longueur maximale de 750 mètres et une profondeur de 30 mètres. Il est conçu pour accueillir les eaux des crues et faciliter leur décantation, et ce, depuis la station de relevage Toma. En pleine eau, cette superficie est portée à 50 ha. Selon des membres associatifs, le lac, dont la capacité de stockage est de l’ordre de 3 millions de m3, a perdu presque les deux tiers de son volume par la faute d’un laisser-aller patent et d’une fuite en avant qui dure depuis de longues années.
Recommandations
Organisée à l’initiative de l’association écologique Jeunesse volontaire, la journée de sensibilisation sur le lac a réuni, jeudi, au centre culturel Benghazi Cheikh, des présidents d’association, des universitaires et des citoyens préoccupés par le devenir de ce plan d’eau et de son écosystème. Après l’ouverture de la journée par Ayadoun Sid Ahmed, président de l’association Jeunesse volontaire, trois conférences ont été données sur le diagnostic phytoécologique du lac, les aménagements effectués au niveau de ce site, ainsi que sur son avenir. Au terme de débats très animés, les participants à cette journée ont fait le constat que le lac est en danger sévère, car il n’est plus alimenté depuis des années.
Le niveau d’eau a, soulignent-ils, baissé de plus de 3 mètres, mettant en péril la flore et la faune. Ils ont, également, estimé que la fréquentation du lac est à l’origine de la dégradation du site de par le stationnement des véhicules et l’usage de feux de camp pour des après-midi barbecue. En plus, la dégradation par endroits de la clôture réalisée pour la protection du site constitue une source d’agression permanente par le cheptel. Aussi, des recommandations ont été émises par les participants, qui ont été unanimes à dénoncer le désastre écologique qui se profile à quelques encablures de la ville de Sidi Bel Abbès.
Il a été ainsi préconisé d’assurer en urgence une alimentation en eau du lac à travers le curage et la réfection des deux canaux qui ont été dégradés par certaines entreprises de travaux publics, rétablir le fonctionnement de l’écluse permettant en cas de précipitations de dévier le cours de la Mekerra vers le lac, de délimiter une zone dédiée au stationnement des véhicules hors du site, de renforcer la clôture afin de contrôler l’accès au site et de lancer un programme d’aménagement pour corriger les erreurs commises par le passé.
Pour les participants à cette journée, les pouvoirs publics sont désormais interpellés, à l’instar de l’Assemblée populaire de wilaya (APW), afin de clarifier l’avenir de cet espace dans le cadre des futurs aménagements.
Photo: Depuis mardi dernier, c’est le branle-bas de combat aux abords du lac de Sidi M’hamed Benali pour accélérer la décongestion des canaux de déviation de l’oued Mekerra. L’action citoyenne enclenchée pour sauver le lac d’un desséchement presque inéluctable, relayée par les réseaux sociaux et rapportée dans l’une de nos précédentes éditions (lundi 23 septembre), a fini par faire bouger les lignes.
Abdelkrim Mammeri
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Posté Le : 05/10/2018
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Abdelkrim Mammeri
Source : elwatan.com du 30 septembre 2018