Algérie

Sétif La pomme de terre dans tous ses états


Avec sa capacitémoyenne de production évaluée à quelque 100 mille tonnes de pomme de terre paran, le centre national de développement de l'agriculture (CNDA), sis dans lacommune de Guellal, à 20 km du chef-lieu de la wilaya de Sétif, est capable, àlui seul, de couvrir pratiquement 50% des besoins en pomme de terre du marchénational, selon l'expertise orchestrée par un spécialiste belge de renomméeinternationale.Le CNDA,organisme unique en Algérie de par sa vocation, a repris dans le domaine dudéveloppement des semences de la pomme de terre, en 2001, année de la réceptiondes super serres en verre pour l'expérimentation et la culture, espaces vitauxpour cette branche d'activités et dont la réalisation avait été confiée à desexperts canadiens. La même année le centre se trouve doté de deux laboratoiresmodernes équipés de moyens issus de la dernière technologie et spécialisésrespectivement dans la production et le contrôle sanitaire.Sur l'ensemble deson patrimoine foncier, le CNDA consacre 400 ha pour la production de semencesde pomme de terre; partant des vitro plants jusqu'aux générations G0 G1 G2suivant des techniques et procédés modernes dictés par les normes mondiales.Selon l'étudemenée par l'expert belge, la capacité réelle théorique normale de production depomme de terre est de 100 mille tonnes, c'est-à-dire pratiquement la moitié desbesoins du marché national, cependant le niveau de production réelle demeurebien au-dessous du cap des 60 tonnes.Interrogés sur laquestion, les spécialistes du CNDA expliqueront que la problématique pour cequi est du cas de la pomme de terre tient à une double considération: l'unepurement technique liée, entre autres, au manque de surfaces agricolesadéquates pour la culture de la pomme de terre et surtout à un insecte ravageurnommé puceron qui continue de causer des pertes énormes à la semence originellesans avoir à endurer la moindre lutte à défaut de moyens pour les fellahs.L'autre considération est d'ordre plutôt politique.Dans ce contexte,nous dit-on, il reste indéchiffrable que l'autorisation d'importation deshuiles minérales nécessaires pour la lutte contre l'insecte ravageur n'a étéaccordée à aucune partie y compris le CNDA qui a déposé son dossier en bonne etdue forme auprès des autorités compétentes. Du côté du ministère de l'Agriculture, parvoix de son chargé de communication, l'on satellise cette interdictiond'importation au défaut d'enregistrement officiel de ces huiles au niveau del'administration concernée. Un argument, d'ailleurs, vivement critiqué par lesspécialistes de l'agriculture qui eux estiment qu'au-delà de la simplicité dela procédure d'enregistrement de ces huiles, vu leurs caractéristiques etspécificités mondialement connues, l'augmentation du taux d'importation de lapomme de terre, hors semence, engrais et produits de protection sanitairedémontre, à eux seuls, qu'il existe des cercles influents qui protègent pour nepas dire parrainent les barons de la pomme de terre en Algérie.Une certitude quene nie en rien le spécialiste belge qui explique par la logique des chiffres etde théories vérifiables que l'importation des huiles et pesticides coûtera àl'Algérie l'équivalent du 1/15 de la facture d'importation de la pomme de terrede consommation. «En outre, explique le spécialiste, il y a le problème de lamentalité qui prédomine, désormais, chez la classe des fellahs de la région desHauts Plateaux. En effet, ceux-ci et suivant les données d'une analyse faitesur des statistiques empiriques, 99,58% utilisent des semences hors saison, parsouci de gain facile» et d'enchaîner «la semence de la pomme de terre estsoumise à des transformations par générations commençant par l'étape du vitroplant aux étapes G0, G1, G2 et enfin la phase super élite à laquelle la semenceest vendue au fellah qui la transformera en semence type Elite qui est lasemence qui donnera la pomme de terre de classes A et B propres à laconsommation. Mais en réalité les agriculteurs préfèrentcommercialiser la pomme de classe E (élite), c'est-à-dire des semences. End'autres termes, les habitants des Hauts Plateaux consomment, bon gré, mal gré,de la semence et non pas le fruit». Techniquement entre les classes E et A, Bil existe trois étapes, à chaque étape la production est multipliée par 5 à 60DA le kg de la semence «consommable». La classe E, sur un hectare est supposéeproduire 300 tonnes, le fellah assure une bagatelle de 18 millions de DA, enrevanche celui-ci et au prix de 20 DA aurait gagné, en respectant les étapes,90 millions de DA soit 5 fois la recette de la vente de la semence E. C'estdire que notre fellah reste moins convaincu par l'esprit d'investissement dansla terre que par celui de l'opportunisme agricole. Sur l'ensemble des fellahsspécialisés dans la pomme de terre, interrogés sur leurs relations avec lecentre de Guellal, aucun ne révéla être au courant même de son existence. Leplus bizarre ou peut-être le plus ironique demeure le fait que le président dela Chambre nationale d'Agriculture déclare que le CNDA, sis à Guellal, est enarrêt et que l'Algérie ne produit guère les semences de pomme de terre!A ce propos uncadre du CNDA nous dira «il est plus facile d'enterrer par le verbe notreorganisme, que d'avoir à reconnaître que l'Etat est incapable de lutter contreun insecte».
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