Algérie

'Si on ne fait pas de bons résultats à la CAN, il ne faudra pas casser l'équipe A '


'Si on ne fait pas de bons résultats à la CAN, il ne faudra pas casser l'équipe A '
De la pression à laquelle il refuse de céder, de sa valeur marchande et des critiques qui ne l'épargnent pas, il a accepté de parler sans tabou. A la veille de la rencontre Algérie-Rwanda, Rabah Saâdane, le sélectionneur le plus critiqué du moment, fait le point.   Contre le Rwanda, les joueurs auront à relever un double défi. Celui de gagner, en marquant le maximum de buts pour avoir un meilleur goal-average dans l'hypothèse d'un classement ex aequo avec l'Egypte' Notre objectif est surtout de gagner les trois points. C'est comme ça que je raisonne en tant que sélectionneur. Commençons par bien jouer. Nous devons être patients, développer un jeu d'attaque bien construit ' l'équipe rwandaise sera difficile à contourner ' et les buts viendront d'eux-mêmes. Mettre la pression sur les joueurs, leur dire : « Les gars, on doit marquer 4 buts », ce n'est pas ma méthode. Au contraire, il faut les libérer.  Imaginons que l'Algérie se qualifie pour la Coupe du monde 2010. Est-il raisonnable d'espérer aller au-delà du premier tour, c'est-à-dire faire mieux que lors des deux précédentes participations ' Je planifie les choses sur toute l'année 2010, mais concrètement, tant que la qualification n'est pas acquise, je ne peux rien prévoir. Nous devons surtout attendre le tirage au sort du 4 décembre pour connaître la composition de notre groupe. Il nous manque des données pour dire dès maintenant jusqu'où nous pourrons aller.  Vous avez bien une petite idée du niveau de votre équipe' Je suis surtout un pragmatique. On est bien placés, mais il faut attendre les résultats des deux prochains matchs. Nous avons le temps'  La qualification pour la Coupe d'Afrique des Nations est acquise. Elle commence en janvier. Comment allez-vous gérer les deux compétitions ' Les matchs de la Coupe d'Afrique serviront-il d'essais pour affiner la sélection des 23 joueurs qui se rendra en Afrique du Sud 'Pour avoir déjà vécu la même situation, je peux vous dire que la CAN est une arme à double tranchant. C'est pour cette raison que je milite pour qu'elle soit organisée une année impaire. Techniquement, c'est excellent, car les matchs de très haut niveau nous permettent une bonne préparation. On peut considérer qu'elle va s'étaler sur un mois, ce qui nous donnera le temps d'affiner notre jeu sur le plan défensif et offensif. Mais j'espère que nos dirigeants ne seront pas trop exigeants et ne mettront pas de pression. Si on fait de bons résultats, c'est bien. Sinon, il ne faudra pas casser l'équipe. A trois mois de la Coupe du monde, cela ne ferait que la déstabiliser.  Vous pensez à votre place d'entraîneur' En Afrique, on a l'habitude de changer les entraîneurs quelques mois à peine avant la Coupe du monde en considérant qu'ils ne sont pas à leur place. Ca dessert l'équipe. On veut aller le plus loin possible, mais il ne faut pas se fixer d'objectifs. Les qualifications pour la Coupe du monde le prouvent : on est partis de rien du tout et nous voilà très proches de l'Afrique du Sud. C'est la même chose pour la CAN. On peut gagner la Coupe d'Afrique comme être éliminés au premier tour. L'expérience du Maroc a montré que c'était possible.  Peut-on imaginer que vous fassiez encore appel à d'autres joueurs pros ' Par exemple Boudebouze ' Je suis pour la stabilité et le maintien du groupe tel qu'il est. Je connais les joueurs, leur technique, leur moral, leur caractère. Mais la saison est longue et on ne sait pas ce qui peut se passer. Après le premier semestre, on peut imaginer un cas exceptionnel ' blessure ou performance remarquable d'un joueur dans un championnat européen. Vous parlez de Boudebouze, mais on suit aussi Feghouli, Karim Benyamina, attaquant en Allemagne. On nous a également parlé d'un jeune en Hollande. On ne l'a pas vu, mais on nous en a dit beaucoup de bien. Nous regardons comment évoluent ces jeunes, car après 2010, c'est sûr, il y aura un renouvellement de l'équipe.  