Algérie

Sidi Amar Cherif (wilaya de Boumerdès) : La citadelle qui renaît de ses cendres



Perchée sur les hauteurs du mont Bouberek, la citadelle Sidi Amar Cherif domine sur son versant sud les riches vallées de Baghlia et Sidi Daoud, situées à l'est de la wilaya de Boumerdès.
Au versant Nord, la Méditerranée s'étend à perte de vue livrant les plages et le port de Dellys. Datant du IXe siècle, l'édifice s'est illustré durant les grands événements historiques de l'Algérie.
Il a également subi les affres des hommes et du temps. Un ambitieux projet de réhabilitation a été présenté il y a des semaines. Il ne s'agit pas d'une simple zaouia. S'étendant sur 15 ha, le lieu abrite un majestueux édifice sur une superficie construite de 25 000m2 où se dressent une mosquée, des classes de cours pour 408 étudiants, une bibliothèque, une salle de conférences, une résidence estudiantine, des logements de fonction et des espaces verts et sportifs.
Une histoire ancrée dans son peuple
On raconte que le sage Sidi Amar Cherif venait de Sakiet El Hamra et Rio de Oro (actuelle Sahara Occidentale). Il professait les saintes écritures et les préceptes de l'Islam. Après une vaine tentative de s'installer du côté de Abouda dans la commune de Larabaâ Nath Irathen dans la wilaya de Tizi Ouzou, il décida de déménager vers les monts de Sidi Daoud et y élire domicile en fondant cette citadelle. Par la suite, on rapporte que l'Emir Abdelkader a rendu visite à deux reprises (en 1838 puis en 1846) à ce haut lieu de culte et de conservation de la mémoire.
Il y a exhorté les populations à rejoindre la résistance. En 1871, sa participation à l'insurrection de la Rahmania lui valut une fermeture pour plusieurs années. Après la Première Guerre mondiale, c'est au tour du fils, l'Emir Khaled, de s'y rendre et d'y prononcer un discours politique appelant à défendre la conscience nationale.
Plusieurs autres sommités du savoir y ont exercé par la suite comme le Cheikh Tayeb Ben'Hmida de Tizi Ghouine de Dellys ainsi que d'autres savants issus de Djamaâ Ezitouna de Tunis. Durant les manifestations du 8 Mai 1945, la citadelle sera une nouvelle fois fermée par le maire pied-noir de la commune en raison des positions en faveur de l'appel des oulémas contre la présence coloniale.
Deux ans plus tard, elle sera réouverte sous condition. En 1956, l'armée française reprend possession des lieux suite aux ralliements massifs des étudiants de la Zaouia à la révolution armée. Beaucoup périront en martyrs. Pillée de ses matériaux ancestraux, saccagée et détruite, la citadelle antique perdra de sa superbe et deviendra un poste militaire colonial.
Il a fallu attendre l'indépendance, exactement en 1969, pour qu'elle soit reconstruite. Elle sera ouverte une nouvelle fois en 1972 où des professeurs d'Al Azhar y dispenseront des enseignements. En 1992, la citadelle sera fermée pour des raisons sécuritaires tant la région était infestée de terroristes. L'armée algérienne y installera un campement. L'année 2014 sera celle de la reprise des activités jusqu'en 2019 où l'association gestionnaire engagera une étude pour la rénovation et la modernisation de la citadelle.
La citadelle se projette dans la pérennité
Le projet de reconstruction est ambitieux. Il consiste en trois édifices. Une mosquée d'un étage. Une résidence pour enseignants et étudiants. Un immeuble comprenant une salle polyvalente, une bibliothèque et d'autres espaces pour des activités annexes. Les espaces verts sont des jardins dont certains potagers qui sont prévus pour subvenir aux besoins d'approvisionnement en produits maraîchers et légumes de la citadelle. Il est aussi question d'assurer une autonomie grâce aux recettes qui proviendront de la vente des produits agricoles.
Ce projet est estimé à plus de 191 millions de dinars. L'Etat compte apporter son aide. Un appel a été également lancé aux donateurs pour réunir cette somme. Ainsi et depuis 12 siècles, la citadelle de Sidi Amar Cherif renaît à chaque fois de ses cendres, tel un sphinx, elle reste imperturbable devant les soubresauts de l'histoire et des hommes qui ont cru en sa vocation de gardienne de la mémoire collective et des valeurs originelles.
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