Algérie

Sid Ahmed Ghozali : «Ce ne sont pas les amendements qui vont régler quelque chose»



L'ancien chef du gouvernement, Sid Ahmed Ghozali prévoit de rédiger un mémorandum pour consigner ses propositions pour un changement politique, et de le remettre «à qui de droit».

Sid Ahmed Ghozali est le troisième personnage politique à être reçu à la présidence de la République, dans le cadre des consultations que mène, depuis samedi matin, Abdelkader Bensalah assisté de Mohamed Touati et de Mohamed Ali Boughazi, pour le compte du président de la République. SAG a été invité dans la matinée d'hier et s'est entretenu avec les membres de la commission nationale, au sujet des réformes que le président de la République veut mener pour provoquer le changement politique. Invité en tant que personnalité politique, SAG a été avare en propos si on évalue le temps qu'il a passé à l'intérieur de la salle de consultation. C'est à peine s'il y est resté une demi-heure.

Il a donc expédié son rendez-vous en deux temps, trois mouvements. L'ancien chef du gouvernement a cependant expliqué cette apparition éclair par, en premier, le respect qu'il a accordé à l'invitation qui lui a été adressée. «Je suis venu aujourd'hui par correction, je n'ai rien à dire,» a-t-il déclaré à sa sortie de la consultation. En fait, en deux phrases, SAG a suffisamment dit pour clarifier sa position de ce que le président veut entamer comme réforme. «Ce que je devais dire, je l'ai déjà dit il y a des années mais ça n'a pas été pris en considération,» a-t-il expliqué. Il estime ainsi que «ce n'est pas les amendements qui vont être apportés aux textes de loi qui vont régler quelque chose et que la situation du pays va changer.» D'autant, a-t-il ajouté «que les lois et la Constitution ne sont plus respectées depuis une dizaine d'années.» L'ancien chef du gouvernement qui a eu déjà à se réclamer du système - «harki du système» avait-il précisément déclaré dans un entretien au «Quotidien d'Oran» - semble avoir gardé intact en tête le fonctionnement du pouvoir, en rappelant à l'opinion publique que le pouvoir n'est pas unique. «Je m'adresse au pouvoir apparent et non apparent (ou visible et occulte puisqu'il avait dit en arabe el bathine ou edhaher)» et le prévient «s'il refuse de regarder les choses en face, on va droit vers le chaos (sadma),» a-t-il affirmé. SAG ne se contentera pas cependant, de la demi-heure de discussions qu'il a eues hier avec les délégués du président de la République. Il a promis en effet, de rédiger «une sorte de mémorandum» dans lequel il compte consigner ses propositions pour un changement politique dans le pays. Mémorandum qu'il compte bien remettre «à qui de droit (limen yahoumohou el aâmr).» Il préfère ainsi s'adresser au bon dieu qu'à ses saints.

SAG veut certainement adresser sa requête à Bouteflika à qui il a reproché – certes sans le nommer- d'avoir violé la Constitution «depuis une dizaine d'années.» Rappelons que les consultations politiques ont commencé samedi dernier dans l'immeuble mitoyen au siège de la présidence de la République. Le premier qui a ouvert le bal est le président du parti El Islah, suivi dans l'après-midi par Mohamed Saïd en tant que personnalité politique mais qui a aussi été candidat à la présidentielle de 2004 et est surtout quémandeur depuis plusieurs années, d'un agrément pour un parti politique. Hier après-midi, c'était au tour du président du MSP, Abou Djerra Soldani d'être reçu. Aujourd'hui dans la matinée, la commission nationale consultera la patronne du PT, Louisa Hanoune. Bien que la commission de Bensalah semble alterner ses consultations entre partis et personnalités politiques, l'on pense qu'aucun ordre et qu'aucune liste n'a été établie au préalable. La commission organise probablement ses consultations selon le rythme de l'acceptation ou pas des invitations qu'elle adresse. Les personnalités ou les partis qui y répondent les premiers sont reçus en premier. Ceci si l'on accepte une lecture «au premier degré du comment sont menées ces rencontres et sur quelles bases les rendez-vous des invités sont fixés.»

Autrement, il doit bien y avoir une explication très politique et bien réfléchie au rythme auquel elles sont menées, au moment où elles se tiennent, au passage «dans le désordre» des consultés et au choix de l'identité du trio Bensalah/Touati/Boughazi. Il est certain que rien n'est jamais laissé au hasard. Seulement les scénarii d'exécution du changement politique promis par le chef de l'Etat sont réaménagés, au fur et à mesure de leur exécution et en fonction des changements qu'ils provoquent et des réactions qu'ils suscitent.




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