- Comment l'Algérie peut tirer profit de l'expérience turque en matière de textile et d'agroalimentaire 'Il y a simplement des pratiques à identifier et des principes à suivre. D'une manière générale, il faut d'abord s'autosuffire, c'est-à-dire répondre aux besoins primaires de la population qui est de manger.
Pour cela, nous avons tout ce qu'il faut, la terre fertile et de l'eau et il n'y a aucune raison, en principe, pour que cet objectif ne soit pas atteint. Puis vient le deuxième principe : c'est la transformation et nous avons la tête baissée. Car, la première règle n'est pas acquise. Donc, nous assumons ce retard. Nous sommes en train de mettre des couches au-dessus et pourtant tout est accessible.
Comme la ressource est rare, il faut faire un choix et se demander dans quel domaine je peux avoir un taux d'intégration important et si j'ai moins de 40%, pas la peine de s'aventurer ou de perdre du temps... La sélection ici est de mise. L'idée est de ne pas pouvoir faire l'impasse sur le diagnostic existant. Nous devons aussi faire de la substitution à l'importation, mais à condition que cela ne revienne pas plus cher que les produits importés, sinon nous n'aurons pas de chance pour l'exportation. Un détail important à soulever : la main-d'?uvre.
Nous devons être dans la productivité. C'est-à-dire, moi, l'employeur, je paye 20% plus cher ma main-d'?uvre, mais je sais que la productivité sera de 20% de plus. Le souci en Algérie est que l'abondance de la main-d'?uvre n'existe malheureusement pas. Si aujourd'hui, on voudrait mettre 1000 femmes derrière une machine dans un endroit, on ne peut pas les trouver dans certaines zones où le taux de femmes travailleuses est bas.
Toute production qui nécessite la cueillette pose d'ailleurs problème. A Dubai, par exemple, c'est grâce à cette main-d'?uvre que la productivité s'est développée. Même méthode utilisée en Espagne. Aujourd'hui, en Algérie, les machines remplacent la main-d'?uvre ! Si un jour la frontière sud est exploitée davantage grâce à la main-d'?uvre, cela rendra service au secteur de l'agriculture. La Turquie avait d'ailleurs la même préoccupation que l'Algérie, c'est-à-dire : nourrir. Et après avoir atteint cet objectif, elle développe l'industrie agroalimentaire.
En Turquie, on a atteint le stade de la sous-traitance. Et étant donné les liens forts entre la Turquie et l'Allemagne, les Turcs ont su et même pu tirer profit et se demandent pourquoi alors ne pas suivre la compétence allemande. La Turquie s'est donc appuyée sur son client principal, ce que nous n'avons pas chez nous. Nous ne sous-traitons presque rien. Au début, la Turquie était l'atelier des Allemands pour devenir ensuite un relais.
- La réduction des importations permettra-t-elle de booster cette filière qui se cherche '
Non. Elle créera la spéculation. Toute cette question de licences d'importation ne fait qu'accentuer la spéculation. C'est d'ailleurs l'exemple du ciment, des bananes. Il y a une déperdition des valeurs. On a simplement détruit le dinar et le pouvoir d'achat. Ce que je veux dire, ce n'est pas forcément la bonne solution.
- Et le partenariat public-privé, comment faut-il l'orienter pour qu'il soit une réussite '
Pour les secteurs marchands, l'Etat n'a pas à s'en préoccuper. Tout cela est dépassé à mon sens. Nous sommes en train de reculer et nous ne trouvons toujours pas les bonnes solutions. L'Etat n'a en principe rien à y voir. Au lieu de ce partenariat public-privé, il faut simplement encourager le domaine commercial marchand.
Mais ce qu'il faut noter au final est que dans toute industrialisation, il faut établir une réflexion et avoir des objectifs et surtout les déclarer pour évaluer ensuite. Et cette option n'est jamais appliquée en Algérie. Nous n'avons jamais tracé des résultats attendus.
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Posté Le : 23/02/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Nassima Oulebsir
Source : www.elwatan.com