Algérie

Sidi Abderrahmane Ben Bouziane



Sidi Abderrahmane Ben Bouziane père de Sidi Mhammed fondateur de la Ziania s'était fixé a Taghit pour y
gérer des biens lui appartenant .C'est la que naquit Sidi Mhammed a L’époque de la vie où on est susceptible
de commettre des péchés. Des qu’il eut grandi, poussé par un appel mystérieux, et encouragé par l'amis de
son père Cheikh Sidi Abdelmalek Boungab Cheikh de la Zaouia Fouqania qui s'occupa de l'instruire lui même il
quitta son pays, Taghit Beni goumi, pour aller apprendre le Coran et. S’adonner a l’étude. Son origine, et sa
haute naissance car il était charif, descendant du Prophète par Idris le fondateur de Fez, fut probablement la
cause de ce penchant. 11 était, en effet, fils d’Abderrahman ,fils d’Abi Ziane fils d’’Abderrahmane , fils d’Ahmed,
fils d’othman , fils de Messaoud , fils d’Abdallah el Ghezouani, fils de Said, fils de Moussa,fils de d’Abdallah,fils
d’Abderrahmane fils d’Ahmed,fils d’Abdesselam fils de machich, fils d’Aboubekr,fils de Horrma, fils d’Aissa, fils
,de Salam, fils de Mazouar, fils d’Ali Haydara fils de Mohammed, fils d’Idris 11, fils d’ldris I, fils d’Abdellah, fils
d’Hassan fils de Hassan fils d’Ali et de Fatima Zohra.
Le jeune Mhammed partie de Taghit presque sans provision de voyage. Un de ses oncles paternels lui avait
donnée quarante mouzouna, petite monnaie du pays. II les échangea contre l’argent rachidien, monnaie de
Tafilalet, avec laquelle il put accomplir son voyage et se diriger sur Sidjilinfisa. Arrivé dans cette localité, il se
retira auprès du cheikh Sidi Mebarek Abdelaziz, chez qui il étudia le Coran.
Notre personnage ne tarda pas à devenir un vrai savant dans l’éxégèse coranique. Bientôt il obtint
l’illumination divine, en même temps qu’il acquérait de solides connaissances dans les sciences religieuses ou
mystiques. Il s’établit au Ksar des Oulad Berdala, ou il vécut. Sa manière de vivre, sa dévotion, son ascétisme
ne tardèrent pas à en faire de lui le disciple favori de Sidi Mebarek. Celui-ci recommandé même a sa propre
famille et a ses autres disciples de confier le soin de l’ensevelir à Sidi Mharnmed. On comprit que ce dernier
devait être l’héritier spirituel et posséderait le sirr (secret mystique) de son maître. Plus tard, Sidi Mebarek se
sentant rappelé vers Dieu fit la même recommandation à notre personnage.
Sidi Mebarek appartenait à la tarîqa (confrérie) des Châdiliya, comme l’indique la chaîne mystique qui
montre la transmission du sirr (secret) de cheikh en cheikh depuis l’ange Gabriel
L’Ange Gabriel - Le Prophète - Ali ben AbouTaleb - El Hasan el Basri- Habib el Adjami - Daoud et-Tai - Maarouf
el Karkhi – Sanisaqti - Djoueid - Djariri - Abou Taleb el Mekki- El Djouini –Ghazali -Abou l3ekr ben el Arabi -A bou
Ya’aza -Ali ben Harehem -Abou Medien -Abou Ahmed-Abderrahman el Madani -Abdessalm Ben Machich -Abou
hassan Châdili -Abou Abbés El Morsi -Ibn Ata Allah -Daoud el Bakhli-Ouafa -Ali ben Ouafa -Yahia el
Kadiri-Ahmed ben Okba -Ahmed Zerrouk -Ahmed ben Youcef -Ali ben Abdellah -El Ghazi -Ahmed Ben Ali
-Mohammed Ben Brahim-Abdellah ben Houcein -Mhammed ben Nacer -Mebarek ben Azzi -Mhammed ben
Bouziane
Sidi Mebarek ben Azzi étant. Mort, Sidi Mhammed s’acquitta de sa mission funèbre il lava le corps de son
maître et l’ensevelit 1ui même dans le linceul. Cela fait, pour imprégner sa propre chair des vertus (baraka) de
la chair du défunt, comme du sirr de celui—ci il avait imprégné son âme, il but une partie de l’eau qui avait servi
a laver le corps du mort. Les résultats de cette action ne se firent pas attendre : ils se montrèrent éclatants en
vertus multiples, en prodiges remarquables
Sidi Mhammed, suivant les recommandations de son cheikh, partit alors pour Fez, afin de parfaire ses
études coraniques et religieuses. Il resta huit ans dans cette ville, suivant les cours de la Medersa de Sidi
Misbâh. Dieu illumina de plus en plus son âme et lui accorda la plénitude des sciences concrètes et abstraites.
