Algérie

Sétif: L'extension urbaine «bouffe» les terres agricoles


L'agriculture périurbaine, qui enregistre une baisse de plus en plus sensible, à Sétif, laquelle est principalement tournée vers les productions spécialisées (céréales, élevage), garde néanmoins une place importante. Son importance économique et sociale se mesure à l'ampleur de ses surfaces, aux effectifs de la main-d'oeuvre et à la valeur des productions. Elle occupe 75 % du territoire de la commune, ses systèmes de production s'organisent habituellement autour des contraintes climatiques. Mais la croissance urbaine récente, rapide et diffuse bouleverse ses structures traditionnelles; elle subit de nombreux inconvénients de son voisinage urbain et éprouve de multiples difficultés de fonctionnement (vandalisme des cultures, conflits de voisinage souvent liés à des problèmes environnementaux tels que la dégradation de matériels, la destruction des réseaux d'irrigation, le pâturage illicite, etc.). La conversion des terres agricoles, généralement de grande qualité, en terres non agricoles, est principalement le résultat du développement urbain aux dépens de l'agriculture. Les besoins en foncier pour répondre à la demande socio-économique urbaine ont rendu bien difficile l'exercice de l'activité agricole et ont conduit à un recul de l'agriculture dans les zones périurbaines. Le paysage rural n'est pas reconnu par la ville comme infrastructure essentielle. La planification urbaine reste peu efficace en matière de protection du foncier agricole. Paradoxalement, les dispositifs juridiques de protection existent, mais ils ne sont pas mis en oeuvre. Une étude a permis de dégager quatre éléments principaux: les difficultés rencontrées par l'agriculture périurbaine, la situation complexe de son foncier agricole, la forte pression urbaine et ses conséquences, et la nécessité de définir la place de l'agriculture périurbaine dans le projet du développement durable de la ville. L'analyse du cumul de la production agricole en l'espace de trois ans démontre dans l'ensemble la faible différenciation de l'agriculture périurbaine de celle des zones rurales tant en termes de systèmes de production qu'en commercialisation. La sole des cultures herbacées se compose essentiellement de céréales d'hiver, de cultures maraîchères et de fourrages artificiels. Cette agriculture a beaucoup évolué: de 1985 à 2008, la sole céréalière est passée de 75,6 à 91,5 %, celle des cultures maraîchères de 1,6 à 2,3 %. Par contre, une chute importante est enregistrée dans la sole fourragère, qui passe de 22 à 6,9 %, et les légumes secs ont disparu totalement du paysage agricole périurbain de la ville à partir de 1987. Le développement du maraîchage est étroitement lié, dans ce contexte climatique, aux disponibilités en eau; l'aménagement récent de la station d'épuration est ainsi un facteur favorable à cette évolution. Selon les spécialistes, l'obstacle principal qui gêne l'essor de l'agriculture demeure de toute évidence le détournement des terres agricoles de leur vocation initiale; le changement de classification foncière d'agricole en urbaine, ce qui permet l'utilisation de nombreuses parcelles de terres agricoles à d'autres usages non agricoles et l'implantation sans contrôle de projets économiques (unités de fabrication de matériaux de construction, commerce, etc.). Les terres les plus concernées par l'urbanisation sont surtout celles du domaine privé de l'Etat, exploitées par les EAC et EAI. De plus, avec la libéralisation, il n'y a plus de procédure autoritaire d'expropriation sur les terres privées depuis la fin des années 1990; celles-ci sont plutôt soumises à une forte spéculation foncière qui propose des prix alléchants pour les propriétaires des terres agricoles situées dans la zone de constructibilité probable, notamment à proximité des axes routiers et des espaces déjà bâtis. Il en résulte un émiettement des terres cultivées, générateur de l'abandon fréquent des terres. Sétif connaît un rythme d'urbanisation soutenu et régulier depuis plusieurs décennies: plus de 5.000 habitants par an (URBASE). Cette croissance est due à la mise en place des structures industrielles et économiques, génératrices d'emplois, qui ont donc engendré un exode rural vers le centre-ville et les cités satellites (Chouf El-Keddad, Cheikh El-Aïfa, Aïn Trick, etc.). De manière générale, l'expansion urbaine devrait continuer. Aussi le besoin en foncier de la ville, durant les 25 prochaines années, est estimé par les services de l'urbanisme à 1.600 ha dont 60 % au moins devraient provenir de l'espace agricole (URBASE). Le rythme annuel moyen prévu, de 64 ha par an, est cependant plus faible que la moyenne actuelle; le prélèvement portera globalement sur 1.000 ha, soit une réduction de près de 12 % de l'espace agricole. Ainsi, en plus des 300 ha de la cité satellite de Gaoua (l'agglomération secondaire) prévus par le Plan de développement et d'aménagement urbain (PDAU) de 1997 et des 110 ha du nouveau pôle de l'université Ferhat Abbas, les projections nouvelles prévoient une extension urbaine de 1.300 ha au niveau de l'agglomération chef et de 327 ha dans les cités satellites. L'analyse comparée du Plan directeur d'aménagement et d'urbanisme (PDAU) de la commune de Sétif de 1997 avec la version révisée en 2002 révèle des situations contradictoires. Si le premier plan a montré une certaine volonté de préservation du foncier agricole, le second ne confirme pas cette politique de préservation. De plus, les services agricoles émettent de fortes réserves sur ce second plan au regard de la superficie agricole qui y sera transférée à d'autres usages.
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