Vieux débat mais toujours d'actualité, le problème du développement local et son corollaire, la question de la décentralisation des centres décisionnels, est souvent mal cerné en Algérie.A Sidi Bel Abbès, l'éclatement spatial des collectivités locales et les inégalités, surtout économiques, entre le nord et le sud de la wilaya, remet la question de la décentralisation au c?ur des préoccupations citoyennes et des décideurs politiques.Taffessour et Taoudmount, deux localités de l'extrême sud de la wilaya constituent indéniablement les exemples types des ravages causés par une centralisation excessive ayant fait de ces territoires des foyers de pauvreté extrême. Un groupe d'universitaires de la faculté de sociologie de Sidi Bel Abbès a mené une étude de terrain, en 2013, dans ces deux communes autour de la problématique du développement local. «Représentations politiques locales et développement local» est l'intitulé de cette étude publiée, en arabe, dans la revue maghrébine des études d'histoire et de sociologie.Tout l'intérêt de ce travail de recherche est de faire ressortir les difficultés d'initier des dynamiques de développement local dans des communes où les structures sociales traditionnelles freinent l'émergence d'un véritable échelon local décentralisé. «La configuration tribale, la cooptation et la dépendance financière excessive de ces territoires à l'Etat central ne permet pas d'entrevoir une évolution socio-économique», explique M. Kadouci, docteur d'Etat en sociologie. «De fait, le mode d'élaboration des plans communaux de développement (PCD) exclut la participation de l'échelon local», ajoute-t-il.Dans l'étude qu'il a supervisée, le rôle des responsables des deux communes est circonscrit à l'exécution d'opérations portant essentiellement sur la réalisation de logements sociaux, de réseaux d'eau potable (AEP), d'assainissement et de ramassage des ordures ménagères.Ces missions, lorsqu'elles sont menées à terme et dans les délais, dépendent ainsi exclusivement des PCD. «En l'absence d'autonomie financière, les actions locales sont menées par le niveau central qui apprécie à sa manière leur nature et leur ampleur», observe M. Laghouati, élu à l'assemblée de wilaya (APW). «Tant que les structures traditionnelles subsistent et que la logique du découpage territoriale est maintenue en l'état, la démarche de décentralisation et d'autonomie financière ne peut réellement aboutir», fait remarquer M. Kadouci, préconisant la mise en place de mécanismes alternatifs en matière de gestion locale «tout en reconstruisant de nouveaux rapports sociaux et politiques».Des cadres de l'administration locale sollicités pour se prononcer sur le thème de la décentralisation dans la wilaya de Sidi Bel Abbès mettent en avant la nécessité d'affirmation des communes en tant que vecteur actif de développement local. Cela exige, indiquent-ils, que leurs moyens juridiques, matériels et surtout financiers soient adaptés pour leur permettre de se gérer elles-mêmes. En ce sens, le concept de solidarité et d'intercommunalité revient souvent dans la bouche du chef de l'exécutif qui, depuis fin 2013, accorde la priorité en matière de développement aux communes défavorisés du sud. «La décentralisation doit être perçue comme outil de développement local.Elle ne peut avoir un sens unique car il faut tenir compte de chaque contexte local», considère le wali, Mohamed Hattab. Selon lui, l'affectation du foncier industriel dans le cadre du Calpiref pour la réalisation de projets économiques «doit se soumettre justement à cette logique». A Sidi Bel Abbès, la priorité en matière d'accès au foncier industriel est orientée, depuis deux ans, vers les deux pôles urbains du sud de la wilaya, Ras El Ma et Telagh.
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Posté Le : 02/04/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abdelkrim Mammeri
Source : www.elwatan.com