Les gens affluèrent auprès de lui pour jouir des bienfaits de ses entretiens spirituels.
Dans cette Medersa notre personnage suivit les cours de Sidi Mohammed ben Abde1kâder el Fasi, de Sidi
Abdesselam Gjâsous, de Sidi Ahmed ben El Hadj. 11 aimait, honorait, vantait les gens de science. Ceux-ci, a
leur tour, l’avaient en grande estime, et l’on cite, parmi ceux qui entretenaient une correspondance avec lui, des
savants tels que Sidi Mohammed Masnaoui , Sidi l’Hassan ben Rahal, Sidi Mohammed ben Zekri , Sidi
Mohammed Meiyâra , Sidi Ahmed ben Mebarek es-Sidjilmâsi , les fils de Sidi Abdelkader Fâsi, etc.

A Fez, Sidi Mhammed cherchait surtout la fréquentation des gens pieux. Parmi ceux qu'il fréquentait régulièrement chaque jour était Sidi
Abmed el Habib et Lemti, son frère en Dieu, et Mohammed el Ayachi, mort plus tard au Caire. Ils lisaient le Coran et récitaient le Dikr
ensemble. Mais notre saint aimait trop l'humilité obscure pour rester plus longtemps à Fez. Il quitta cette dernière ville et se dirigea vers le
pays de ses ancêtres, Kenadsa. II y séjourna d'abord quelque temps, puis s'y établit définitivement. Ce fut en a ce moment que Dieu lui
permit d'atteindre l‘état suprême des Soufis. De nouveau, de toutes parts, de l'Orient et de l'Occident, les gens arrivèrent en foule solliciter
les bienfaits de sa bénédiction. Dans ces circonstances il eut l'occasion d'accomplir de nombreux prodiges et ne tarda pas à être considéré
comme un des personnages les plus considérables de son époque. Sa réputation de pole des Soufis été bien établie chez ses
contemporains ; la cécité qui l'atteignit sept ans avant sa mort les confirma encore dans cette opinion. Sidi Abderrahmane Kerzazi lui-même
engageait les gens à faire des Ziara à Sidi Mhammed, preuve qu'il reconnaissait la supériorité de ce dernier. Cette supériorité se manifestait
dans toutes les particularités de la vie du Cheikh. II se retirait, pour prier, sur la crête des montagnes ou au fond des vallées, dans les
endroits déserts ou il n'avait d'autre fréquentation que celle de Dieu. De nombreuses localités dans lesquelles il a prié, aux environs de
Kenadsa, ont conserve son nom, notamment Hadjerat Sidi Mhammed, l'ermitage de Ras A in Sidi Mhammed, I'ermitage de Oumm Sebaa
(lion). Notre saint avait le pouvoir de se rendre invisible pendant huit jours, d'un vendredi à l'autre ; puis on le voyait tout a coup revenir de
quelque part avec un fagot de bois sur les épaules.
Sidi Mhammed ne vivait que d'herbages et de feuilles d'arbres; son légume préféré était l'irmas. A Fez il se nourrissait avec les
débris de légumes laissés a terre sur le remplacement des marches. Il ne mangeait que juste ce qu'il fallait pour vivre.
