Algérie

Si l'Afrique veut...



La Commission africaine de l'énergie (AFREC) va entrer officiellement en activité aujourd'hui à Alger. Elle avait besoin d'une quinzaine de ratifications, elle en a eu 23, signe que les pays africains ont saisi l'intérêt de créer un cadre de concertation et de réflexion commun. Il y avait, en effet, un paradoxe pour un continent devenu pour ses ressources énergétiques et minières l'enjeu d'une compétition féroce, de ne pas disposer d'un tel instrument. Car il y a des choses à faire entre Africains pour valoriser les ressources au mieux de leurs intérêts plutôt que de compter les coups des autres. L'enjeu est considérable. La tournée du président américain en Afrique est un élément de cette bataille planétaire pour les ressources qui se déroule en Afrique. Les pays africains ne peuvent plus se contenter d'écouter, non sans agacement d'ailleurs, des discours «amicaux» qui viennent d'ailleurs sur la meilleure manière d'exploiter leurs ressources. Cela fait maintenant quelques années que le thème, ridicule pour de nombreux Africains, de la «sinisation» du continent fait partie du discours occidental. On vient de lui ajouter récemment celui de la «russification»: Gazprom ayant approché le Nigéria pour d'éventuels investissements dans le secteur gazier, cela a suscité une salve médiatique européenne sur le thème du grand méchant russe «qui nous encercle». Pourtant, les grandes entreprises occidentales restent dominantes dans le secteur énergétique en Afrique. L'arrivée des Chinois - et peut-être des Russes - ne chamboule pas encore la situation mais crée les conditions d'une vraie concurrence. Dans ce domaine, il n'y a pas à avoir de complexe: «sinisation» ou «russification» n'est pas plus grave qu'une européanisation ou une américanisation. Ce qui compte, c'est l'intérêt bien compris des pays africains et de leurs économies. Une «africanisation», ce serait encore mieux ! Certes, les pays africains ne peuvent se passer de l'apport financier et technique étranger pour mettre en valeur leurs ressources, mais les choses peuvent changer. Comme dans le cas du Nigéria et de l'Algérie qui projettent un mégaprojet de gazoduc, le «Trans-Saharan Gas-Pipeline» (TSGP), d'un montant supérieur à 10 milliards de dollars, qui devrait permettre en 2015 d'acheminer de 20 à 30 milliards de m3 de gaz naturel du Nigéria vers l'Europe via le Niger et l'Algérie. Ce partenariat peut servir de modèle pour le reste de l'Afrique. Chacun des pays concernés en tire bénéfice. Les pays africains peuvent développer une coopération forte dans le domaine énergétique, pour peu qu'ils cessent de chercher les solutions de l'extérieur uniquement. Il faut surtout le vouloir. L'AFREC peut servir de cadre où mûriront les synergies nécessaires. C'est pour cela qu'il faut espérer que cela ne soit pas une de ces commissions alibis qui fait vivre des bureaucrates mais en ne servant à rien.
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