Seuls mes rêves ont de ses nouvelles

NOTE de la maison d’édition :
Reproduction de la préface de Marie-Rose Paoli qui illustre parfaitement l’oeuvre de KALIAM ainsi que deux de ses poèmes.
Je pourrais passer des heures entières à vous dire combien me bouleverse l'écriture de Kaliam...
Lire Kaliam, c'est comme entrer en poésie, avec une foi inébranlable et un enchantement perpétuel.
Kaliam, c'est la poésie faite femme. Celle qui sait se faire l'écho de toutes les femmes, entre bonheur et douleur, sans concession ni parti pris.
Lire Kaliam, c'est accéder à la quintessence même d'une âme profonde et authentique qui s'attache à saisir l'imperceptible et l'essentiel de la vie.
C'est partir à la rencontre d'une vraie poétesse, tour à tour émouvante et surprenante, mystérieuse et fascinante, voluptueuse et mélancolique dont le maître mot demeure authenticité.
C'est se laisser bercer par une écriture passionnée et ciselée qui aime emprunter les sentiers de l'amour et de la séduction mais qui devient plus alerte et incisive si elle s'engage sur ceux de la souffrance, de l'injustice ou de la trahison.
C'est savourer la beauté et la musicalité de ses métaphores, plonger dans les couleurs et les odeurs de son univers extraordinaire, ressentir les mille et unes émotions qui jalonnent ses poèmes.
Mais lire Kaliam, c'est aussi redécouvrir ou découvrir avec un plaisir décuplé la beauté et la musicalité de l'alexandrin si souvent décrié et méconnu. Sous sa plume talentueuse et maîtrisée, la poésie versifiée retrouve ses lettres de noblesse et accède enfin à un statut contemporain.
Je pourrais, je vous l'ai dit, passer des heures entières, à vous parler de cette poétesse hors du commun mais je préfère vous laisser pénétrer doucement dans son antre et prendre à votre tour les chemins de mots qu'elle a tracés pour nous, pour vous, pour que nous puissions un jour, tout simplement, apercevoir au loin de nouveaux horizons...
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Promenade canine
Demain je sortirai pour promener mon âme
Comme on promène un chien qui veut se défouler.
Je la tiendrai en laisse sur le gris macadam
De peur qu'elle ne se sauve, elle me l'a déjà fait…
Elle me racontera comment il l'a séduite
En prince d'Aquitaine, ce menteur déguisé
Et comment le courage avec lui prit la fuite
Pour laisser place nette à l'intime lâcheté.
A chaque coin de rue, elle retiendra ses larmes
Pour m'épargner, sans doute, femme désenchantée
Elle contera combien l'illusion a du charme,
Lorsqu'elle sort de la bouche d'un homme vénéré.
Demain je sortirai pour libérer mon coeur
Comme on libère un chien trop longtemps attaché
Je soignerai ses plaies, écarterai rancoeur,
Vengeance, représailles et toutes inimitiés.
Il me racontera avec quelle élégance
Ce prince sans royaume lui a fait avaler
Promesses et doux serments, romance et confidence
Un château en Espagne effondré, renversé.
A chaque coin de rue il retiendra ses heurts
Et ne chantera plus au rythme de l'aimé.
Cerné de barricades, se taira sans un pleur
Car un coeur sans amour, pour qui peut-il cogner ?
Demain je sortirai pour décrasser mon corps
Comme on décrasse un chien qu'on avait égaré
Je laverai sa robe des caresses du Mentor
Ses baisers tatoués, je les effacerai.
Il me racontera les délices et plaisirs
Qu'un prince déshérité lui a fait retrouver
Pour ensuite remplacer désir par des ires,
Qui lacèrent la chair de dagues aiguisées.
A chaque coin de rue il retiendra le miel
Que les peaux écorchées pourraient laisser couler :
Averse couleur carmin, couleur pourpre ou vermeil
Le sang qui brûle en moi ne peut que m'embraser !
Demain je sortirai de ce Moi qui me pèse
Comme on sort d'un endroit qui vous a dominé
Je me dirigerai tout droit vers la falaise
Hors de Lui je serai la lame libérée !