Algérie

«Seul Dieu peut me juger»


J’ai bénéficié d’un local commercial dans le cadre de l’opération des«100 Locaux commerciaux» pour chaque commune, décidée par le président Bouteflika. J’ai introduit une demande de prêt bancaire pour ouvrir une pizzéria et je suis dans l’attente d’une réponse depuis deux mois. Pendant ce temps-là, mon local me sert d’habitation. Le jour de l’arrestation, j’étais au balcon en train de siroter mon café et de fumer avec quatre amis, quand subitement, des policiers ont débarqué pour nous arrêter. Ils ont foncé dans mon local et ont trouvé un barbecue utilisé la veille. Les policiers m’ont menotté comme un vulgaire délinquant. Une fois arrivés au commissariat, ils ont tenté de me faire signer un procès-verbal plein de mensonges. Ils voulaient me faire dire que je servais des repas pendant le Ramadhan. Bien évidemment, j’ai refusé de signer. Ils m’ont aussi accusé d’être en possession d’armes blanches alors qu’il ne s’agit en fait que de deux couteaux de cuisine. Enfin, les policiers et la presse ont parlé de la présence d’une fille parmi nous. Je ne dérange personne Je vous le dis, il n’y en avait aucune ! J’ai passé la nuit dans la cellule et le lendemain, j’ai été présenté devant le procureur de la République. Le procureur m’a demandé si je servais des repas aux autres. Ma réponse fut tout simplement «non». Car mon local était fermé. Sauf que parfois, il m’arrive de préparer à manger, mais uniquement pour moi ou des amis qui me rendent visite. Le procureur a donc décidé de me placer en détention préventive pour atteinte aux préceptes de l’Islam, car je suis un repris de justice. Là encore, il y a à dire. J’ai été arrêté au cours des événements du Printemps noir, pour coups et blessures sur une fille que je n’ai jamais vue. J’ai donc tout de même passé quatorze mois en prison pour un crime que je n’ai jamais commis. A la prison, où j’ai passé neuf jours, les autres détenus ont voulu m’obliger à jeûner, mais je n’ai pas pu résister, alors je mangeais et fumais devant tout le monde. Moi, je ne fais pas le carême, je l’assume devant Dieu, mais je ne dérange personne. Chez moi, je ne peux pas manger par respect pour mes parents, donc mon local me le permet. Seul Dieu est en mesure de me juger et ce n’est pas aux policiers, ni aux juges de le faire.
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