Algérie

Si jeunes et déjà femmes !


C'est un nouveau phénomène. Dans la rue, on en croise de plus en plus. Des traits juvéniles et pourtant déjà femmes par leur mise et leur accoutrement. A peine sorties de l'enfance, ces adolescentes adoptent les gestes de coquetterie.A 10-12 ans, elles se colorent les cheveux, s'épilent les sourcils, se maquillent, portent des talons. Pressées de grandir, ces lolitas basculent rapidement vers le statut d'adulte. Pourtant, il n'y a pas si longtemps, ces filles jouaient encore à la poupée.
Une hypersexualisation des fillettes qui laisse dubitatif. Quel regard leurs parents portent-ils sur ses métamorphoses ' Pour ou contre ' Témoignages.
Nacéra, 43 ans
«Nos enfants subissent l'influence de la télévision. Ma fille de 12 ans a voulu jouer aux grandes. Elle s'est mise à me piquer mon maquillage pour se faire belle. A mon insu, elle a été chez la coiffeuse pour se faire des mèches et un soin kératine. J'étais furieuse de constater qu'à 12 ans à peine, elle brûlait les étapes. Désormais, je fais une ?'visite'' d'inspection à chaque fois qu'elle part au collège. Ce n'est pas gagné d'avance. J'ai découvert un bâton de rouge à lèvre et une palette de fards à paupière dans son cartable. Je ne veux pas que ma fille attire les regards des prédateurs dans la rue. Elle a tout le temps pour être féminine, mais visiblement, elle est pressée de basculer vers l'âge adulte.»

Ikram, 14 ans
«Même si je suis en pleine période d'adolescence, j'aime avoir l'air d'une femme. Je ne mets jamais de jeans et des basket et préfère soigner ma mise, à l'inverse de mes camarades. Ma blouse de collégienne reste sagement dans mon cartable jusqu'au portail de l'établissement. Je veux ressembler à ma mère. Elle est élégante et toujours bien mise. Je ne supporte pas d'avoir une mèche de travers ou le teint brouillé. Je ne mets jamais un pied dehors sans me maquiller.
Ces gestes, je les ai hérités de ma mère, un modèle de féminité pour moi. Je n'abuse pas des artifices. J'ai la main légère sur le maquillage, mais je le fais quand même pour avoir bonne mine. Je ne fais pas cela derrière le dos de mes parents. D'ailleurs, mon père en rit et ma mère m'encourage à avoir l'allure d'une femme, même si je n'ai que 14 ans.»
Meriem, 48 ans
«Je suis consternée par toutes ces jeunes filles que l'on croise dans la rue. Elles sont coiffées, apprêtées, habillées, maquillées comme des femmes alors qu'elles suçaient encore leur pouce il n'y a pas si longtemps. J'ai deux filles âgées respectivement de 17 et 20 ans. Je leur interdit formellement de se maquiller en dehors des cérémonies de mariage. Je pense qu'il n'est pas bon de griller les étapes. Dans le temps, les filles ne savaient pas ce qu'était un trait de khôl avant le jour de leur noce. On les découvrait alors parées d'une grande beauté. Aujourd'hui, les filles se maquillent de plus en plus jeunes. Il n'y a aucune différence entre une femme de 40 ans et une adolescente de 13 ans. Ces bourgeons de demoiselles abîment leurs peaux et leurs cheveux avec des produits chimiques. Eye liner, rouge à lèvres, gloss, fard à joue, fond de teint, mèches, coloration, kératine, botox... A 12-13 ans, elles ont déjà tout essayé. Elles fréquentent les salons de coiffure et les instituts de beauté, sont accros au maquillage libanais et aux colorations flashy. Que feront-elles quand elles auront 20 ou 30 ans ' Je condamne fermement ces comportements et ne comprends pas l'attitude ??je-m'en-foutiste'' de certains parents. A mes yeux, c'est une part d'innocence qui s'envole avec ces gestes trop prématurés et hypersexualisés.»
Sihem, 27 ans
«Je suis célibataire et toujours surprise de voir une adolescente trop maquillée. Il y a quelque chose qui cloche. Comme un décalage. Comme une transgression. Une collégienne avec une tonne de maquillage sur le visage, des talons vertigineux et des habits de femme attire forcément des regards masculins malsains. Lorsque j'étais petite, j'aimais me maquiller, me parfumer et porter les talons de ma mère, mais strictement pour jouer. Jamais à l'extérieur. J'évoque surtout le problème de la santé. Commencer très jeune à exposer sa chevelure et sa peau à toutes ces teintures et produits corrosifs n'est pas recommandé. Pour le reste, c'est aux parents de trancher. Ils sont responsables de l'éducation qu'ils veulent donner à leurs enfants.» Paupières charbonneuses, cheveux teints et lèvres colorées, ces lolitas sont pressées de grandir. A 12 ans, elles rassemblent déjà à des femmes. Un phénomène de plus en plus visible dans les grandes villes.
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