Algérie

"Si le régime se maintient, l'abrogation du code de la famille ne changera rien"



à la veille de la Journée internationale de la femme qui coïncide avec le 8 mars, un rassemblement des femmes a été organisé, hier, à l'initiative de l'association Assirem n'yellis n'Djardjer, sur la place de l'ex-APC de Tizi Ouzou.Ce rassemblement qui a réuni autant de femmes que d'hommes, venus témoigner leur soutien à la cause féministe, a été l'occasion de rendre hommage à Nabila Djahnine et à Katia Bengana, deux figures de la résistance féminine, assassinées par les hordes islamistes, et de dénoncer la ségrégation dont les femmes continuent à être l'objet. Intervenant à l'occasion, Maître Lila Hadj Arab a, d'emblée, expliqué que "la discrimination dont la femme algérienne continue, encore aujourd'hui, à être victime, n'est pas le fait de l'homme, mais de la nature du régime algérien qui s'est construit sur la base de la pensée discriminatoire et qui a bâti toute sa stratégie sur la division, la ségrégation et la distinction". "Le pouvoir a toujours construit la société autour des différences, des différences qu'il a accentuées entre les composantes culturelles, entre les groupes sociaux, entre les corporations et toutes les franges de la société pour qu'il soit toujours maître à bord, pour qu'il soit, l'arbitre, le juge et le régulateur de la société. C'est ce qu'il a fait même entre l'homme et la femme à travers un code de la famille qui constitue la cerise sur le gâteau de la pensée unique qui n'a jamais accepté que l'Algérien soit un citoyen à part entière mais juste un sujet à mettre une enveloppe dans l'urne lorsque le régime le veut", a-t-elle rappelé non sans estimer que "si ce même régime se maintient, on aura beau abroger le code de la famille, ce ne seront que des liftings qui maintiendront le citoyen en général, et la femme en particulier, dans la même situation et la même vision archaïque de la femme et du citoyen". Pour cette avocate, un véritable changement de statut de la femme ne peut, ainsi, avoir lieu qu'avec un changement de régime et le passage à un Etat démocratique qui permettra d'ouvrir le grand débat sur la citoyenneté sans distinction et différenciation de sexe.
"L'abrogation du code de la famille, à lui seul, ne réglera rien, car cela va de soi avec l'école et la qualité de l'enseignement", a-t-elle ajouté tout en considérant que c'est pour cela justement que le combat d'aujourd'hui doit être à la fois celui des femmes et des hommes. "Le combat que nous devons mener aujourd'hui tous ensemble est un combat pour la citoyenneté, un combat contre les différences et les injustices", a-t-elle plaidé soulignant qu'au Maroc, en Tunisie et ailleurs, "tout le monde a évolué avec la définition de la citoyenneté sauf en Algérie où, de 1984 à 2008, les amendements apportés n'ont rien changé puisqu'ils restent minimes et insignifiants".
Pour sa part, Me Nacira Hadouche a estimé que la révolution populaire en cours est justement l'espace idoine pour imposer un nouveau projet de société bâti sur le respect des droits de tout le monde dont ceux de la femme. "Ce nouveau projet de société doit mettre fin au code de la famille actuel qui est construit sur de pures injustices car non seulement il confine la femme dans un statut de mineure mais aussi la prive de la parole et de sa participation à la vie publique", a-t-elle expliqué.

Samir LESLOUS


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