Dans des termes mesurés, Sid-Ali Beldjerdi, le secrétaire général du syndicat national de Naftal, fait une évaluation de la série de rencontres syndicales organisées autour du devenir de Naftal, une entreprise stratégique dont le chiffre d'affaires s'élève à plusieurs milliards de dollars.
Liberté : Après la tenue du conseil national du syndicat et le regroupement des syndicalistes de Naftal pour l'est du pays, voici le tour aujourd'hui d'une nouvelle réunion à Oran. À quoi obéissent ces rassemblements '
Sid-Ali Beldjerdi : Il s'agit d'abord de privilégier le travail de proximité et d'être toujours à l'écoute de notre base. Car, pour nous, il ne peut exister de sommet s'il n'y a pas de base solide. Comme il a été rapporté par la presse, c'est essentiellement le projet prêté à Sonatrach d'implanter un nouveau réseau de stations de service et de concurrencer sa propre filiale Naftal qui agite actuellement les travailleurs de l'entreprise. Nous nous interrogeons, en effet, sur les visées d'une telle démarche. À quel objectif répond cette orientation ' On a beau chercher, il nous est difficile d'appréhender les motivations réelles de la société-mère. Nos capacités d'analyse qui nous ont toujours éclairés nous font soupçonner l'existence d'une menace imminente de 'liquidation" de l'entreprise. C'est la 'raison d'être" de Naftal qui est, aujourd'hui, remise en cause. Aussi, doit-on être spectateur sinon témoin de la mort programmée de notre entreprise ' Doit-on, d'ores et déjà, nous résigner au sort qui sera décidé pour Naftal ' Devons-nous subir le diktat de concurrents dont certains sont des multinationales peu soucieuses du développement économique du pays ' À toutes ces questions, les travailleurs disent : 'Non", 'non" et 'non", Naftal n'est pas à vendre ! De nos rencontres, il ressort que les travailleurs de Naftal se tiennent tous prêts à faire face à toutes les convoitises et autres desseins qui ne cadrent pas avec les intérêts moraux et matériels de leur entreprise. À tous les apprentis sorciers, ils disent : 'Bas les pattes !".
Vous avez évoqué récemment l'existence d'une volonté 'manifeste" de démanteler Naftal. Comment se traduit-elle '
D'abord, on occulte délibérément les sujétions du service public liées aux prix administrés et à la péréquation que seule Naftal prend en charge sur l'ensemble du territoire national. Sonatrach qui approvisionne également nos concurrents n'accorde, à ce titre, aucune mesure préférentielle à sa filiale, Naftal.
On pourrait croire que Sonatrach, en situation de monopole, veuille imposer aujourd'hui de nouvelles 'règles concurrentielles". Mais non, ce n'est pas le cas puisque sa filiale à 100%, en l'occurrence Naftal, ne peut faire appel à un autre fournisseur autres que sa maison mère. Il ne peut s'agir donc ici que de concurrence déloyale.
Ce ne sont pas les exemples qui manquent. Il y a le problème engendré notamment par l'interchangeabilité des bouteilles de gaz butane, l'approvisionnement en lubrifiants des concurrents de Naftal. Cette dernière question a été soulevée notamment lors du conseil national qui dans, son ensemble, n'arrive pas à comprendre comment des multinationales de réputation mondiale puissent venir conditionner en Algérie des produits finis fournis par Sonatrach pour les écouler ensuite en leur propre nom sur le marché national. On nous a bien parlé d'économie productive, non ' De patriotisme économique et de règle 51/49 ' Que s'est-il passé alors ' Qu'on s'entende bien, notre action n'a rien de fractionnel, car nous sommes, avant tout, les premiers défenseurs de Sonatrach, notre société mère.
Vous avez parlé également d insulte à l'intelligence" et de 'marginalisation" des cadres et des travailleurs de Naftal. Pouvez-vous être plus explicite '
Dans leur mauvaise foi, certains responsables au sein de Sonatrach, je dis bien au sein de Sonatrach, s'imaginent que nos cadres et travailleurs sont incapables de s'inscrire dans une perspective d'économie de marché. Et pourtant nous nous sommes toujours montrés prêts à répondre aux règles de commercialité et aux exigences du marché induits par les orientations économiques du pays. Doit-on mettre de côté nos compétences avérées et reconnues ' N'avons-nous pas les ressources nécessaires pour faire entendre notre voix, celle de la raison ' Bien au contraire, nous devons être très reconnaissants envers les cadres et tous les travailleurs de notre entreprise qui travaillent dans un environnement hostile et empreint d'une concurrence plus que déloyale. Dans tous les cas de figure, nous faisons la promesse ici de tirer au clair les tenants et aboutissants de cette situation.
Votre rencontre d'Oran sera probablement sanctionnée par un nouvel appel à la mobilisation. Jusqu'où êtes-vous prêts à aller pour faire entendre vos revendications '
Vous savez, il y va de la responsabilité des représentants syndicaux que de se concerter et de débattre de ces problèmes cruciaux. Nous n'excluons, bien sûr, aucune décision qui viendrait à être prise par les travailleurs à l'issue de ces rencontres.
Aucune action susceptible de préserver l'outil de production et les intérêts des travailleurs n'est, ainsi, à écarter. Maintenant, si Sonatrach est intéressée par la distribution, qu'elle réintègre Naftal dans son giron. Ceci dit, nous continuons à croire aux vertus du dialogue, une valeur civilisationnelle que nous avons toujours privilégiée.
M C L
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 15/01/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mohamed Chérif LACHICHI
Source : www.liberte-algerie.com