Vous avez déjà qualifié la sélection nationale en Coupe du monde en 1981 avant d'en être écarté. On imagine que réussir à nouveau ce challenge serait pour vous une belle revanche personnelle' Je n'ai pas ce sentiment-là, en tout cas je ne suis pas revenu pour ça, mais pour remettre l'équipe sur les rails, parce que j'aime bien mon pays et mon boulot. Vous savez, j'ai fait mes preuves, que ce soit en Algérie ou à l'étranger. Non pas que je sois sûr de moi mais je suis sûr de mes capacités. Je suis un entraîneur professionnel très exigeant.  Quel regard portez-vous sur le chemin que vous avez parcouru ' Aujourd'hui, on imagine que vos méthodes de management ont évolué'Nos sociétés ont beaucoup évolué, la science et les techniques ont énormément progressé. Mais le football est complexe, et la chose la plus difficile à maîtriser reste la sociométrie de l'équipe, c'est-à-dire sa gestion psychologique. Dans notre équipe par exemple, les joueurs qui viennent de différents horizons, certains parlent plusieurs langues, d'autres uniquement l'arabe, ils veulent tous devenir titulaires' Alors pour l'instant, je considère que le meilleur psychologue reste l'entraîneur et le staff, et que ' sauf pour des cas exceptionnels ' l'équipe n'est pas prête à accueillir un psychologue. En Europe, cette pratique commence à se développer et ça viendra aussi chez nous. Je n'exclus pas de faire appel à un ancien joueur qui pourrait avoir le profil.  Au début de votre carrière, vous aviez presque le même âge que les joueurs. Aujourd'hui, la différence s'est creusée. Vos rapports avec eux ne sont sans doute plus les mêmes' Oui ! Aujourd'hui, j'ai un retour « indirect » de ce qui se passe, car ils se confient plus facilement à des membres du staff du même âge qu'eux et je n'interviens que pour régler les gros problèmes. J'ai en revanche gagné en respect. De manière générale, l'état d'esprit entre joueurs amateurs et professionnels est beaucoup plus positif. Quant à la volonté de gagner, elle est la même que dans les années 1980 !  Au regard de votre parcours, considérez-vous être rémunéré à votre juste valeur ' Ne trouvez-vous pas qu'il y a une rémunération à deux vitesses si on compare la situation des sélectionneurs étrangers ' Je ne vous cache pas que les sélectionneurs nationaux ne sont pas cotés. Ma valeur marchande à l'étranger est trois à quatre fois supérieure. Mais je ne me plains pas. Les salaires ont évolué par rapport au début de ma carrière (où en tant que fonctionnaire, je touchais un complément de salaire de 5000 DA !) et pour l'Algérie, c'est déjà pas mal.  Des rumeurs disent que les pays du Moyen-Orient vous auraient fait d'alléchantes propositions mais que vous auriez refusé' J'ai reçu beaucoup d'offres des pays du Golfe. Mais quand je suis parti du Yémen, j'avais décidé de me stabiliser en Algérie. J'en avais marre de bourlinguer et je voulais me consacrer à ma famille et à mes trois petits-enfants. Mais tout cela reste lié aux résultats. Tant qu'ils sont bons, je reste. Si je dois quitter l'équipe nationale, je repartirais sans doute.  Comme tous les sélectionneurs, vous êtes beaucoup critiqué. Vos détracteurs vous reprochent de manquer de caractère' A un moment, j'étais sensible à ce genre de dénigrements pas objectifs. Aujourd'hui, je n'en fais plus cas, j'ai mûri.  ' Et que vous êtes protégé par le président de la FAF' Je crois avoir assez démontré mes compétence ici et à l'étranger. A toutes ces accusations, je réponds par le travail et les résultats sur le terrain. Les gens peuvent dire ce qu'ils veulent. Que voulez-vous, on ne peut pas échapper aux critiques'Bio express : Rabah Saâdane, 63 ans, est originaire de Batna où il a commencé sa carrière de footballeur. C'est à la JS El Biar qu'il débute celle d'entraîneur en 1975, avant de s'occuper de l'équipe nationale juniors qu'il mena à la Coupe du monde à Tokyo en 1979, de l'équipe nationale seniors qu'il qualifia pour la Coupe d'Afrique des nations en Libye en 1982 puis au Caire en 1986, et pour la Coupe du monde en Espagne en 1982 puis au Mexique en 1986. Entre 1987 et aujourd'hui, il alterne les contrats entre l'Algérie et l'étranger (Arabie Saoudite, Maroc, Tunisie, Emirats arabes unis, Yémen).
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