Algérie

Sidi Aissa à Arbaout El Tahtani



Sidi Aissa à Arbaout El Tahtani


Sidi Aissa à Arbaout El Tahtani



SIDI AÏSSA-BEN-SIDI-MAMMAR Sidi Mâmmar ben Sliman-El-Aalya avait laissé deux fils, Aissa et Sâïd, lesquels donnèrent leurs noms à deux grandes familles établies dans le ksar Ech-Charef. Sidi Aissa avait hérité la baraka, c’est-à-dire les faveurs du ciel dont jouissait, pendant sa vie, son vénéré père. Sidi Aissa, qui, tout naturellement, avait le don des miracles,n’en usa pourtant que modérément pendant le cours de son existence terrestre ; ce fut surtout après sa mort qu’il intervint miraculeusement dans les affaires de sa descendance,suivant en cela, d’ailleurs, l’exemple qui lui avait été donné par son modeste et vénéré père, Sidi Mâmmar-ben-El-Aalya. Se sentant près de sa fi n, Sidi Aissa fi t appeler ses enfants,et leur donna le conseil de l’enterrer sur la face du ksar qui leur paraîtrait la plus menacée par un danger venant soit du fait des hommes, soit de celui des éléments. Selon le saint homme, sa dépouille mortelle devait être une barrière infranchissable contre laquelle viendrait infailliblement se briser toute tentative de la part de ces diverses sortes d’ennemis. Après avoir longtemps discuté sur cette question du point le plus menacé, l’assemblée fi nit par décider, à la presque unanimité, que le côté faible de la place était sur la rive gauche de Fouad, le point où ses eaux dévastaient les jardins du ksar par leurs trop fréquents débordements. Le corps de Sidi Aissa fut donc déposé en ce point. Comme le saint l’avait prédit, la rivière, débordée à la suite d’un orage torrentiel, prit, dès lors, une autre direction, et ses eaux se déversèrent, sans cause apparente, sur la rive droite, celle où leurs débordements ne présentaient aucun danger ; et elles en ont tellement pris l’habitude qu’aujourd’hui encore elles se répandent, par les temps d’ondées, ailleurs qu’en suivant leur thalweg naturel, et paraissent s’éloigner respectueusement du tombeau du saint marabout. Sidi Aissa-ben-Sidi-Mâmmar avait vidé sa coupe vers l’an 1450 de notre ère. Une simple haouïtha(1) marqua longtemps la place où fut déposée la dépouille mortelle de Sidi Aissa, ainsi que celle de son vénéré père, et ce ne fut que vers le commencement du XVIIIe siècle que des kbab(1) en rapport avec l’importance de ces saints leur furent élevées par les soins de Sidi Ben-Ed-Din, marabout de leur descendance. Ce saint homme eut, à recension de cet hommage, — un peu tardif, — rendu à ses ancétres, une aventure assez piquante avec Sidi Bou-Tsekil, un ouali de la descendance de Sidi Abd-el-Kader El-Djilani, qui était mort aux Arbâouat, en revenant de faire une visite à l’illustre Sidi Ech-Chikh, et dont les précieux restes avaient été déposes auprès de ceux de Sidi Mâmmar et de Sidi Aissa, son fils. Tout naturellement, Sidi Ben-Ed-Din ne s’était occupé que des saints de sa famille, de sorte que la tombe de Sidi Bou-Tsekil restait entourée de sa simple Muraille de pierres sèches, pavoisée de loques et d’ex-voto que dédaignerait même un chiffonnier chrétien. Sidi Bou-Tsekil (Boudkhil), qui avait la légitime prétention d’être un saint d’une valeur au moins égale à celle des marabouts des Arbâouat, et professant d’ailleurs cette maxime, — devenue plus tard un dogme politique, — que tous les saints sont égaux, Sidi Bou-Tsekil, disons-nous, avait résolu de faire cesser un état de choses qui n’était pas sans nuire à sa considération, même dans le séjour des bienheureux. Sidi Ben-Ed-Din, ses constructions achevées, s’en retournait, se félicitant de son oeuvre, à El-Abiodh-Sidi Ech-Chikh. Tout à coup, un fantôme de proportions exagérées, et enveloppé d’un suaire d’une teinte terreuse qui indiquait un long usage dans le tombeau de celui qui le portait, se dressa sur le chemin que parcourait Sidi Ban-Ed-Din ; un écart que fit sa mule, surprise par cette apparition, faillit le désarçonner. Selon l’usage des revenants de tous les pays, Sidi Bou-Tsekil arrêta Sidi Ben-Ed-Din en étendant les bras de toute leur longueur, ce qui augmentait encore lus dimensions du fantôme, à faire croire qu’il n’en fi nissait plus. Le saint des Oulad-Sidi-Ech-Chikh en fut tellement saisi qu’il oublia tout à fait la formule par laquelle on éloigne les djenoun, car il était persuadé que ce ne pouvait être qu’un de ces mauvais génies qui ne cherchent qu’à tourmenter les mortels. Mais il fut bientôt détrompé : car, se débarrassant de son suaire, Sidi Bou-Tsekil lui dit qui il était, et se mit à lui reprocher, en termes que la tradition dit avoir été assez vifs; bon manque d’égards envers lui. Sidi Ben-Ed-Din, qui ne savait trop que répondre à des reproches si mérités, balbutia quelques excuses que le saint trouva détestables. Enfi n, sentant qu’en définitive, le plus court, pour l’apaiser, était de faire construire au trop susceptible ouali la koubba qu’il réclamait avec tant d’amertume, Sidi Ben-Ed-Din lui promit de s’occuper sans retard de l’objet de la demande qu’il lui adressait, et de retenir les maçons de Figuig qui venaient d’achever les kbab de Sidi Mâmmar et de Sidi Aissa. A ces paroles, la colère du saint tomba comme du lait bouillant sur lequel en jetterait de l’eau froide, et il disparut aux yeux de Sidi Ben-Ed-Din, en laissant derrière lui une odeur de musc, — l’odeur de sainteté chez les Musulmans, très caractérisée. Quelque temps après, Sidi Bou-Tsekil eut sa coupole comme ses deux confrères en béatitude, et il en fut sans doute satisfait, car il ne dérangea plus, qu’on sache, sa dépouille mortelle dans un intérêt de satisfaction terrestre. L’ALGÉRIE LEGENDAIRE LE COLONEL C. TRUMELET
kada zaoui - el Abiodh Sidi cheikh, Algérie

17/01/2011 - 10360

Commentaires

مرحبا بجميع الناس
amine hemici - 748159 - 1995, Algérie

01/01/2011 - 9788

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