Il ne s'habillait que de laine grossière, ne mettait jamais de vêtements en coton ou en toile. Sur sa tête il portait une kerzia de
laine (sorte de turban au tour de la tête). Aux temps froids il mettait une chechia de laine sous cette kerzia. Son corps était protégé par une
kechaba de grosse laine, par-dessus laquelle il mettait un burnous noir du Sous appelé akhnif. Ce costume a été de tout temps, d'ailleurs, le
costume des prophètes et des soufis.
Pour lit, Sidi Mhammed n'avait qu'une natte, qui lui servait aussi de tapis de prière. Ce tapis ne le quittait pas, il le faisait suivre
partout avec lui. Par sa manière de faire les ablutions, la prière, d'assister aux funérailles, de payer l'impôt zekat, de jeûner, de faire le
pèlerinage, de pratiquer la guerre sainte, Sidi Mhammed était un exemple vivant pour tous les Musulmans.
En voyage il montait un âne ; s'il marchait, il allait pieds nus où ne portaient que de simples sandales. Dormait-il ? C'était sur sa natte ou sur
le sol. Il ne changeait pas d'effets; il les lavait lui-même lorsqu'ils étaient sales.
11 ne quittait jamais son chapelet ; ne cessait de réciter, soit seul, soit avec des frères, le divin Coran, ou de se livrer a l'étude. 11
répétait souvent la sentence suivante, qui était sa devise favorite:
<>, c'est à ¬dire: (il faut dire) le chapelet et (travailler avec) la planchette sur laquelle on écrit
le Coran) — jusqu'à l'extinction du souffle de l'âme. Il ajoutait: ~< Ceux qui savent le Coran par coeur et le récitent constamment sont comme
s'ils conver¬saient avec Dieu pendant les heures du jour et de la nuit. ~>
Lorsque Sidi Mhammed ben Bouziane se fut fixé définitivement a Kenadsa, il trouva le pays manquant d'eau et fort pauvre. Ni
fortifications, ni lieu protégé ne défendaient les gens contre les incursions des Arabes nomades et sauvages.
II décida d'y construire une zaouïa. Il la bâtit en pierres et briques jointes au mortier d'argile. Sidi Mhammed recherchait en effet
les matériaux qui préservent successivement de la chaleur et du froid. Alors que les khouans (frère de la confrérie) et les visiteurs
devenaient de plus en plus nombreux et nécessitaient l‘agrandissement des constructions, il ne se servit jamais de chaux, de carreaux de
faïence, de marbre. . Même le minbar de sa mosquée fut fait en maçonnerie ; on y accédait. Par trois marches en briques. Plus tard il en fit,
faire un en bois par des ouvriers de Fez.
Sidi Mhammed aimait toutes les œuvres de bien. Il creusa des puits à l'usage des Musulmans dans la zaouïa même, aménagea les sources
de Tikoun rabi et de ‘Ain el Baraka. Avant la création de la Zaouia, les gens de Kenadsa étaient presque dénués de ressources.
L'établissement de notre saint personnage dans cette localité rendit ces mêmes gens riches et les biens affluèrent vers eux de tous côtés.
Les Pillards se trouvèrent impuissants contre la zaouïa et ses protégés, ils furent même obliges de servir Sidi M hammed de gré ou de force.
La Horma de ce dernier devint célèbre on s'y rendait de toutes parts et beaucoup de gent s'y établirent a demeure. Le saint traitait, les
affaires des visiteurs qui venaient demander ses conseils et ses bénédictions. 11 disait volontiers sous forme de sentence :
Quiconque est venu a nous n'a pas été déçu dans ses espérances,
Qui est sorti de chez nous a toujours réussi.
