Algérie

Si tout devait venir de Rome!



Cinq milliards d'euros de dédommagement pour colonisation, guerre injuste et destruction, ce n'est vraiment pas cher payé. Si, en plus, le versement de cette somme est étalé sur 25 ans, alors on se rend bien compte combien tout devient si dérisoire et insignifiant. Pourtant, tous les peuples et tous les Etats le savent, dans ce genre de compensation la somme importe peu et l'échéance intéresse moins encore. Surtout lorsqu'il est question de pays qui ont quoi mettre sous la dent. Ce qui importe vraiment, par contre, c'est ce qui sous-tend cet accord de réparation car, faut-il le préciser, il ne peut y avoir d'acceptation de réparation que s'il y a reconnaissance de tort.

En signant, la semaine dernière à Tripoli, l'accord par lequel son pays s'engage à verser à la Libye, cinq milliards d'euros sur 25 ans, Sylvio Berlusconi n'a fait que reconnaître le tort et le préjudice de l'occupation italienne de la patrie d'Omar El-Mokhtar. En signant de son côté, El-Kadhafi n'a pas été regardant sur le montant, ce qui signifie que les Libyens ont su apprécier à sa juste valeur l'acte de Berlusconi. Un acte qui, contrairement aux paroles insensées de Sarkozy, permet d'assumer les erreurs et les exactions des ancêtres.

L'accord de samedi n'est pas une première en soi, bien sûr, mais il revêt une importance particulière, précisément à ce moment, aussi bien pour nous Algériens que pour les Français.

En effet, si les Italiens d'aujourd'hui ont eu le courage et le mérite d'assumer la continuité de leur société, de leur Etat et de leur histoire, en reconnaissant leur tort passé, on peut légitimement se demander ce qui empêche la France officielle de faire de même pour une colonisation plus destructrice, plus longue, et beaucoup plus meurtrière.

Des deux côtés de la Méditerranée, on s'est toujours plaint de la difficulté à tourner la page, sans avoir jamais rien fait pour y arriver. S'il est plus que nécessaire d'exorciser les démons, aujourd'hui avant demain, il n'appartient, cependant, pas à la victime d'effacer la noirceur d'une page de plus de cent trente ans d'injustice, de mépris, de destruction, de feu, de sang, de larmes, d'exils et de vies humaines. C'est pourquoi l'acte italien devrait certainement servir d'exemple et donner à réfléchir à nos amis de l'autre côté de la rive.

Autrefois, la renaissance culturelle a bien eu pour berceau l'Italie et, aujourd'hui, l'exemple vient encore de ce même pays qui pourrait servir de point de départ à une renaissance morale. Finalement, si tout devait venir de Rome!




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