Algérie - Revue de Presse

Sidi Bel Abbès: Démarrage laborieux du festival du raï



Le communiqué que des militants d'El-Islah ont distribué avant-hier, pour empêcher l'ouverture du Festival du raï, n'a eu aucun effet.

Autant dire un coup d'épée dans l'eau. Mais, de l'avis de tous les gens de Sidi Bel Abbès que nous avons rencontrés, la manifestation appelée pompeusement «Festival du raï» souffre de la désorganisation et de l'improvisation. Dans la ville, aucune affiche n'indique la tenue de cette manifestation. C'est l'animateur de la soirée, l'inoxydable Hmimiche, qui annoncera le programme. Le programme des soirées à venir, personne ne le connait, peut-être y compris les organisateurs eux-mêmes. S'agissant des journalistes chargés de la couverture de l'événement, tous basés à Sidi Bel-Abbès à une exception ou deux, ils n'ont obtenu leurs accréditations que quelques heures avant l'ouverture de ce festival. Quant à la sono, appartenant à l'APC, elle est loin de répondre au minimum des critères professionnels. Même le lieu qui l'abrite n'est pas très approprié. Parce que ce soi-disant festival ne peut pas drainer une foule nombreuse, on l'a installé dans une partie du stade du 24 Février. Pourtant, ce festival a, lui aussi, bénéficié d'une enveloppe conséquente : presque deux milliards de centimes, somme que les précédentes éditions d'Oran n'ont jamais obtenu. En dehors du 1.2 milliard que le ministère de la Culture lui a octroyé, l'APW de Sidi Bel-Abbès a contribué avec 300 millions de cts et la direction de la Culture avec la même somme.

 Démarrant laborieusement, la première soirée a versé dans la nostalgie. Pour cause, elle a vu des noms, dont le talent reste intact, mais qui renvoient à une époque. D'ailleurs, le public, jeune dans sa majorité et habitué aux refrains des stades, ne s'est pas empêcher de crier quand l'animateur annonce Warda et son groupe de meddahates. Ce qui a peut-être obligé cette dame et son groupe d'entamer sa prestation par des chansons à caractère religieux. Mais Warda peinera à susciter l'intérêt de la foule, ne dépassant pas dans les meilleurs des cas cinq cents personnes, dont la majorité des enfants et des adolescents. Il faut dire que les meddahates ont accédé à la scène après Cheikh Mohamed Sahli, de la région, et s'inscrivant parfaitement dans le registre du raï bédouin où la gasba tient une bonne place dans l'orchestration. Les rares femmes qui ont choisi de passer leur soirée dans le stade du 24 Février n'ont pu résister aux litanies de ce cheikh et lui ont rendu la politesse de danser sur ses chansons. Sans prétention, ce cheikh, encore jeune, s'est retiré en arrachant des ovations de son public. Une des surprises de cette soirée a été Chebba Fadéla qui a eu ses moments de gloire à l'époque où le genre raï avait commencé à s'arrimer à l'orbite universelle. Mais son retour sur la scène locale n'était pas triomphal. Mal servie par une sono faite pour les meetings, elle a eu toutes les peines du monde à accrocher le public. Elle puisera dans un large éventail de chansons, mais sans grand succès. Elle tentera même une reprise d'une chanson de la défunte cheikha Djennia. Pour stimuler ce public presque amorphe, elle n'hésitera pas de faire des louanges au club du football local, l'USMBA. On dirait que le raï et le foot se disputent le même réservoir des fans et supporters !!! Mais ce qu'on retiendra de sa prestation c'est cet aveu : «L'Algérie m'a élevée et la France m'a détruite». Quelques minutes plus tard, elle lance «je prends le risque de prendre un «boti» (chaloupe) mais je ne reste pas ici». Fadéla devait être suivie par Cheb Kader Japonais, apparemment un nom en vogue actuellement. Mais l'ennui et la fatigue se sont emparés d'une partie du public qui a commencé à déserter les gradins. Lotfi, la vedette du groupe mythique Raina rai a fait une apparition parmi le public et a été parmi les premiers à se retirer. Un indicateur sur les débuts très laborieux de ce festival.




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