Les pieux visiteurs apportaient en retour a La zaouïa les produits que le Sahara ou les environs de la zaouïa ne pouvaient fournir: le blé,
l'orge, la graisse de mouton, le mil, etc. L'influence de Sidi Mhammed était aussi grande que son humilité était profonde les zouar (visiteurs)
qui venaient le trouver étaient surtout des gents de Beni Snassen (tribut du nord d'Oujda) des Beni Bou Zeggou (tribut a l'ouest d'Oujda)de
l'Oued Za (environ de Ain béni Mathar des Oulad Amor (environ de Debdou), des Beni Fachât(tribu entre ouled Amor et Debdou), des Beni
Oudjqa!(tribut des plaine de Melouya)), des gents de la région de Debdou et de celle de Tlemcen,Nadroma, Ils arrivaient quelquefois à la
zaouïa au nombre de quatre cents hommes. Leur point de concentration pour ce pèlerinage était au sud de Debdou ; la première étape était
à El Khourat ; la deuxièrne a Aioun el ksar ; La troisième a Oulad Harnou Arzaq ; la quatrième el Hacian (les deux puits) ; la cinquième a
Ain Chair. Là les zouar déposaient les provisions nécessaires pour le retour. La sixième étape était à Boukais. Le septième jour on campait
prés de la colline d'Oumm Sebaa ; la nuit de ce jour on envoyait un exprès au Cheikh pour le prévenir de l'arrivée de la caravane. Telle était
la coutume. Le huitième jour les zouars arrivaient à la Zaouïa de Kenadsa.
Grâce à la renommée du Cheikh, le Ksar était devenu un véritable entrepôt. Avant l'installation de Sidi Mhammed, ses contribues se
contentaient de faire le commerce du sel, de le porter de pays en pays et de le vendre au détail. Depuis cette installation, et grâce à la
baraka du saint, ils ont fait tous les genres de commerce. Le saint était, en effet, un véritable palladium d'origine divine pour ceux qui vivaient
autour de lui. Ses frères et ses khouans étaient, par lui, en sûreté partout ou ils allaient. Ils n'ont jamais cessé jusqu'a nos jours, d'aller et
venir a travers le pays, de commercer, de gagner de l'argent, de posséder des biens dans diverses régions, depuis le Sous au Maroc
jusqu'au Sahara de l'Est, du Cherg au Maghreb.
Mouley lsmail avait envoyé son fils Mouley Ali dans les régions du Guir et de Figuig pour traquer les marabouts faisant du prosélytisme.
Lorsque Mouley Ali en prenait un, il le tuait, dépouillait ses héritiers, et s'emparait de leurs propres biens s'ils réclamaient. Le fils du Sultan,
étant arrivé a Figuig, envoya dire a Sidi Mhammed de venir se présenter a lui. Sidi Mhammed partit, au grand étonnement du public, malgré
les avis contraires de son entourage qui craignait pour sa vie. On laissait ressortir que, dans tous les territoires traverses par Mouley Ali,
celui-ci n'avait pas laissé échapper un seul marabout, et tout le monde craignait pour la vie du Cheikh. Mais il se présenta devant le jeune
potentat, lui rendant les devoirs que Dieu lui-même veut qu'on rende l'Emir des Croyants. Après cette rencontre, le fis de l'émir, Mouley
Ismail le traita avec bienveillance, lui parla avec des paroles pleines de douceur.Dé lors tous les vizirs et tout l'entourage du prince traitèrent
a qui mieux le Cheikh.
Lors du départ de ce dernier pour sa zaouïa, des courtisans s'étonnèrent auprès de Mouley Ali d'une telle réception : < Parmi tous ceux
qui sont venus me trouver, leur' dit-il, je n'ai point vu d'homme aussi pieux. Il m'a paru comme un lion rugissant a mes oreilles, j'ai compris
que c'était le lion des saints et je l'ai traité de mon mieux .Quant au Cheikh, il avait fait des voeux pour le prince et l'avait mis en garde contre
les fautes graves.
Tous les compagnons de Sidi Mhammed se réjouirent de son retour auprès d'eux, sain et sauf. C'était le soir en revenant vers
Kenadsa, ils passèrent près d'un oued et campèrent sur la berge. Le Cheikh leur dit : ~< cet oued va grossir et tout inonder. Quelqu'un lui
dit : il peut grossir, mais il ne viendra pas jusqu'a nous, il viendra, dit le Cheikh. Une heure ne s'était pas encore écoulée que l'inondation
avait lieu et obligeait les gens à lever le campement au plus tôt. Une partie des bagages fut emportée par le courant et il fallut les repêcher.
Le Cheikh avait montré par cette prédiction combien Dieux le favorisait.


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