Algérie

Si nous en sommes là aujourd'hui, c'est faute de réelle prise en charge



Si nous en sommes là aujourd'hui, c'est faute de réelle prise en charge
-Le nombre des enfants victimes de violence a explosé en quelques mois. Comment expliquez-vous cette situation 'Il y a, à l'origine, un cumul de malaise social. Les jeunes couples ont perdu confiance en eux et les enfants payent. En un an, 13 000 enfants acteurs de violences ont été présentés devant le parquet et 7000 victimes et enfants en danger moral ont été signalés. Dans une famille, les problèmes qui s'accumulent finissent par exploser, comme en société.-Depuis près de trois ans, les associations se mobilisent pour faire face à cette violence. Où en sont-elles 'De bonnes choses sont entreprises, comme la révision du code pénal. D'autres dispositifs devraient aussi être pris en charge bientôt dans le cadre de la nouvelle loi sur la protection de l'enfant, qui sera débattue à l'Assemblée populaire nationale. Mais l'absence d'une réelle et efficace prise en charge des auteurs des violences, notamment les mineurs, qui récidivent, reste un grave problème. La répression et la prison ne suffisent plus. Nous devons chercher les causes qui ont poussé un mineur à commettre une violence. Avec ce que nous appliquons pour le moment comme loi ou dispositif, nous ne réussirons jamais à maîtriser la situation. Nous devons chercher d'autres méthodes thérapeutique et préventive.Ces enfants auteurs de crimes étaient dans le passé des victimes. Aujourd'hui, après une mauvaise prise en charge, voilà où nous en sommes. Les enfants sont, malheureusement, témoins de scènes de violence dans lesquelles on ne peut pas s'ingérer car les parents refusent. Par exemple, des familles laissent leurs enfants exposés à des sites pornographiques, les nouvelles technologies n'étant pas contrôlées. Les enfants et les adolescents sont trop souvent exposés à des films violents et ils cherchent toujours à reproduire les mêmes scènes dans la vie réelle. De même, nous ne pouvons pas contrôler facilement la vie d'une enfant dont la maman se prostitue ou dont le papa fait du trafic de drogue. Nous avons enregistré, par exemple, le cas d'une adolescente de 14 ans que la mère encourage à se prostituer. La violence sexuelle est statistiquement classée la première des violences. Sans prise en charge, les victimes deviennent des auteurs et les auteurs deviennent des professionnels.-Certains psychologues affirment que cette violence est le résultat d'une décennie de terrorisme. Exposés à une extrême violence, les adolescents d'hier sont devenus parents...Nous ne pouvons pas tout mettre sur le dos des années de terrorisme. Les parents sont dépassés par les contraintes de la vie quotidienne, le chômage, les conflits familiaux, etc. Après une violence, l'auteur et la victime font face à la police et la justice, alors qu'il faudrait réparer et trouver une thérapie familiale. Je dénonce l'absence d'institution de veille qui répare la personnalité de la victime et de l'auteur. Pour stopper la violence, il faut aussi investir dans les loisirs. Il n'y a aucune communication sociale, ni travail de prévention.Si l'enfant entre dans un processus judiciaire, il devient irrécupérable. Il ne suffit pas d'aider financièrement les jeunes à monter leur entreprise. Si des mécanismes sociaux ne sont pas lancés, cela ne sert à rien. Il n'y a plus de métiers sociaux : les avocats et les psychologues n'arrivent pas à absorber et à maîtriser, à eux seuls, cette situation. Il nous manque, par exemple, le travail d'auxiliaire de vie, d'animateur de rue, d'éducateur social et d'assistante sociale. Il faut revoir le programme de formation pour réorganiser l'intérieur des institutions publiques censées accueillir des enfants victimes ou auteurs de violences.




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