Algérie

Si-Zaghdoud reconnu par les siens



Le Musée du Moudjahid Ali Kafi a abrité dernièrement un symposium historique à l'occasion du 175e anniversaire de la disparition de Si-Zaghdoud, l'un des premiers chefs des résistances populaires ayant marqué la lutte du pays contre le colonialisme français.Organisée en collaboration avec l'association Rusicade, la rencontre a permis de mettre en exergue le rôle joué par ce personnage dans la lutte contre le colonisateur, non seulement dans la région de l'Edough, mais aussi à Zerdazas, Skikda, le massif de Collo, voire même aux frontières des wilayas de Constantine et de Jijel.
Plusieurs communications ont été faites par des professeurs, venus de plusieurs universités du pays qui ont eu à revenir sur les conjonctures historiques de cette époque et aussi sur le rôle joué par ce résistant dans la fédération des tribus locales.
Originaire du Cap de fer, à l'extrême est de Skikda, Si Zaghdoud reste l'une des figures historiques du pays les moins citées, pour ne pas dire les plus mises aux oubliettes en dépit d'une lutte féroce menée contre les généraux français de l'époque. «Si Zaghdoud était dans la province de Constantine ce qu'est Abdelkader (l'Emir) dans les provinces d'Oran et d'Alger», écrivait en 1885 le colonel De Montagnac dans l'une de ses lettres. Ce même De Montagnac qui assassina Si-Zaghdoud le 3 mars 1843, non loin des rochers escarpés du Cap de Fer.
Malheureusement, le personnage n'a jamais eu les égards et les reconnaissances qui devaient être les siens. À Skikda, on s'est juste contenté de faire porter son nom sur le fronton d'un lycée, et jamais, les historiens locaux, pourtant très prolifiques de sujets à connotation régionaliste, ne se donneront la peine de revenir sur le vécu et l'histoire de cet homme qui aspirait à libérer Constantine.
Berbère des Ouled Djebbara, Si Zaghdoud s'installa à Douar Ouled Mennada au Cap de fer bien avant la colonisation.
Très instruit, il entamera sa lutte contre le colonisateur le 19 juin 1841 en refusant de se plier aux contraintes que voulait lui imposer un sous-lieutenant nommé Allaume dont il attaqua le convoi. Si-Zaghdoud se proclamera Sultan de l'Est et réussira à rallier les tribus des Zardezas à sa cause pour entamer alors une véritable guerre d'usure contre les militaires français. Sa clairvoyance et sa bravoure finiront par attirer d'autres tribus de la région de Guelma, de Skikda et du massif de Collo à sa cause.
Ses ennemis, des généraux français, lui reconnaîtront la finesse de ses stratégies guerrières, surtout lors de la bataille de Souk-Tlata, près d'El Harrouche, ainsi que l'attaque qu'il mena contre le camp militaire d'Eddis. Si Zaghdoud poursuit sa lutte jusqu'au mois de mars 1843 lorsqu'il fut donné par son propre secrétaire qui montra aux soldats français la grotte où il se reposait au Cap de fer. Il sera décapité et sa tête fut longtemps exhibée à Constantine et à Skikda.
L'initiative du musée d'El Moudjahid de Skikda a certes le mérite d'avoir tenté de dépoussiérer l'histoire de ce personnage historique, même si l'évènement est passé presque sous silence, privant ainsi les citoyens intéressés d'assister à cette commémoration.


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