? S'il n'est plus, il restera tout de même dans les annales glorieuses de cette page si historique d'un mardi sanglant et criminel d'un certain 08 mai 1945.C'est une triste vérité de le dire clairement. Il est parti dans un grand silence. Venant de tirer sa révérence à 93 ans dans une totale obscurité environnementale, c'est comme s'il est mort depuis longtemps. Il ne sort plus, il n'est plus l'invité en prime des émissions médiatiques à chaque commémoration de ces tragiques et douloureux « événements » du printemps sétifien 1945. On le zappe. Il était pour nous, enfants dès l'indépendance le symbole, presque l'icône de cette insurrection. La fondation dite du 08 Mai, devenue coquille vide depuis la disparition de Boumaaza et de Boukhrissa, s'est recroquevillée dans un cachet, un cartable, une seule personne et des repas. Cette fondation pourtant à vocation nationale s'est transmutée en une succursale de quartier n'officiant qu'à côté de la wilaya.
C'est à elle qu'aurait été dévolu le devoir de présenter tous les honneurs à cet homme et s'abstenir d'éclipser les quelques noms restants pour le seul but de se faire apparaître, seule et exclusive. Nonobstant cette défection, Si Lakhdar Taarabit a eu droit à une oraison funèbre pieusement prononcée par un autre grand monsieur du mouvement national, Cheikh Bouzid Gharzouli , ancien maire de Sétif, ancien détenu à Lambèse. Il a fait savoir à l'assistance, non sans pincement de c?ur, tout le long parcours du défunt, depuis son jeune âge, son élan progressiste, son ardeur patriotique, son adhésion à tous les courants politiques prônant la libération de l'Algérie, du PPA au FLN.
Son enterrement n'aurait été qu'un rassemblement familial, s'il n'y avait pas ses compagnons de lutte et quelques citadins. Au moment où le wali de Sétif et d'autres autorités étaient présents dans ce cimetière, le maire de la ville, les élus communaux de cette même ville que celle du défunt ont fait défaut. Deux élus nationaux, enfants de la ville ont marqué leur présence au moment où les autres, soit 19, auraient autre affaire. Même le tout fraîchement élu sénateur n'a pas cru bon venir inaugurer son premier protocole funéraire. Oui, c'est un peu baroque, qu'au lieu de méditer et d'intensifier ses implorations l'on fait dans le comptage de l'assistance. C'est dire que le décès de ce grand monsieur, l'un des derniers moudjahidine et précurseurs du 08 mai 1945, traduit une certaine insouciance qui commence à s'installer p'tit à p'tit dans le compartiment de l'amnésie.
Heureusement que l'Etat, représenté par le wali demeure toujours là, vigilant à ne pas laisser s'éteindre la flamme d'un nationalisme en perte d'audience. Dans le cimetière, il n'y avait pas de jeunes, ni ces représentants foisonnant la société dite civile, ni encore ceux qui prétendent être les notables de la ville. Ainsi, il y a des enterrements profitables et d'autres charitables. Les funérailles comptent également s'inscrire dans un registre de mondanité, loin de toute foi ou compassion.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 05/01/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : El Yazid Dib
Source : www.lequotidien-oran.com