Algérie

Si vous allez à Tigzirt


Des plages dorées, des sites antiques emblématiques et chargés d'histoire et... d'histoires à raconter aux visiteurs. S'il y avait encore les guides touristiques. Les villes littorales de la wilaya de Tizi Ouzou, Tigzirt et Azeffoun représentent un atout incontestable pour l'économie locale. Des villes qui peuvent apporter un coup de starter à l'industrie touristique nationale.À Tigzirt et Azeffoun, les plages au sable doré accueillent depuis le début de la saison estivale des visiteurs venus de tout le territoire national. Elle accueille aussi des familles de la communauté nationale à l'étranger. Des estivants qui font aussi, faut-il le signaler, marcher les affaires des commerçants toutes catégories confondues. La saison est, contrairement aux années précédentes, mieux organisée grâce à la nouvelle démarche adoptée par les différents intervenants allant du wali de Tizi Ouzou jusqu'aux élus des deux communes. Pour voir de plus près cette organisation et le climat régnant sur les plages, les restaurants et les établissements hôteliers, une virée à Tigzirt se fait nécessaire.Des sites antiques attirent de plus en plus de visiteurs
À Azeffoun et Tigzirt, il n'y a pas que les plages. Les deux villes représentent un vaste champ à découvrir. Des sites archéologiques et antiques sont dispersés sur toute l'étendue de la région. En plus de l'antique Iomnium, la cité romaine fondée par le gouverneur romain d'origine berbère, Septime Sévère, la région présente encore d'autres vestiges qui se trouvent à Iflissen, commune littorale limitrophe de Tigzirt et plus proche d'Azeffoun. À Azeffoun, les dalles d'Ait Rhouna constituent également une destination à visiter absolument.
Ces atouts représentent pour les agences de tourisme une mine d'argent, de l'avis de beaucoup de personnes avec qui nous avons discuté. «Au lieu de s'occuper des billets d'avion et des Omra uniquement, ces agences doivent participer au développement et à la promotion de la destination Algérie. En impliquant les transporteurs privés, ces dernières peuvent proposer des circuits touristiques aux visiteurs désirant découvrir ces sites éloignés de Tigzirt et de la ville d'Azeffoun», explique un habitant de la ville de Tigzirt, attablé à la terrasse d'un café non loin de la plage Tassallast.
D'autres jeunes proposent de prendre en charge l'animation culturelle et artistique des deux villes durant la saison estivale. «Nous voulons proposer des galas artistiques aux familles pour animer leurs soirées. La ville de Tigzirt possède de nombreux établissements pouvant accueillir les activités comme le cinéma Mizrana, le camp de jeunes ainsi que les terrasses des hôtels comme le Mizrana» affirme Mourad, un jeune qui explique qu'il ne faut pas toujours attendre les autorités pour trouver des solutions. «On peut proposer des solutions. Ce n'est pas toujours la mairie qui doit tout faire», estime-t-il.
Restauration et hébergement et formule hébergement chez l'habitant explosent
Dans la ville, les estivants ont bonne mine. Les services proposés ont visiblement connu une véritable amélioration en matière de prix comme la qualité. « Les estivants trouvent tout ce qu'ils cherchent. Cette année, les augmentations des prix de la bouteille d'eau n'ont pas été suivies par les commerçants. Moi personnellement, cette année, je n'ai pas augmenté le prix de la bouteille. Je trouve qu'on a commis une grande erreur de l'avoir fait durant les saisons précédentes», reconnaît un commerçant du centre-ville.
«Je ne m'en plains pas. Au niveau de l'hôtel où je suis logé, le service est impeccable. Il y a une nette amélioration par rapport aux années précédentes», affirme un estivant habitué de la ville de Tigzirt. «Moi, cette année, j'ai opté pour l'hébergement chez un habitant de la ville. J'ai loué pour un prix un peu cher mais j'ai la maison pour un mois», explique un visiteur accompagné de toute sa famille. La formule semble connaître un véritable succès. La location chez l'habitant, adoptée depuis plusieurs années à Tigzirt, est à présent en vogue. Beaucoup de visiteurs optent pour ce procédé qui arrange également les affaires de certains habitants de la ville. «Je loue ma maison pendant les trois mois de l'été. Ma famille retourne au village où je possède aussi une autre maison. L'argent gagné, je l'utilise pour assurer les frais de la rentrée scolaire», affirme Mourad, un habitant de la ville de Tigzirt.
Objectif: faire mieux que les années précédant la pandémie de Covid-19
L'optique est largement à la portée. Le retour des visiteurs après trois années de vaches maigres est une opportunité que tous les commerçants ne veulent pas rater. Après la dèche des années de la pandémie de Covid-19, les affaires reprennent pour toutes les activités. «Ces dernières années, il m'a fallu beaucoup de courage pour maintenir mon restaurant ouvert. Déjà que les années d'avant la pandémie je ne travaillais réellement que les trois mois de l'été. Alors avec cette maladie et l'absence totale des visiteurs à cause des mesures prises par l'Etat, croyez-moi que les clients se comptaient sur les doigts», raconte un restaurateur qui ne cache pas sa satisfaction de voir les estivants revenir avec force.
Au niveau des plages, l'amélioration est également décelable aux premiers pas. «Les locataires de parasols ne sont pas très agressifs. Durant ces dernières années, j'ai eu du mal à trouver une place pour planter le mien. Tout était pris par ces derniers qui voient d'un mauvais oeil l'estivant qui vient menu de son parasol», explique un homme accompagné de ses enfants. «La sécurité sur les plages est impeccable. Je vous jure que je dors en laissant toutes mes affaires ouvertes. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé mais il y a un énorme changement», reconnaît un autre estivant qui dit avoir assisté à une scène vraiment étonnante. Une dame est apostrophée par un jeune homme qu'elle a repoussé vigoureusement. Alors le jeune ouvre sa main et tend à son interlocutrice une chaîne en or. «C'est à vous madame, je l'ai vu tomber. J'étais juste derrière vous», dit le jeune homme. «Ici tout le monde se soucie du bien-être de tout le monde. Franchement, je n'arrive pas à expliquer cela», affirme notre interlocuteur.
À quand la braderie
ou la foire permanente'
À Tigzirt, les personnes âgées de plus de quarante ans parlent avec nostalgie de l'ancienne braderie qui se tenait au niveau de l'entrée principale du site de la ville antique. Cet endroit tenait lieu d'une foire permanente. Elle se tenait du début à la fin de la saison estivale. Il y avait sur place toutes les choses que pouvaient acheter les estivants. Les étrangers raffolaient d'objets traditionnels ou artisanaux que les artisans fabriquaient en quantités pour les proposer durant l'été. «En ce temps-là, la vie était belle. Les touristes venaient de partout. Il y avait des touristes d'Europe de l'Est, d'Europe de l'Ouest, voire même d'Amérique et d'Angleterre. La ville était très propre. Il y avait des touristes qui pleuraient au moment du départ. Je l'ai vu de mes propres yeux», raconte avec nostalgie Da Ameur qui tenait justement une table dans la même braderie où il vendait des objets qu'il fabriquait à base de bois.
Aujourd'hui, les artisans sont en attente d'une foire permanente à Tigzirt et Azeffoun. Cette tradition doit être ressuscitée pour participer à la relance de l'activité artisanale locale. Le développement du tourisme passe d'ailleurs par l'émergence d'un secteur artisanal très dynamique et fort.