Algérie

Sévère réquisitoire contre Tahkout, Ouyahia et Sellal



Avant de prononcer ses lourdes demandes dans le procès en appel de Mahieddine Tahkout, le procureur général près la cour d'Alger a relevé les irrégularités ayant caractérisé les marchés remportés par le principal accusé et les indus avantages dont il a bénéficié.Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Le procureur général a, en effet, dressé un constat terrible sur l'évolution des affaires de Tahkout et de ses sociétés, relevant les pratiques déloyales de l'homme et des anciens hauts responsables de l'Etat, concernés par l'affaire et poursuivis pour des faits liés à la corruption. Il a requis une lourde peine de 18 années de prison ferme à l'encontre de l'homme d'affaires Mahieddine Tahkout, assortie d'une amende de 8 millions de dinars et la confiscation de tous ses biens à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Le procureur a demandé une peine de 12 années de prison ferme à l'encontre des ex-Premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal et une amende de 3 millions de dinars chacun. Le procureur général a également requis une peine de 10 ans de prison ferme et 1 million de dinars d'amende à l'encontre des trois anciens ministres poursuivis dans la même affaire, à savoir Youcef Yousfi, Amar Ghoul et Abdelghani Zaâlane.
Le procureur général a requis aussi de lourdes peines contre les membres de la famille Tahkout, à savoir Rachid, Hamid, Nacer et Bilal. Il a demandé 8 ans de prison ferme à leur encontre, une amende de 8 millions de dinars contre chacun et la confiscation des biens des accusés.
Il a requis une peine de 6 ans de prison ferme contre l'ancien wali de Skikda, Faouzi Belhocine, et une peine de 3 ans de prison ferme à l'encontre des cadres du ministère de l'Industrie, Abdelkrim Mustapha et Terra Amine, et l'ancien directeur des domaines de la wilaya d'Alger, Saleh Boualleg. Une peine de 2 ans de prison ferme assortie d'un million de dinars a été requise à l'encontre des autres accusés.
Le procureur général a requis, en outre, une amende de 32 millions de dinars à l'encontre des personnes morales, avec saisie de tous les biens à l'intérieur et à l'extérieur du pays et la confiscation des comptes bancaires. Avant de prononcer ce réquisitoire, le procureur général a relevé les irrégularités ayant marqué les marchés obtenus par les sociétés de Tahkout, les indus avantages dont il a bénéficié et les préjudices subis par l'Etat. Ainsi en est-il des contrats avec l'Etusa, avec en plus, le non-respect des engagements contractuels, et avec les ?uvres universitaires au niveau de 12 wilayas du pays. Selon le procureur, les cahiers des charges étaient élaborés sur mesure de manière à favoriser Tahkout, ce qui avait créé des situations de monopoles sur les marchés et sur le marché par la suite. «Les responsables subissent des pressions pour signer les contrats et celui qui refuse se verra signifier la fin de ses fonctions», a ajouté le représentant du parquet. Il a qualifié l'unité de montage de véhicules de TMC Tahkout d'unité de «gonflage de pneus», pointant du doigt un siphonnage des devises du pays.
Contrairement aux affirmations du principal accusé lors de son audition, le procureur a affirmé que Tahkout a bel et bien des biens et des sociétés à l'étranger, notamment en France, demandant leur confiscation. Il a aussi démenti les propos de Tahkout relatifs à l'auto-financement de ses projets, faisant savoir que plusieurs projets avaient mobilisé des crédits bancaires. Selon lui, Tahkout a porté préjudice au Trésor public. La Sarl TMC a provoqué des pertes de plus de 9,5 milliards de dinars alors que le projet de Suzuki a engendré une perte évaluée à plus de 820 000 dollars. Cela sans compter les pertes occasionnées par les privilèges et les avantages fiscaux ainsi que les montants en devises transférés à l'étranger.
Mercredi dernier, le représentant du Trésor public, Me Zakaria Dahlouk, qui intervenait à la fin des auditions des accusés, a réclamé 309 milliards de dinars à Mahieddine Tahkout et sa famille, à titre de dommages et intérêts.
Après le sévère réquisitoire du représentant du parquet, la parole est cédée aux avocats de la défense pour plaider la cause de leurs clients. Premiers à ouvrir les plaidoiries, les avocats de Youcef Yousfi ont demandé l'acquittement de l'ancien ministre.
K. A.


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