Vers la fin de l'année 1955, l'armée Française s'installa à Tafrent. Les soldats fouillaient jours et nuits les villages et les mechtas environnantes. Ils pillaient les maisons de la population en majorité paysanne, violaient leurs femmes et filles, détruisaient leurs récoltes et massacraient leurs bétails. Si Salah pensa mettre un terme à ces oppressions infernales dont souffraient tous les habitants innocents et sans moyen de défense. Il pensa aussi au moyen de soudoyer les Algériens exerçants sous le drapeau Français. Un jour il s' habilla en paysan ( fruitier ambulant ), avec sa gandoura et son burnous il alla vendre des noix devant le camp militaire Français. Là il rencontra le garde champêtre Ahmed Harsous, avec lequel il étudia les moyens d’entrer en contact avec des soldats algériens qui étaient devenus sensibles à la cause et voulaient aider les moudjahidines.
C'est ainsi qu'il réussit à convaincre quelques soldats, qui lui ramenaient, chaque fois que cela était possible des uniformes, des munitions et des médicaments. En peu de temps le nombre d'adhérents atteignit 18 personnes, qui opéraient sous le commandement d'un soldat originaire de l'Oranie qui s'appelait Dahmane. Celui-ci se chargea aussi d'informer les moudjahidines sur les déplacements de l'armée Française. Si Salah pris contact avec le sergent Salah Nezzar responsable de relève jour et nuit. C'est ainsi que les contacts secrets avaient lieu, presque quotidiennement, le plus souvent à Ain-Touta au café dénommé : Bouyekhf.
Accompagné de Kaddour Nacer et Mohamed Zekkour, Si Salah expliqua au café, le projet de destruction du camp militaire de Maafa. Ensemble, ils firent venir le jeune Zekkour Smail qui travaillait avec eux et qui n'éveillait aucun soupçon à cause de son âge. Celui-ci devait établir un contact avec le sergent Salah Nezzar pour lui annoncer le projet et solliciter son aide importante. Il lui avait promis pour une collaboration totale et efficace une récompense d'une somme de trois millions de centimes. Le sergent accepta sans hésiter.
Smail le revit plusieurs autres fois afin de régler les détails de l'opération. Lors de leur dernière rencontre, Salah Nezzar et Smail ont définitivement tranché en ce qui concerne la date de l'opération. En l'occurrence, la nuit du 30 mai 1956 à une heure du matin.
Cette opération était entourée d'une discrétion totale et la date retenue était maintenue secrète, jusqu'au 29 mai 1956 à 17h00, date à laquelle, Si Salah rassembla sa compagnie à Ikhanoussen ( ferme agricole de son oncle, Si Brahim Zidani : ex bach adel du tribunal de Batna ) pour leur annoncer les détails de l'opération. Le groupe était composé de soixante quinze persones. Si Salah explique qu’il faudrait neutraliser d'abord les sentinelles et que le succès de l'opération en dépendait complètement. Enfin, avant de conclure sa réunion, Si Salah sollicita l'engagement de toutes les personnes présentes.
Au lieu dit Tafrent, se trouvait un vieux fort devant lequel s'étend une surface déserte. Les moudjahidines au nombre de 45 combattants s'y rendirent en attendant le grand moment. Si Salah figurait en tête du groupe, du fait qu'il avait déjà minutieusement étudié le terrain et connaissait donc parfaitement les lieux. Le groupe s’arrêta au niveau des oliviers du garde champêtre Ahmed Harsous afin de lancer le signal lumineux à ses complices à l’intérieur du camp. Comme convenu, le signal de la lampe électrique entraîna le lancement du mot de passe : ADHRAR de l’intérieur du camp pour annoncer le déclenchement de l’opération. L’attaque commença et les combattants levèrent les fils de fer barbelé pour céder le passage. Si Salah s’est introduit dans le camp en compagnie de Salah Bouzidi , Chaib lakhdar , Hassen Djidjeli , Leblidi , Ali Araar , Tahar Mehmahi , Messaoud Medkour , Larbi Elhachemi et le sergent Salah Nezzar.
