Algérie

Sidi Ayad (Béjaia) - 2e Salon de l’agriculture de montagne: Sadek Amar. Ingénieur, président de l’association «Les paysans peuvent créer leurs propres banques de semences»



Sidi Ayad (Béjaia) - 2e Salon de l’agriculture de montagne: Sadek Amar. Ingénieur, président de l’association «Les paysans peuvent créer leurs propres banques de semences»


Passionné pour la collecte des graines, Sadek Amar a exposé pas moins de 37 variétés de semences paysannes de tomates parmi les 201 variétés de sa collection, et ce, à l’occasion de la 2e édition du Salon de l’agriculture de montagne, organisé au village de Sidi Ayad, par l’association «défis pour la solidarité et le développement», en partenariat avec la DSA de la wilaya et la subdivision de l’agriculture de la daïra de Sidi Aïch.

Ingénieur en agronomie de formation et Président de l’association de développement de l’agriculture de montagne de Fénaia (El Kseur), il nous parle dans cet entretien des raisons et de l’intérêt de généraliser cette pratique dans le milieu paysan.

- Qu’est-ce qui justifie le recours à la collecte des semences locales?

Je crois qu’il est urgent aujourd’hui de faire sortir et d’identifier nos ressources qui sont dans les terroirs et les valoriser. Ces dernières sont les mieux adaptées à notre environnement climatique et géologique. Autrement dit, elles sont plus résilientes aux changements climatiques.

D’autant qu’elles sont plus naturelles et les citoyens algériens ont le droit de consommer des produits saints et savoureux. Ces semences sont aussi un bien patrimonial commun de l’humanité et renforcent également la biodiversité.

Les semences de terroir, paysannes, bio ou reproductible sont aussi un savoir-faire, une culture et une identité des communautés humaines. Par ailleurs, on ne peut pas ignorer, sur une échelle mondiale, que la sécurité et la souveraineté alimentaire ainsi que le réchauffement climatique font partie des enjeux mondiaux.

La guerre entre la Russie et l’Ukraine a révélé également la gravité de la dépendance de chaque pays des importations, ce qui menace en conséquence leur sécurité alimentaire.

Ajoutant l’impact du changement climatique qui a fait chuter les productions agricoles, paradoxalement les besoins alimentaires ne cessent de s’accroître… Donc, pour ne pas demeurer dépendant des semences importées et de tous ceux qui les accompagnent, comme les pesticides et les fertilisants…

- D’où avez-vous procuré toutes ces variétés?

La plupart des variétés, je les ai acquises grâce à des échanges avec d’autres collecteurs. Mais les nouvelles, on les a acheté soit en Algérie ou à l’étranger.

Nous avons opté pour ce type de semences parce qu’elles possèdent des caractéristiques de précocité et de croissance rapide (croissance déterminée ou indéterminée, semi ou naines), on est contraint de se les procurer chez les paysans étrangers. Donc, certaines sont introduites et on les a fait adapter au terroir.

J’ai réussi, même, à en créer une variété. Elle est déjà à la 5ᵉ année en attendant sa stabilisation. Bientôt, elle sera chez les amoureux de la tomate.

- Quel est l’avantage de l’utilisation de ce genre de graines?

Elles permettent aux paysans de s’autonomiser du marché tout en favorisant les échanges et le troc entre eux. Par conséquent, elles leur permettent de faire des économies en eau et en dépenses d’achat de semences et de produits phytosanitaires.

- Que prévoyez-vous pour élargir cette collecte de semences de terroir?

Les événements comme ce salon de l’agriculture de montagne de Sidi Ayed sont vraiment très intéressants comme d’autres. Mais aussi, nous sommes conscients qu’il faut créer des événements spécialement pour les semences locales, ou plus encore pour les ressources phylogénétiques et zoo génétiques (races).

Nous pensons que leur préservation relève d’une responsabilité sociétale. Il faut que les paysans parviennent à créer leurs propres banques de semences communautaires ou locales.

Pour ce faire, il faut procéder aux collectes participatives où faire impliquer les paysans, les citoyens, les acteurs associatifs, les comités de villages, les autorités comme les maires et les institutions agricoles à la préservation in situ. Car, c’est la meilleure méthode de préservation et de sauvegarde de leur patrimoine semencier.





Photo: D. R.

Nasser A.


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