Evolution préoccupante
du sida chez les enfants. Si jusqu'à 2005, 14 cas seulement de sida pédiatrique
ont été enregistrés au niveau régional, les statistiques de 2009 font craindre
le pire aux spécialistes, puisque pour cette année uniquement, 10 cas ont été signalés
à travers les établissements hospitaliers spécialisés.
La transmission
materno-fÅ“tal du virus inquiète et démontre clairement que l'épidémie est
dynamique et que le mal est dans la population générale, estiment médecins et
spécialistes. A cette cadence de transmission verticale du virus de la mère à
l'enfant, les professionnels de la santé se mobilisent pour lever le tabou sur
cette maladie qu'ils considèrent une pathologie comme les autres et crient haut
et fort pour que cesse cette politique de l'autruche lorsqu'on parle du sida.
Loin des considérations religieuses et sociales, le combat actuel doit être axé
exclusivement sur la prise en charge des malades atteints du VIH car, nous dira
le président de l'observatoire régional de la santé, ces patients ont les mêmes
droits aux soins et aux médicaments que les autres et ils ne doivent pas être
marginalisés à cause de leur maladie. L'augmentation des cas de sida
pédiatriques est un signe révélateur, explique ce spécialiste en épidémiologie,
que l'épidémie est dynamique et incite désormais à une sensibilisation très
poussée vis-à-vis de la population pour qu'elle soit informée des risques du
sida et aussi une intention particulière vis-à-vis des personnes à risques, les
toxicomanes, les travailleurs du sexe et même la population carcérale qui sont
les plus exposés et les plus touchés par la transmission du VIH.
On ne peut plus
dire maintenant que le virus du sida est issu de l'immigration comme cela a été
le cas au début de l'apparition de l'épidémie en Algérie dans les années 80, le
VIH est autochtone et en continuelle augmentation de nouveaux cas chaque année.
A Oran, qui reçoit les cas de toute la région de l'Ouest, 100 nouveaux cas sont
enregistrés par an. Ce chiffre marque la moyenne pour chaque région, nous
explique le président de l'observatoire. Si on multiplie 100 par le nombre de
régions, 5, puisque le Sud est divisé en Sud-Est et Sud-Ouest, le nombre de
nouveaux cas monte en flèche avec 500 contaminations au niveau national. Pour
revenir à la transmission verticale de la mère à l'enfant, le spécialiste
insiste sur la prise en charge précoce et particulière de la mère séropositive,
car il existe aujourd'hui des moyens de détection du virus permettant de
déterminer plus rapidement après la naissance si l'enfant est porteur du VIH.
Comment se fait
la transmission materno-fœtale ? Elle peut se faire soit pendant la grossesse,
soit au moment du travail et de l'accouchement, soit enfin lors de
l'allaitement. Mais avec un dépistage précoce et une prise en charge de la mère
de la grossesse jusqu'à l'accouchement et même après, le bébé né d'une mère
séropositive ne sera pas infecté grâce à une prise en charge thérapeutique et
une surveillance permanente de la grossesse. Contre tous ces risques et complications,
les médecins restent persuadés que la prévention contre l'infection des femmes
et jeunes femmes permet d'avoir moins de femmes infectées et par conséquent
moins de femmes susceptibles de transmettre le VIH à leurs enfants. Il faut
aussi promouvoir l'accès des femmes séropositives aux moyens de limiter les
grossesses non désirées, qui restent nombreuses faute d'avoir accès aux
services de prévention adéquats. Pour les femmes qui désirent avoir des enfants
et qui sont déjà séropositives, il faut leur donner les moyens d'avoir accès à
une prophylaxie capable de prévenir la transmission du virus à leur enfant.
Cela doit se faire pendant la grossesse, mais également au cours de
l'accouchement et pendant l'allaitement.
A ce propos, le
président de l'observatoire attire l'attention pour lever le tabou sur
l'homosexualité qui est une réalité dans notre pays et par conséquent une prise
en charge des homosexuels conformément à la loi sanitaire est indispensable
pour limiter la transmission du virus. Il évoquera aussi la grande mobilité des
travailleurs du sexe et l'apparition de la prostitution de luxe qui touche de
plus en plus d'adolescentes. «C'est une réalité», dira ce professeur, «pour la
santé de la population, il est de notre devoir de les prendre en charge comme
ils ont droit eux aussi au traitement, au médicament, à la vie, à la dignité et
à la confidentialité et au secret lorsqu'ils sont atteints du sida.»
Il s'agit,
explique notre interlocuteur, d'une population vulnérable qu'il faut
sensibiliser, orienter et mettre en confiance. Mais sur ce point, se pose le
problème de manque de centres de dépistage spécialisés pour le sida. A Oran, il
existe un seul centre à Cave Gay qui reçoit ces malades, alors qu'en
application de la loi sanitaire, il devait y avoir l'ouverture de 50 centres
pour le dépistage du sida qui assure toute la discrétion aux malades qui
viennent pour le test. Ce chiffre est loin d'être atteint.
En attendant la
réalisation de ces établissements, les associations de protection contre le
sida mettent l'accent sur les campagnes de sensibilisation. C'est le cas de
l'association de protection contre le sida d'Oran qui a choisi cette année
d'organiser à Mascara, le 24 juin, une journée d'information sur la maladie à
laquelle, en collaboration avec l'ordre des avocats de cette wilaya, sont
invités des avocats et des juges d'instruction. Le but est de sensibiliser les
magistrats sur la progression du sida en milieu carcéral, dans les prisons et
les centres de rééducation et de faire des hommes de la justice des acteurs de
prévention contre le sida. «Il faut lever le tabou à tous les niveaux pour
préserver la santé de tous», conclut le président de l'observatoire de la
santé.
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Posté Le : 21/06/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mokhtaria Bensaâd
Source : www.lequotidien-oran.com