Ainsi, conformément aux directives, les sentinelles furent éliminées presque toutes à l’arme blanche et tous les moudjahidines ont réussi chacun à prendre sa position. C’est ainsi qu’une bataille farouche a été livrée par nos glorieux combattants qui s’est soldée par une réussite totale. Le positionnement d’un fusil mitrailleur 30 américain face à la porte du camp coupa la sortie aux soldats Français qui tombaient les uns après les autres à l’intérieur du camp. On déplora finalement quatre Chouhadas du côté des combattants : Hassen Djidjeli , Ali Araar , Tahar Mahmahi et Lebledi. Alors que pour le camp ennemi, on recensa une quarantaine de morts.
Au même moment, aidés de civils, les moudjahidines Kadour Nacer , Mohamed Zekkour, Abdallah Meddour et Harsous Messaoud étaient chargée de s’emparer de toutes les armes et munitions disponibles au camp. Le butin fut transporté au lieu dit Taghidh N’Messaoud où il fut dissimulé pour servir aux prochaines batailles et armer les nouvelles recrues. Les pistes environnantes furent également sabotées afin de ralentir l’arrivée de renforts deAïn-Touta et compliquer d’avantage la tâche aux soldats.
Les représailles des forces françaises furent à la hauteur de la barbarie du colonisateur. Il utilisèrent tous les moyens terrestres et aériens et le douar de Maafa a été complètement brûlé. Leurs tentatives de rattraper les rebelles sont restées cependant vaines, car les braves combattants s’étaient déjà repliés loin dans les montagnes la période qui suivi l’attaque fût extrêmement délicate pour les moudjahidines. Ils devaient en fait se terrer pendant un bon moment à cause du déploiement intensif des forces ennemies sur le terrain.
C’est ainsi qu’ils se dispersèrent par petits groupes. Si Salah passa 9 jours très difficiles à l’intérieur d’une casemate. Il n y disposait donc que de SMEN et de figues pour se nourrir, ce qui lui sauva la vie. IL a faillit également devenir aveugle à cause de l’obscurité totale au cours de son séjour
Si salah pris par la suite la tête d’un groupe de 40 personnes parmi lesquels Salah Bouzidi, Said Baloula, Mohamed Salah Ghoufi, ils relièrent quelque temps après le groupe dirigé par Omar Benboulaid (frère du chahid Mostapha) et prirent la direction de la soummam (Kabilye) en août 1956 pour assister au congrès national. Cependant, à leur arrivée ils découvriront que le congrès avait pris fin. Ils rencontreront le colonel Amirouche qui ignorait en ce moment la mort de Mustapha Ben Boulaid. En fait, et sur ordre de son frère Omar (responsable administratif), personne n’avait le droit de révéler la mort du grand chef de la première wilaya.
Lorsque le colonel Amirouche apprit la mort de Mustapha Benboulaid, il décida de partir immédiatement aux Aurès, plutôt que de communiquer par courrier les directives et les lois décrétées par le congrès de la Soummam. Il estima qu’un travail d’explication et de sensibilisation devrait être fait et y tenait à s’en charger personnellement. La disparition tragique de Mustapha ne devait en aucun cas compromettre la poursuite de la lutte disait-il. Il demanda ainsi à Omar Benboulaid de choisir des personnes dignes de confiance qui devaient l’accompagner pour son déplacement vers la Wilaya 1. Omar désigna Si Salah, celui-ci accompagna le colonel et ses compagnons parmi lesquels on peut citer : Youcef Yaalaoui, Cheikh Amor et deux secrétaires.
A Chelia ils restèrent deux jours puis continuèrent la marche jusqu’au centre de la wilaya 1, où ils devaient rencontrer Adjoul Adjoul. Malheureusement, à cette étape de leur périple dans les montagnes, un accrochage eut lieu entre les hommes ralliès à Omar Ben Boulaid. Heureusement cet incident était sans gravité, les groupes se dispersèrent et Amirouche avait pris une direction inconnue. Si Salah et son groupe suivirent Omar Benboulaid, ils demeurèrent ensemble pendant 4 jours avant que Si Salah ne demande l’autorisation de quitter Kimel afin de se rendre à la région de Aïn-Touta. Il obtient l’autorisation et prit le chemin tout seul jusqu’à sa région où il se joignit à M.C Benakcha sous la tutelle de laquelle il poursuivra sa lutte sans faille.
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Posté Le : 10/05/2009
Posté par : hichem
Ecrit par : Melica Ouennoughi
Source : etudescoloniales.canalblog.com