«Si on s'entend à l'Aïd, on ne s'entendra pas à l'Achoura ! »: Les musulmans ont encore des problèmes avec la lune

Aujourd'hui, c'est jour de Achoura en Algérie, et dans le respect de la tradition, beaucoup d'Algériens ont jeûné hier dimanche. L'Achoura est chez nous, ce lundi, de la manière la plus officielle possible. En Arabie Saoudite, ce ne sera que demain, a décrété la Haute cour religieuse. Un communiqué de la Direction générale de la fonction publique a décrété que la journée du lundi 5 décembre 2011 sera «chômée et payée pour l'ensemble des personnels des institutions et administrations publiques, y compris les personnels payés à l'heure ou à la journée». Mais ailleurs, tout le monde ne partage pas notre calendrier. Si le royaume de Jordanie célèbre, comme nous, l'Achoura aujourd'hui, il n'en va pas de même de la très islamique Arabie Saoudite qui ne le fêtera que demain mardi. La lune fait encore des siennes entre les pays musulmans. Et si nous avons commencé le Ramadhan avec les Saoudiens et fêté l'Aïd avec eux, on a cessé de s'entendre sur l'Achoura. Comme quoi, la fameuse boutade qui dit «si je ne t'ai pas mangé à l'Aïd je te mangerai à l'Achoura» est applicable aux sempiternelles divergences de calendrier. Cela donnerait «si on s'entend pour l'Aïd, on ne s'entendra pas pour l'Achoura». Il faut dire que même en Arabie Saoudite, les fouqaha n'ont pas parlé de la même voix créant une situation de polémique. Une partie de ces religieux a décrété que l'Achoura était le lundi. Une autre partie de fouqaha s'appuie sur les observations des astronomes pour estimer que l'Achoura sera le mardi. Selon les astronomes, il y avait impossibilité d'observer la lune de moharrem le vendredi 25 novembre et donc le samedi 26 était le 30ème jour de doul hidja. Conséquence, le 1er Moharrem correspond au dimanche 27 novembre et non au samedi 26 novembre. Du coup, le 10ème jour de moharrem tombe le 6 décembre, donc demain. Un professeur à l'université Oum El Qora, le Dr Ihsane Al Mouataz a expliqué qu'il n'y a que deux possibilités. «La première est que le samedi soit effectivement le 1er Moharrem et dans ce cas, l'Achoura tombe le lundi avec un jeûne souhaitable une journée avant ou une journée après. La seconde possibilité est que samedi soit le 30 doul hidja et le dimanche le 1er Moharrem et dans ce cas, l'Achoura tombera le mardi». Il a fallu que la Haute cour religieuse saoudienne se saisisse de la controverse et tranche, samedi, en publiant un communiqué indiquant le mardi 6 décembre la journée de l'Achoura.

VOYEZ AVEC LE GRAND MUFTI OU FAITES CE QUE BON VOUS SEMBLE !

Tout cela ne va pas sans provoquer des grognements. Certains cheikhs en Arabie Saoudite, selon des intervenants sur des forums internet, ont persisté à dire que l'Achoura, c'est le lundi. Mais comme la Haute cour saoudienne a parlé… Dans certains sites religieux, on se soumet… A l'image du site Al Kanz qui a annoncé que «comme un très grand nombre de musulmans à travers le monde, nous étions nombreux à penser qu'il fallait jeûner demain et après-demain. Or, la Cour suprême d'Arabie saoudite, par la voix du cheikh Abdul Aziz Bin Abdullah Aal Al-Cheikh, grand mufti d'Arabie Saoudite, a annoncé que le jour de jeûne de Achoura correspond au mardi 6 décembre, comme le rapportent plusieurs sources fiables». Ce changement ayant suscité des commentaires acides de la part de certains lecteurs «mécontents», le site Al Kanz précise qu'il n'est pas à l'origine de la décision de changer les dates. «Voyez donc directement avec le grand mufti d'Arabie Saoudite. Inutile de vous répandre en admonestations et autres commentaires virulents, qui du reste sont modérés ou supprimés. Cette information devait être communiquée. Elle a été communiquée, chacun en fait ce qu'il veut. Que ceux qui veulent tenir compte des nouvelles dates en tiennent comptent, que les autres fassent comme il leur semble bon de faire et jeûnent dimanche et lundi». Techniquement, les Algériens sont donc sur un autre timing que l'Arabie Saoudite. Mais ils peuvent toujours suivre le conseil du mufti d'Arabie Saoudite, le cheikh Abdelaziz Ben Abdallah, qui a appelé à ce que le jeûne de l'Achoura se déroule «durant les deux jours du lundi et du mardi».